Todos les hombres son iguales (Les hommes sont tous les même)

Écrit par PENCEY Alexy (Term, Lycée Louis Aragon de Héricourt), sujet 2. Publié en l’état.

Je ne sais pas, je sais seulement qu’ils fuient, comme nous.
Tu sais où c’est toi la frontière ?
Regarde, là-bas ! Les lumières, c’est ça, on sera bientôt arrivé en France.
Pourquoi on s’enfuit ? Moi je voulais pas partir, je voulais rester à la maison.
Je t’ai déjà expliqué, si on restait, ils nous auraient fait du mal.
Mais pourquoi ? J’ai rien fait de mal moi !
Je sais, mais Papa et Maman ne sont pas d’accord avec eux, ni Papa, ni Maman ne voulaient de Franco.

Louis lisait depuis maintenant une demi-heure les mémoires de sa grand-mère. Chaque ligne qu’il lisait, c’était un pas de plus vers la découverte de son histoire. Il savait que sa grand-mère avait émigré avec son frère aîné dans les années trente, mais il n’avait jamais su pour quel motif. Maintenant il savait. Ce n’était pas un choix.
Louis ? Louis ? Tes copains sont arrivés !
Il devait être quatorze heures quand sa mère l’appela. Il referma soigneusement le livre qu’il tenait dans les mains, avant de le reposer sur son étagère. Il sortit dehors, chaussures au pied, et alla à la rencontre de ses amis.
Ca va les gars ? Il se passe quoi ?
T’es pas au courant ? Ils arrivent dans même pas une heure ! Répondit l’un de ses amis.
Qui ça ? Demanda Louis.
Ba les migrants ! Il y en a plein !
Soudainement, le groupe courut jusqu’à l’entrée du village et se postèrent près de la route.
Pourquoi on est là ? Demanda Louis.
Pour surveiller, tu sais pas ce qu’on dit sur eux.
Quoi ? On dit quoi ?
Ba tu sais, il y en a c’est des voleurs, et pire encore. Tu les as jamais vu à la télé ? Ils font peur !
Je sais pas, je les ai jamais vu moi !
T’en fais pas tu vas les reconnaître ! Ils sont sales, ils ont des habits déchirés et ils crient tout le temps. En fait je me demande si c’est pas dangereux de rester là.
Les amis se regardèrent entre eux et décidèrent de renter chez eux pour ne pas courir de risque. Louis rentra également chez lui. Il s’assit sur le canapé et alluma la télévision. Il regarda les chaines d’informations et put voir les colonnes de migrants qui se déplaçaient sur les routes. Il les vit et eut peur. Ces gens allaient passer par son village, qui sait ce qu’ils pourraient faire ? Il commençait à paniquer.
Il reprit son calme après avoir éteint la télévision. Il retourna dans sa chambre pour se replonger dans les mémoires de sa grand-mère.

Il va se passer quoi là-bas ? Tu crois que les Français sont gentils ?
Je sais pas, au moins là-bas on sera en sécurité.
J’ai froid, ton manteau est tout déchiré.
Je sais, on t’en trouvera un autre quand on sera arrivé. Tiens on arrive, je vois des gendarmes. Donne moi la main.
Un policier s’approche de nous, il nous éclaire de sa lampe.
Ils sont pas là vos parents ? Sus padres ?
Non monsieur.
C’est ta soeur ?
Oui monsieur.
Vous avez quel âge ?
Moi j’ai dix ans, ma soeur elle n’en a que six.
La conversation entre mon frère et ce gendarme s’arrêta brusquement lorsqu’ils entendirent des cris. Des gendarmes étaient en train de se battre contre des hommes. Je n’ai jamais su s’ils étaient français ou espagnols.
Bon je dois y aller, vous continuez tout droit par la route. Dans une heure, vous trouverez un petit village, vous y allez, il y a des gens bien là-bas !
Mon frère ne répondit rien, il m’emmena.

Louis ? Louis ?
C’était encore sa mère. Il posa le livre sur son lit et descendit de sa chambre pour aller voir ce qui se passait.
Oui Marc, d’accord, oui je comprends, mais c’est pas grave Louis va nous aider.
Sa mère raccrocha avant de commencer à lui parler.
Alors Louis, je t’explique. J’ai eu Papa au téléphone, il ne pourra pas venir m’aider à l’association aujourd’hui, du coup tu vas le remplacer aujourd’hui. Tu vas t’habiller, on va aller distribuer de la nourriture à ces pauvres gens qui arrivent.
Il ne dit rien. Il avait toujours une certaine peur. Lui qui voulait rester enfermé chez lui et ne surtout pas avoir à faire avec ces gens. Il alla se couvrir, il ne savait pas combien de temps il allait rester dehors et le temps avait tendance à se refraichir en soirée, et sortit avec sa mère. Elle l’emmena sur la grande place du village où des bénévoles étaient déjà au travail. Certains montaient des stands, d’autres faisaient des paquets de vivres. Louis se présenta à un groupe.
C’est bien que tu veuille aider petit. Tu as quel âge ?
Dix ans monsieur.
Tu attends ici, tu nous aideras à distribuer la nourriture.
L’enfant ne disait rien, il s’assit dans un coin et ne se releva qu’à l’arrivée des migrants.
Aller, viens par là je vais t’expliquer. Tu te mets ici près des sacs de nourriture et tu en donne un par personne c’est comprit ?
Louis dit que oui. Il voyait des formes s’approcher au loin. C’était eux, il les voyait de plus en plus distinctement. Des hommes, des femmes et des enfants. Certains étaient en short et en T-shir, d’autres avaient un couverture sur le dos. Leur visage était dur, comme creusé par des jours de privations. La douleur de la perte d’un proche se lisait dans les yeux de certains. Ils s’approchèrent en silence, beaucoup regardaient par terre, ne sachant pas où se mettre. Les bénévoles commencèrent à s’activer. Ils donnaient des couvertures, et de la nourriture. Louis aussi s’activait.
Il eut une petite appréhension, il tendit le premier paquet à une femme qui s’approchait.
شكرا جزيلا (merci beaucoup).
Plus Louis s’approchait d’eux, plus il les aidait, et plus il se sentait à l’aise. Il ne voyait plus les monstres, les voleurs qu’on lui avait décrit, il voyait les hommes et les femmes qui cherchaient une terre de paix pour leurs enfants. Il ne voyait plus les migrants, il voyait les hommes.
Il s’activa ainsi toute la journée, jusqu’aux environs de dix-neuf heures. Tous les paquets et toutes les couvertures avaient été distibuées. Les derniers migrants commençaient à s’en aller quand une petite fille se présenta devant la place. Elle était toute seule et à la vue de ses pauvres habits déchirés, on devinait qu’elle aussi, elle était avec les migrants. Elle tremblait toute seule, dans le froid de la nuit. Certains bénévoles ne savaient plus où se mettre, tout avait été distribué, il ne restait rien pour elle.
Louis eut pitié d’elle, elle ne devait pas avoir plus de sept ans. Il s’approcha d’elle.
Ca va petite ? T’en fais pas ça va aller. Tu as froid ?
Il enleva son manteau et couvrit la fillette avec.
Une femme revint en arrière et commença à parler à la petite dans une langue que _ Louis ne connaissait pas.
Qu’est qu’il se passe ? Demanda Louis.
Fille, plus Papa Maman, pas famille.
Louis comprit tout de suite. La femme prit la petite par la main et elles retournèrent vers les autres.
Louis les regarda s’éloigner, impuissant. Sa mère venait de le rejoindre.
C’est bien ce que tu as fait mon grand.
Louis et sa mère rentrèrent chez eux. Après avoir mangé, Louis remonta dans sa chambre dans l’idée d’aller se coucher. Il s’assit sur le bord du lit et remarqua le livre qui y était posé. Il se dit qu’il n’était pas encore trop tard pour le parcourir encore un peu.

C’est le village ça ?
Oui, on est arrivé.
A l’entrée du village, des gendarmes nous surveillaient, les gens étaient sorti pour nous voir. Ils se parlaient entre eux, mais nous n’entendions rien. J’avais peur, je en savais pas du tout ce qui allait se passer et je sentais que mon frère était aussi perdu que moi. Nous avons traversé le village sans encombre, sans aucune aide. Quand nous sommes sortis, une femme nous fit signe sur le bord de la route. Elle nous faisait signe de s’approcher.
On y va pas, Papa et Maman nous on dit de ne parler à personne.
La femme, voyant qu’on ne viendrait pas, s’approcha de nous. Dans ses mains, il y avait la moitié d’une baguette de pain, elle la donna à mon frère. Voyant cela, un petit garçon nous rejoint, il avait le même âge que mon frère. Soucieu de nous aider aussi bien que l’avait fait la dame, il enleva son manteau et me couvrit avec. Dès cet instant, je compris que je pouvais avoir de l’espoir en ces gens. J’ai compris que tout n’était pas perdu, que peut-être, ce n’était pas la fin.

Louis ? Louis ?
Qu’est-ce qu’il y a maman ?
Il y a abuela (grand-mère) au téléphone ? Tu veux lui dire un mot ?
Oui oui ! J’arrive !
Louis sauta du lit sans prêter grande attention au livre. Ce dernier tomba par terre et une étiquette en tomba. Cela semblait être l’étiquette d’un vieil habit.
"Marc Louis M....", le nom de famille était illisible.