Javad est le fils cadet d’une famille chiite de Bagdad. Son père le prépare à exercer la même profession rituelle que lui, celle de laver et d’ensevelir les morts avant leur enterrement, mais Jawad s’y refuse et rêve de devenir sculpteur. Après avoir fait ses études d’arts plastiques à la fin des années 1980, alors que Saddam Hussein est au faîte de sa puissance, il est cependant enrôlé comme soldat puis se retrouve peintre en bâtiment au service des nouveaux riches. Son père meurt en 2003, les bombes américaines s’abattent sur Bagdad, les corps déchiquetés s’entassent, multipliés par les guerres confessionnelles, et il est de nouveau forcé, dans une douloureuse solitude, de renoncer à ses rêves d’artiste pour poursuivre la carrière de son père.
Dans ce roman chaleureusement salué par la critique après sa parution en arabe (2010), puis en anglais (2013), Sinan Antoon ne se contente pas de restituer l’extrême violence que connaît l’Irak depuis sa longue guerre avec l’Iran (1980-1988). Il explore en fait, et de façon magistrale, le thème de l’imbrication de la vie et de la mort en une entité unique. Le grenadier planté dans le jardinet, et qui se nourrit de l’eau du lavage des morts, en est une saisissante métaphore, et il est le seul à connaître la vérité.
Revue de presse
- "Sinan Antoon dépeint un Irak profond, comme on l’a rarement lu. Un grand livre, beau et terrible, sur les souffrances du peuple irakien, injustifiables." (Jean Claude Perrier, Livres Hebdo)
- "[…]l’auteur brosse le superbe portrait d’un homme de bien emporté par le maelstrom du Moyen-Orient et lève le voile sur Bagdad, où vie et mort ne forment plus qu’une seule entité." (L’Express)
- "Son écriture souveraine, palpitante, délicate, traque la vie partout où elle se niche. Antoon lave ainsi son pays des affronts subis, redonne aux victimes le supplément d’âme auquel elles avaient droit." (Marine Landrot, Télérama)