Terre promise ?

Écrit par LABROSSE Francis (4ème, Collège Victor Hugo de Le Donjon), sujet 2. Publié en l’état.

« Je ne sais pas, je sais seulement qu’ils fuient, comme nous.
— Mais vers où fuyons-nous ?
— Vers un pays nouveau, un pays pourvu d’un sens, d’une liberté et d’une justice.
— Quel est ce pays ?
— Il se nomme Liberté.
— Je ne le connais pas…
— C’est le plus vaste empire, le plus grand royaume mais aussi un pays, une démocratie, une terre de vie promettant joie et bonheur.
— Est-il si vaste que tu le dis ?
— En vérité, la moindre parcelle, le moindre centimètre carré peut guérir un cœur brisé comme le nôtre.
— Pourquoi devons-nous y aller ?
— Parce que le pays où nous vivons nous étrangle de ses guerres sanglantes, de ses famines, réduisant à néant familles et amis.
— Je n’en peux plus !
— Allez courage ! Nous arriverons au port dans une demi-heure si nous marchons bien ! »

Une demi-heure plus tard :
« Je crois que je vais m’arrêter là mon frère !
— Tiens bon sœurette ! Nous arrivons ! »
A peine arrivés, nous embarquons à bord d’un frêle esquif où l’on se tasse à cinquante. Notre barque de fortune part peu après et je tiens ma sœur endormie sur mes genoux. Jour après jour, nous nous couvrons de cloques suintantes dues au soleil, au sel et la déshydratation qui rend notre peau fragile comme un parchemin. Pendant des jours, nous endurons toutes les rigueurs de la mer, du manque d’eau et de nourriture. Mais enfin, aujourd’hui, nous apercevons les côtes espagnoles. Nous débarquons en pleine nuit. Malheureusement, nous sommes accueillis par des hommes de la police portant des dossards jaune fluo frappés de l’inscription POLICÍA. Ils nous parquent sans ménagement dans des tentes peu confortables destinées à loger un maximum de six personnes. Finalement, nous devons y tenir à onze : ma sœur, un dénommé Charles, moi, ainsi que huit autres personnes. Ce soir-là, je dis à ma sœur :
« Je pense que nous essaierons de fuir.
— Encore !
— Oui, la France est plus accueillante !
— En es-tu sûr ?
— Quasiment certain…
— Bien ! Alors, à demain. »
Et elle se rendort. Charles a écouté. Il me propose alors de nous aider :
« Je connais un passeur pas loin d’ici.
— Ah oui ? Qui est-il ?
— C’est un ami d’enfance. Je le connais bien, il ne vous dénoncera pas.
— Si tu le dis…
— A demain !
— Oui, c’est cela, dors bien. »

Le lendemain matin, Charles, ma sœur et moi, nous nous glissons sous une clôture, à l’abri des regards et des forces de l’ordre. Une fois à l’extérieur, nous courons dans une prairie jusqu’à atteindre l’orée d’une forêt verdoyante où nous faisons halte. Puis nous reprenons notre course, à travers champs et prairies. Ce n’est qu’à la nuit tombée que nous entrons dans une vieille maison au toit et aux charpentes vermoulues. Là, nous faisons connaissance avec un grand homme, bien bâti, au visage lisse et à la mâchoire carrée : le passeur. Nous discutons un peu jusqu’au moment du départ. Peu après, nous obtenons le feu vert. On grimpe dans le coffre d’une vieille Alfa-Roméo réaménagée et assez confortable. Puis, c’est le départ. On roule deux heures durant, on passe la frontière sans problème et on arrive au refuge où l’on devra se cacher jusqu’au matin.
« Bonne nuit et merci, dis-je.
— Bonne nuit, me répond le passeur. »
Le lendemain en sortant, je suis le témoin d’une violente altercation entre un homme et une femme. Celui-ci, d’une autre religion qu’elle, la frappe. Alors je me dis, en mon for intérieur :
« La vraie égalité, le bonheur et la simplicité des relations n’existent pas sur Terre. J’attendrai donc le paradis… »