Editorial de Michel Le Bris

30 juin 2006.
 

Saint Malo du monde entier

Dix ans... Pour nous tous, c’était hier à peine. Et pourtant, quelle aventure ! Et tellement de souvenirs, de rencontres, de mo-ments inoubliables - jusque tard dans la nuit, souvent, autour d’un verre, et même de plusieurs... Avec cette fierté de pouvoir relire aujourd’hui l’éditorial de la première édition et de se dire que nous avons tenu le cap : « pour une littérature voyageuse, aventureuse, ouverte sur le monde, soucieuse de le dire. » En appelant à soi, di-sais-je alors, tous les petits enfants de Stevenson et de Conrad de par le monde... Pari tenu.

Grâce à tous les écrivains qui se sont retrouvés autour de cette idée, de ce désir d’une littérature de plein vent. Et qui tous ont répondu à notre invitation de célébrer comme il se doit ces dix années, mes complices, depuis le début : Alvaro Mutis, Francisco Coloane, Luis Sepulveda, James Crumley, Jim Harrison, les écrivains du Montana, les écrivains indiens, les "travel writers", Ignacio Paco Taïbo II, pour ne citer que ceux qui viennent de loin - et tous les autres, que vous retrouverez un peu plus loin. Allons ! La littérature reste la plus belle des aventures, pour peu qu’on ose en-core créer des mondes où se risquer le cœur battant, pour peu qu’on garde l’ambition de le dire, le monde, d’en restituer la parole vive, de la porter jusqu’à l’incandescence, pour peu qu’on ose encore des livres-monde, vastes, généreux et terribles, comme la vie - quoi qu’en puisse pré-tendre les « nains au teint pâle » que vilipende plus loin l’ami Vautrin.

Daniel Mordzinski a eu l’idée de cet album, et c’est largement grâce à son obstination que celui-ci pu voir le jour. Il tenait à ras-sembler autour de lui les amis photographes présents depuis le premier jour, qui comme lui ne manqueraient sous aucun prétexte le render-vous malouin. Les écrivains contactés ont répondu aussitôt, par des textes très divers où il me semble que se dit par petites touches ce qui fait l’esprit si singulier du festival. Et je serais le der-nier des ingrats si je ne saluais pas ici René Coanau, le maire de Saint-Malo, qui a fortement contribué à rendre cet album possible, comme il prenait sans hésiter, il y a dix ans, le pari de faire sien le projet quelque peu exalté que j’étais venu lui présenter. N’était-ce pas la meilleure façon, avait-il lancé, de conjuguer l’amour des livres et l’imaginaire de cette ville à nulle autre pareille ?

Saint-Malo, décidément, du monde entier.

Michel Le Bris