Partis d’Angleterre en juin 1576 à bord du modeste Gabriel, le jeune Martin Frobisher et son équipage cinglent vers le nord-ouest dans l’espoir de découvrir le mythique Passage du Nord-Ouest. Ils dépassent ainsi le Groenland, dernière terre connue, et croient trouver enfin « la mer occidentale par laquelle on peut passer en Chine ». Selon une coutume déjà bien établie, ils embarquent de force quelques autochtones, « des tartares aux longs cheveux noirs, au large visage et au nez écrasé, habillés de peaux de phoque », mais le plus extraordinaire reste à venir : de gros blocs de pierre noire à fleur de sol et aux brillantes facettes dorées, dont les géologues et alchimistes de Sa Majesté ne tarderont pas à établir qu’il s’agit de « poudre d’or ».
Dès lors, la fièvre gagne les milieux de la banque et du commerce, faisant se bousculer les investisseurs. Les expéditions se multiplient, et de nouveau on enlève des indigènes, tandis que sur le Vieux Continent les « essayeurs » de la Reine s’affairent au traitement du minerai déjà rapporté. Mais l’été arctique de 1578 mettra à mal les folles ambitions de Frobisher, qui pousse d’abord trop loin vers l’ouest et peine à retrouver le site du gisement soi-disant aurifère. À son retour à l’automne, il apprendra que sa mirifique cargaison est tout juste bonne à servir au remblai des digues…