DEWITT Patrick

Canada

15 mars 2013.
 

Nominé pour le Man Booker Prize 2012, la plus haute distinction littéraire au Royaume-Uni, Patrick de Witt, né en 1975 au Canada, vit aujourd’hui à Bainbridge Island, dans l’Etat de Washington. Il a publié son premier roman, Ablutions, chez Harcourt, début 2009. Le second, Les Frères Sisters (Actes-Sud, 2012), raconte les aventures de deux tueurs à gage entre l’Oregon et la Californie : Charlie, la tête brûlée qui se complaît dans l’alcool et le crime, et Eli, qui doute de sa vocation de desperado patibulaire et aspire à renouer avec une vie plus rangée... Un western féroce et hilarant qui se lit d’une seule traite !


En savoir plus :

Le site Internet de Patrick de Witt


Bibliographie :


Présentation de Les Frères Sisters :

couverture Oregon, 1851. Eli et Charlie Sisters, redoutable tandem de tueurs professionnels aux tempéraments radicalement opposés mais d’égale (et sinistre) réputation, chevauchent vers Sacramento, Californie, dans le but de mettre fin, sur ordre du “Commodore”, leur employeur, aux jours d’un chercheur d’or du nom de Hermann Kermit Warm. Tandis que Charlie galope sans états d’âme – mais non sans eau-de-vie – vers le crime, Eli ne cesse de s’interroger sur les inconvénients de la fraternité et sur la pertinence de la funeste activité à laquelle lui et Charlie s’adonnent au fil de rencontres aussi insolites que belliqueuses avec toutes sortes d’individus patibulaires et de visionnaires qui hantent l’Amérique de la Ruée vers l’or.
Dans ce roman jubilatoire où l’humour noir le dispute à une subtile excentricité, Patrick deWitt rend un hommage décalé aux classiques du western tout en invitant le lecteur à en explorer les ténèbres, sous l’inoubliable houlette de deux frères moins liés par le sang et la violence que par l’indéfectible amour qu’en silence ils se portent.


Revue de presse :

Depuis le comptoir d’un bar glauque de Los Angeles s’élève la voix, anonyme, de celui qu’on paie en ces lieux pour déverser nuit après nuit des fleuves d’alcool dans les verres que tendent vers lui les pochards, camés, prostituées, dealers et amateurs de combines dangereuses et illégales en tous genres, venus affaler sur un tabouret le corps déglingué qui abrite leur misère comme leurs espoirs ou les rêves baroques et téméraires dont ils réenchantent sans fin leur voyage au bout de la nuit. Présentés comme une série de notes pour un roman à venir que rédige un barman au moins aussi allumé que ses hallucinants clients, les chapitres se succèdent au rythme, effréné, où l’alcool et la cocaïne se consomment dans de tels parages. D’emblée inclus dans cette spirale toxique, le lecteur partage bientôt les vertiges du narrateur-barman s’imbibant à son comptoir des fictions de sa propre vie…
Loin de succomber, pourtant, à l’égarement dont il semble être la proie, jamais ce spectateur prétendument innocent de la violence du monde et amateur de mystérieuses pilules blanches dont il agrémente ses nombreux whiskys quotidiens ne parvient à l’état d’anesthésie auquel il aspire.Et, aussi monstrueux et éperdus que paraissent ces réfugiés de la nuit, c’est toujours avec une tendresse certaine que son regard les fait surgir, par-delà leur déchéance et leurs défaillances, dans leur humanité profonde.
Servies par une écriture somptueuse, ces “ablutions” en forme de descente aux enfers constituent, sur le thème de la marginalité dans tous ses états, une variation brillante et originale dans laquelle le génie dionysiaque de l’affabulation investit une réalité dont l’écrivain a pu prendre toute la mesure pendant les six années qu’il a lui-même passées dans les fonctions exercées par son narrateur…