Etonnants Voyageurs… Où êtes-vous ?

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Etonnants Voyageurs… Où êtes-vous ?

Où êtes-vous donc Etonnants Voyageurs ?
L’idée fut lancée par Dany Laferrière au lendemain du festival en Haïti en 2007, il nous écrivait alors :
"J’ai eu cette idée à Port-au-Prince, en déjeunant dans la somptueuse résidence de l’ambassadeur de France, ce qui m’a rappelé un peu certains romans anglais. Au loin, la rumeur de Port-au-Prince. Et plus tard dans la voiture qui nous conduisait à l’aéroport, je l’ai proposée à un Michel Lebris enthousiaste. La voilà. Pour avoir des nouvelles des uns et des autres éparpillés sur la planète, il suffirait de répondre à une simple question : Où êtes-vous ? On peut répondre en une phrase ou une page. On sait depuis un moment que « Où êtes-vous ? » n’est jamais trop loin de cette question plus intime : « Où en êtes-vous ? » C’est à vous de savoir. Tout cela reste assez vague pour donner la pleine liberté à tout le monde. Tout billet devrait commencer par une description de l’endroit où l’on est. Et du moment que l’on vit. On privilégie un chaud présent. Depuis l’apparition du portable ce sont les deux questions qui reviennent : Où êtes-vous ? Que faites-vous ? Répondez-y."

Et Dany de nous envoyer le premier son billet, ce samedi 26 juin 2010 :

"Je suis à Montréal et c’est mon premier temps mort depuis un moment. Je ne sais même plus qui du temps ou de moi est le plus mort. Je cours, je cours. Les villes défilent. Les visages aussi. Suis-je en train de flâner dans les rues de Paris ignorant le Salon du livre pour ne m’intéresser qu’aux nombreuses surprises que recèlent ce grand livre qu’est Paris ? Suis-je encore à Grenoble (le printemps du livre de Grenoble illuminé par le sourire radieux de Carine) où j’ai croisé ce cher Stendhal dans la chambre de sa mère (ah, Freud) ? Suis-je à Saint-Malo où j’ai marché pieds-nus sur la vaste plage si douce ? Je revois le visage ensoleillé des lecteurs si affamés qui envahissent les cafés littéraires de Maëtte. Suis-je à Lyon sur la route menant aux Subsistances où m’attend calmement l’écrivain colomben Antonio Caballero (Un mal sans remède) pour un café amical ? Suis-je à Port-au-Prince pour cette journée de "livres en folie" où j’ai signé durant neuf heures sans prendre le temps de boire un verre d’eau ? Encore une fois Port-au-Prince a prouvé sa passion pour la culture. Suis-je toujours en résidence d’écrivain en Guadeloupe où, à la prison de Basse Terre un homme a voulu savoir ce qu’était devenue sa famille restée à Léogâne ? Il m’a parlé de son double enfermement. Et cette soirée à causer avec Marie des jeunes écrivains haïtiens qui s’apprêtent à dessiner les nouveaux contours d’une littérature par temps de catastrophe. Suis-je toujours à Montréal où depuis trois jours je ne fais que lire le roman de mon ami Alain Mabanckou (Demain j’aurai vingt ans). Pour la première fois, je sens une enfance africaine. En fait il ne s’agit ni d’enfance, ni d’Afrique mais simplement d’un enfant qui pourrait s’appeler Alain — son roman le plus universel. Suis-je déjà dans la prochaine ville où m’attendent des amis dans un petit café près de la mer — à Port-au-Prince on confond homard et langouste ? Suis-je encore en vie ? Rodney Saint-Eloi vient de m’appeler pour me dire que Franketienne ne va pas trop bien et qu’il refuse d’écrire. Un écrivain qui refuse d’écrire c’est qu’il vit des émotions si intenses qu’elles pourraient toucher à son style.
Toute mon affection."

Dany Laferrière, Montréal, 26 juin 2010


Où êtes-vous…

Abdourahman Waberi, Bahia de tous les orishas, le 1er Juillet 2010 : Ce texte d’Abdourahman Waberi envoyé depuis le Brésil nous avait échappé en juillet, le voici enfin en ligne aujourd’hui : "Il n’est pas de région dans le Nouveau Monde où le mot Afrique résonne avec autant de force que la baie de Salvador de Bahia. Si les mots ‘emotion’, ‘fusion’ ou ‘effusion’ ont encore un sens, c’est ici à Salvador qu’il faut venir les éprouver avec toute leur acuité. "
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Vincent Hein, Pékin, le 27 août 2010 : "Il est 23h30 et je suis chez moi, à Pékin, dans l’appartement que je loue à Yang Guang Shang Dong. Je viens de voir à la télévision, les images de ces femmes, de ces enfants et de ces hommes qui n’ont rien, dont on ne veut pas et que la France expulse. "
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Jean-Euphèle Milcé, Port-au-Prince (Haïti), le 2 juillet 2010 : "Un enfant jette la pierre. Un autre, plus malheureux, la reçoit en plein visage. Le sang coule bon débit sur un maillot jaune Brésil. La foule se gonfle et donne de la voix. "
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Emmelie Prophète, Port-au-Prince (Haïti), le 13 juillet 2010 : "Je suis revenue de Saint-Malo avec l’espoir que quelque chose, par miracle, aurait changé à Port-au-Prince en mon absence. Un espoir que je nourris en fait à chaque fois, depuis le séisme du 12 janvier, que j’ai l’occasion de partir. "
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Kim Thuy, Montréal, le 8 juillet 2010 : "Je n’ai pas quitté Saint-Malo, car j’y attends encore mon amour.
Je l’attends parce que j’aimerais qu’il marche dans la ville avec des grains de sable entre les orteils et l’écho des mots dans les chambres de son coeur. "
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Kébir M . Ammi, "Au coin de la rue", le 8 juillet 2010 : "Où puis-je être ? Au coin de la rue. Sur un bout de lune. Au milieu d’une mer infinie. Un océan de ténèbres. J’ai un sac, toujours le même, et j’attends, assis contre un mur. Un vieux mur. Qui peut s’écrouler d’un instant à l’autre. "
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Vincent Hein, Pékin, le 4 juillet 2010 : "Je prends un café noir très allongé et le temps d’écrire un peu sur le toit aménagé en terrasse d’un des petits bars de Nanluoguxiang. 
"
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Jean-Marie Laclavetine, Oradour-sur-Glane (Alsace), le 1er juillet 2010 : "Au moment où je reçois cette étrange question (le désormais universel « Téoula ? » entendu vingt fois par jour, lancé à la cantonade par des gens qui ont la main sur l’oreille et les yeux dans le vague – nous avons fini par comprendre qu’ils ne s’adressent ni à Dieu, ni à nous, mais à leur téléphone portable) je suis justement en train de me le demander."
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James Noël, Nouméa (Nouvelle-Calédonie), le 30 juin 2010 : "La fête était belle à Saint-Malo. Malheureusement, je n’ai pas eu le temps de discuter avec tout le monde. C’est mon seul regret. Je sais tout de même que « MA THÉ MA TI QUE MENT » , il est impossible de discuter avec des centaines d’invités, impossible d’échanger en vis-à-vis avec plusieurs milliers de visiteurs."
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Rouda, Paris, le 30 juin 2010 : "Où suis-je ?
Dans la chaleur de l’est parisien. Rien d’exotique. C’est crasseux. C’est chez moi. Paris a la gueule de bois. Il fait chaud. La France s’enfonce lentement dans la haine. On le sait. Ça se sent. C’est l’odeur de la peur. (…)"
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Pierre Pelot, Saint-Maurice-sur-Moselle (Vosges), le 30 juin 2010 : "Eh bien je suis chez moi. Sous les sapins… ce qui n’est qu’une image. Les sapins sont bien là mais je ne suis pas dessous. Je suis dans mon bureau tout bêtement et je tapote sur mon clavier, autrement dit j’écris."
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Patrick J. Gyger, Brighton (Grande-Bretagne), le 30 juin 2010 :"Au sixième étage, les mouettes règnent. L’un d’entre elles m’observe d’un air dubitatif alors que je rédige ces lignes. La fenêtre n’est que légèrement entrouverte (Middle Street est célèbre pour être la rue la plus venteuse de la ville), et la curiosité de l’oiseau ne dure qu’un instant."
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Florent Couao-Zotti, Cotonou (Bénin), le 29 juin 2010 : "Le sac en bandoulière, je suis reparti dans mon pays, les yeux fixés sur "RegardBénin" festival d’Art auquel j’ai été associé. J’ai plongé dans l’atmosphère ouatée de Cotonou étranglée par des pluies tropicales. "
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Nicolas Dickner, Montréal, le 29 juin 2010 : "Je suis de retour dans ce non-lieu familier qu’est mon bureau. Un endroit désordonné, nulle part et partout à la fois, où s’enchevêtrent mille temps et lieux. Dans mes oreilles : un flux musical de San Francisco. "
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Laurent Maréchaux, Villalet (Eure), le 29 juin 2010 :"Mais vous ? Où êtes-vous ? Première journée de chaleur estivale où le corps, après un printemps hivernal, sort enfin de sa léthargie. Malgré l’heure avancée, la nuit peine à tomber, contrariée par une pleine lune qui éclaire avec indiscrétion les champs environnants. (…)"
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Alain Mabanckou, Lagos (Nigeria), le 28 juin 2010 : "Je suis à Lagos (Nigeria). La chaleur est caniculaire ici, mais la mer n’est pas loin. Je passe mon temps dans les embouteillages dans cette ville qui est sans doute en Afrique celle qui se développe à un rythme vertigineux..."
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Michel Vézina, Montréal, le 28 juin 2010 : "Il est 16h36. Je suis dans mon appartement de Saint-Henri, quartier ouvrier que j’habite quand je suis à Montréal, quand je ne voyage pas. Y règne un bordel monstrueux : piles de bouquins et papiers officiels en retard, verres sales et caisses de bières, cendriers pleins et cartons de pizzas (…)"
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Björn Larsson, Gilleleje (Danemark), le 28 juin 2010 : "Où suis-je ? La question est bonne, dans mon cas, car j’ai l’impression d’ètre sans cesse en route, jamais tout à fait là où je me trouve, rentrant seulement pour repartir, sans port d’attache autre que temporaire."
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Rodney Saint-Eloi, Montréal, le 26 juin 2010 : "Où j’en suis ! À Montréal... Je suis au 5863 de la rue Chabot, dans le quartier Rosemont, dit Petite patrie. Je viens de terminer tôt le matin la lecture d’un lumineux roman Montedidio de l’Italien Erri de Luca. L’après-midi du jeudi 24 juin, Dany Laferrière et Maggie m’ont amené à manger…"
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Olivier Ikor, Lisbonne, le 25 juin 2010 : "Le silence qui pèse sur mon quartier en cette chaude après-midi d’été, à la mi-temps de Brésil-Portugal, c’est encore du football. Pour créer un courant d’air, j’ai ouvert mes fenêtres côté rue et côté jardins…"
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Wielfried N’Sondé, Berlin, le 25 juin 2010 : "Bonjour à tous, je rentre d’un périple avec le Transsibérien, quelque chose en moi s’y trouve encore. Alors à la question, où êtes vous, j’ai envie de répondre avec ce que m’a inspiré la Sibérie."
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Annelise Roux, Bordeaux, le 25 juin 2010 : "J’étais a Paris, puis a Marseille, je suis rentrée a Bordeaux où depuis hier la "Fête du vin" bat son plein, sous un soleil éclatant. Ceux d’entre vous qui ont quelquefois assisté aux fêtes de Pampelune peuvent se faire (…)"
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