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De l’or havanais

Apogée

« […] tandis que les hôtels emblématiques triturent de l’international à tout vent, les Cubains s’agglutinent pour se tenir froid dans leurs ruines. Une telle sûreté est un remuement de peurs. Mais le geste pour s’y intéresser n’existe pas. L’État organise toujours de la sublimation en vue d’un engourdissement de l’esprit à orientation d’un gel total ! »

Nuit témoin

Nuit témoin

Isabelle Sauvage - 2016

« tout tourne / le corps comme un tourbillon du réel / l’encrier dégoulinant dans la nuit témoin » – « écrire vient et interroge / les racines du chaos / un râle dans la gorge »… Nuit témoin pourrait s’ouvrir sur l’un ou l’autre de ces vers pris au fil des pages tant ils résument le « propos » de ce long poème comme haletant.
Une rupture amoureuse, une fuite suggérée, et la solitude à affronter dans le huis clos d’une chambre, l’hiver, la nuit. Reste alors « la lampe de bureau / sa couronne de clarté / les brouillons sous la main / ni rêve ni conscience / juste enregistrer des couloirs de stupéfaction », s’impose d’« écarquiller les yeux sur l’obscur » – de « crire », seule la nuit pour témoin. Dans l’urgence (« cavaler », « courir » et ses dérivés reviennent souvent), poser le désir sur la table. Et résister à la douleur, et vivre encore, s’« accrocher à la délivrance ». C’est qu’il y a, aussi, les enfants, « derrière la cloison / deux petites têtes qui dorment », il y a « en travers de ma table / des quantités de feutres / des colliers de perles / coloriages jacinthes et caprices ».
Seule l’écriture, pour Laurine Rousselet, plongée « dans le ventre de la langue souveraine », peut empoigner la douleur au plus intime du corps. Peut convoquer – et affronter – la mémoire, remonter « au loin » des corps désormais désunis, du désir passé et présent dans l’absence déchirante – son corps brûlant de désir, toujours. Seul « crire », au bout du compte, est à même de transformer la nuit témoin en « nuit charnière ».


Revue de presse

  • "Poésie charnelle, tendre et violente, souvent elliptique, qui explore le vécu et l’irruption événementielle dans la sphère quotidienne, voire en cultivant les passions exclusives aux confins de la pensée politique. Derrière la confession intime, émerge l’exigence d’une éthique fraternelle à cœur ouvert. En affirmant davantage sa singularité de poète dans cette Nuit témoin, Laurine Rousselet illumine la langue de son obscurité profonde."
    (Michel Ménaché, Europe)
Syrie, ce proche ailleurs

Syrie, ce proche ailleurs

L’Harmattan - 2015

Cri suspendu, rébellion poétique sans fin face à l’infinie cruauté humaine, cet ouvrage et ses entrelacs de poèmes en prose et de chroniques ont été rédigés deux ans après la révolution syrienne. A aucun moment l’aurore ne se hasarde, il n’y a pas d’éclaircies, mais les mots portent en eux une telle énergie qu’ils sont intarissables de sons et de sens. Ecrit de la main d’une femme étrangère à la Syrie, ses mots soufflent sur l’incandescence d’une terre suppliciée. Puisse le pouvoir des signes et la réalité de la lecture favoriser le salut.


De l'or havanais

De l’or havanais

Apogée - 2010

« […] tandis que les hôtels emblématiques triturent de l’international à tout vent, les Cubains s’agglutinent pour se tenir froid dans leurs ruines. Une telle sûreté est un remuement de peurs. Mais le geste pour s’y intéresser n’existe pas. L’État organise toujours de la sublimation en vue d’un engourdissement de l’esprit à orientation d’un gel total ! »