LE MEN Yvon

France

4 avril 2023.

Depuis Vie (1974), écrire et dire sont les métiers d’ Yvon Le Men : « L’écriture, c’est la solitude et l’absence. La scène, c’est la présence et le partage. J’ai besoin de ces deux chemins. » En 1997 il ouvre un espace dédié à la poésie au festival Étonnants Voyageurs. Il est l’auteur d’une œuvre poétique importante à laquelle s’ajoutent onze récits et deux romans, pour laquelle il reçoit le Goncourt de la Poésie en 2019. Ses poèmes sont traduits dans une vingtaine de langues. Des personnes qu’il a rencontrés dans les marges de la société, Yvon Le Men tire un recueil puissant, Les Épiphaniques (Bruno Doucey, 2022), dans lequel il « fait poème de leurs vies et de leurs histoires ». Au fil des vers, inspirés par ces rencontres avec celle et ceux qui se sentent « invisibles », il dessine une émouvante chaîne de la fraternité. Dans son dernier ouvrage, l’anthologie Il fait un temps de poème, il assemble quelques 80 poèmes, contributions faites ces dix dernières années à l’événement du même nom, mais également œuvres inédites. Autant d’horizons que d’auteurs qui apportent au recueil la singularité de leurs voix, leurs vies et leur sensibilité.

 
 

DERNIER OUVRAGE

 
Poésie

Les continents sont des radeaux perdus : Tome 4, Un passeport pour la vie

Bruno Doucey - 2024

Quand Yvon Le Men parle de son enfance dans le Trégor, de son père trop tôt parti, de sa mère chevillée au réel, de la pauvreté, des galères et des guerres, la lumière dessine des rigoles sur son visage. Mon ami a alors le coeur à marée basse. Mais écoutez parler de poésie et de peinture, de Guillevic ou de Claude Vigée, de Millet, de Rembrandt ou d’Hokusai, accompagnez-le dans le récit de ses voyages, en Haïti, en Afrique ou en Chine, et vous verrez la marée battre les digues de la mélancolie. Quand la voile du poème se gonfle, Yvon n’est jamais seul à monter à bord. Il embarque les autres pour un voyage à travers mots, relie les pays et les langues, les terres et le ciel, les paysages immenses et les choses minuscules. Et s’il part, c’est pour revenir, le regard empli d’autres promesses.

« la main qui m’ouvre le chemin
dans ce pays où je me perds

m’est plus proche
que celle qui menace
dans mon pays où l’on se perd

dès que de l’autre côté de la route
qui relie nos villages
nos quartiers
dans notre ville
de notre pays

ils font de l’inconnu
un étranger. »