Trois "instant-memories 2010" par Patrice Blanc-Francard

Un Bilan du Festival ? Le mot bilan pèse son poids de chiffres, de colonnes et de zéros avant la virgule ! Je préfère rembobiner la pelloche à souvenirs – réminiscence de la planche-contact de la photo argentique :
J’en isolerai trois, trois instant-memories d’un lumineux festival 2010 d’ Etonnants Voyageurs.

D’abord Maryse Noiseux, québequoise de naissance et indienne de coeur – elle habite la province du Kerala depuis vingt ans – venue présenter avec la réalisatrice Christiane Ballan le film Kathakali, un chemin de vie et faisant aux spectateurs éberlués et presqu’envoutés une démonstration des principaux mouvements de l’une des plus anciennes formes de théâtre sacré et dansé de l’Inde du sud.

Puis une image, celle qui se profile en ombre chinoise sur l’écran de la salle n°3 du cinéma Le Vauban : Ladell McLin, le jeune bluesman venu de Chicago avec le réalisateur Michel Viotte pour leur film La Route du Blues, 2x52’ dont le deuxième épisode est montré en exclusivité à Saint-Malo. À l’entracte, on a installé Ladell sur la petite scène avec son tabouret, son ampli et sa guitare ; il commence "Baby do you want to go” de Robert Johnson et son ombre se découpe, effet magique et imprévu, sur l’écran juste derrière lui… a black & white blues !

Enfin, pour finir, car un livre n’y suffirait pas, les larmes des spectateurs de la grande salle du même Vauban qui viennent de voir – ou de revoir – Slumdog Millionnaire et qui remercient l’auteur du livre dont le film est tiré, Vikas Swarup, présent dans la salle, pour leur avoir donné autant d’émotion…

Et puis l’envie, à l’instar des demi-dieux de la mythologie grecque, de posséder ce don d’ubiquité si nécessaire à Saint-Malo pour être en même temps au Grand Auditorium, à la Maison de la Russie, aux signatures des auteurs, passer l’après-midi au Café Littéraire, ne pas rater Roellinger ni… Ou… Bon, on peut toujours rêver !

Patrice Blanc-Francard