Littérature

Étonnant Voyageurs : la littérature à la rescousse de la démocratie

Grosse affluence à Saint-Malo lors de la 28e édition du festival pour des débats au cœur de l’actualité, entre politique et poétique : ou comment la littérature engage une idée de l’être humain et de sa liberté.
Marie Chaudey
Publié le 09/06/2017 à 14h41, mis à jour le 09/06/2017 à 15h00 • Lecture 9 min.

L’appel de Michel Le Bris, le directeur du festival Étonnants voyageurs, à réfléchir d’urgence sur la manière dont la culture doit revitaliser la démocratie s’est finalement transformé en un manifeste signé par quarante écrivains : « Nous sommes plus grands que nous ». Et plus de 250 auteurs et artistes ont phosphoré pendant les trois jours du festival malouin, suivis par un public fervent de 60.000 personnes. Littérature et démocratie, même combat. Les débats, de haut niveau, entre des personnalités de premier plan – du romancier américain Russel Banks à l’algérien Kamel Daoud, d’Edgar Morin à Mona Ozouf – ont tenu leurs promesses.

1. Le combat pour la vérité

Russel Banks / Kamel Daoud

A l’heure où le président américain venait de faire son énième coup de calcaire, en reniant les engagements de son pays dans l’accord de Paris sur le climat, le romancier Russel Banks était évidemment très attendu : « Il est inefficace et donc inutile de ridiculiser Donald Trump, a-t-il tout d’abord expliqué. De mon côté, j’ai eu besoin de réfléchir à ma réaction première : le dégoût. Or il est difficile d’écrire une fiction enchâssée dans le dégoût. Mais il est de mon devoir de le faire. Je lutte donc pour trouver le vocabulaire qui colle à la situation, et je relis Céline »… Assis à ses côtés, le romancier algérien Kamel Daoud lui a conseillé d’écrire une fable, ce genre qui permet de prendre de la distance et qui a été utilisé de tous temps sous les dictatures, de l’Amérique latine à l’Europe communiste, pour raconter la routine de la violence : « Trump est le Khadafi de l’Occident, une caricature de la haine de la presse et de la paranoïa ». Et Daoud de faire référence à Orwell : « Le démantèlement de la vérité et de l’exactitude est le début de la déchéance. C’est la maladie commune des dictatures ».

Pour Daoud, il ne s’agit pas

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