Autrice de quatre romans plébiscités en Syrie, l’influente journaliste fait figure d’opposition au régime et s’engage pour la cause féministe. Réfugiée à Paris depuis 2011, elle publie Feux croisés (Buchet Castel, 2012), vibrant témoignage de la révolution syrienne.
Réfugiée parmi les réfugiés, elle assiste, avec pour seule arme son écriture, au basculement de son pays natal dans la barbarie jihadiste, après presque quatre ans de destruction menée par le régime pour tenter d’étouffer la résistance. Aussi, dès 2012, Samar Yazbek décide-t-elle de se rendre, à plusieurs reprises en Syrie, de manière clandestine, elle y recueille les témoignages de combattants, de différents camps, et de civils, et expose dans son livre toute la résistance d’un peuple au moment où le monde entier lui a tourné le dos. « La Syrie est la grande tragédie de ce début de siècle et la preuve avérée de la dégradation morale de l’humanité », écrit-elle. Samar Yazbek revient également sur sa propre condition d’exilée, non moins poignante : « C’est l’état de celui qui marche tout en sachant qu’il est un étranger, c’est être dans le non-être. » Toutefois, du croisement de l’être et du néant naît la littérature.
Autrice de quatre romans plébiscités en Syrie, Samar Yazbek est aussi une journaliste influente. Inquiétée depuis longtemps par les autorités, arrêtée par quatre fois déjà, Samar Yazbek comprend lors d’une énième incarcération, en 2011, qu’un point de non-retour a été atteint : plutôt que de lui réserver le même sort qu’aux autres protestataires, et sans aucune explication, la police secrète décide ce jour-là de la relâcher après une visite des chambres de torture des prisons et un passage à tabac. Parmi toutes les insultes qu’elle subit ce jour-là, c’est celle de traître qu’elle retiendra. Traître à son régime, mais aussi traître à son clan, elle qui est de confession alaouite, tout comme Bachar Al Assad. Tels sont les messages de propagande contre lesquels elle se bat depuis des années. En chantre de la vérité historique, mais aussi de la liberté, Samar Yasbek lutte contre le message officiel diffusé dans les médias et par le régime, selon lequel les Alaouites doivent se protéger des Sunnites. Elle choisit ainsi de descendre dans la rue, aux côtés d’hommes, mais surtout de nombreuses femmes qui, malgré la pression sociale, les viols et la torture choisissent de participer à la marche de l’histoire.
Loin de se murer dans le silence de l’exil, elle livre de nombreux témoignages dans les médias du monde entier, puis, dès 2012, elle publie Feux croisés sous la forme d’un journal des premiers mois de la révolte syrienne. Avec ce récit vibrant, l’auteur livre un témoignage engagé et poignant sur les premiers mois de la révolution syrienne, afin, selon ses termes, de nous « interpeller dans notre humanité ».
Publié en 2018, La marcheuse constitue une ode grandiose à la puissance salutaire de l’imagination, au croisement du réel et de la fiction. Au travers de son récit boulversant, l’écrivaine suit le quotidien de Rima, adolescente muette et marginale, qui va tenter de se soustraire à l’inéluctable descente aux enfers de son peuple et de sa famille et l’insoutenable violence de la guerre civile au travers des mondes imaginaires, par la lecture, l’écriture et le dessin.
Bibliographie
- La Demeure du vent (Stock, 2023)
- Dix-neuf femmes, les Syriennes racontent (Stock, 2019)
- La Marcheuse (Stock, 2018)
- Les Portes du néant (Stock, 2016)
- Feux croisés (Buchet Castel, 2012)