La Crau, désert de pierres aux portes d’Arles. Pays ras, pays nu, abandonné au mistral et aux brebis. C’est là que vivent Nel et Matt, l’un, fils et petit-fils de bergers, aujourd’hui photographe, l’autre, constructeur de toilettes sèches publiques, réalisateur à ses heures perdues.
Entre eux une amitié forte, belle. Jusqu’au jour où, travaillant à un nouveau film, Matt s’intéresse à la vie de deux cousins de Nel aujourd’hui disparus. Deux frères maudits, qui ont traversé comme des comètes ces mêmes paysages, se consumant à toute allure, en pleines années 1980.
Allers-retours à Madagascar, adolescence sans parents, fêtes, violence, liberté, insouciance : la trajectoire des deux frères, aussi brève qu’intense, se recompose peu à peu. Échos et correspondances se tissent entre passé et présent, renvoyant Matt et Nel à leurs propres choix, nous interrogeant, à notre tour, sur notre place dans le monde.
Revue de presse
- Flamboyance et autodestruction d’une jeunesse intensément auscultées dans Légende par un écrivain qui a su, en quelques livres remuants (Là, avait dit Bahi ; Les Grands), imposer tant sa sensibilité aux lieux, aux généalogies, aux liens entre les êtres que la singulière beauté d’une prose mélodieuse et précise. (Na.C., Télérama )
- Un beau roman, c’est parfois un décor puissant. Celui de « Légende » pourrait bien être son personnage principal : c’est la plaine de la Crau, ce désert provençal qui s’étire sur trente kilomètres. (…) Chez Sylvain Prudhomme, on l’arpente en compagnie d’une poignée de personnages, les cinq sens en alerte comme dans un western à la Giono. (Grégoire Leménager, Nouvel Observateur)
- De sa plume vivante, entêtante, Sylvain Prudhomme déploie l’histoire de ces écorchés vifs comme s’ouvre une fleur, avec délicatesse et émotion. Ce qui pouvait se lire comme une jolie pastorale sur fond d’estive provençale se prend alors à dérouter le lecteur, à gagner en profondeur. Subtile réflexion sur le geste de l’artiste, Légende célèbre ainsi la "profusion de vie dont une infime fraction seulement serait jamais narrée". Et déroule, en pointillé, cette interrogation lancinante : comment vivre sa vie ? En mouton, ou en papillon ? La confirmation éclatante d’un talent à suivre. (Julien Bisson, L’Express)