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Un monde de pierres

Arfuyen

L’œuvre d’Anise Koltz, qui a quitté la langue allemande en souvenir des tortures imposées par les nazis à son mari durant la guerre, est marquée par les tragédies du XXe siècle. Concise, âpre et d’une implacable lucidité, son écriture s’apparente à celle de son quasi contemporain Paul Celan (1920-1970), grandi comme elle dans une terre de langue allemande écrasée sous la botte des nazis.

Après L’ailleurs des mots (2007), La Lune noircie (2009), Je renaîtrai (2011), Soleils chauves (2012) et Galaxies intérieures (2013), Un monde de pierres est le sixième livre d’Anise Koltz publié par les éditions Arfuyen.

Longtemps l’œuvre d’Anise Koltz s’est caractérisée par la révolte et le blasphème, ainsi que par des images fortes et violentes, souvent en rapport avec les paysages du Nil et la culture de l’Égypte ancienne dont elle a une intime connaissance. Mais après la transition marquée par Soleils chauves, l’écriture est devenue plus méditative, plus détachée. À la sourde colère succède ici une calme négation. Tranchante, résolue. Et plus que jamais teintée de défi. Car Anise Koltz n’a rien abdiqué de sa liberté souveraine.

Lisons l’un des premiers textes de ce nouveau livre : « Je marche à l’intérieur / de moi-même comme à travers une forêt vierge / envahie par ses ombres // Mon sang tourne / comme un fauve encagé. » Le thème de l’enfermement revient sans cesse dans ces textes, étroitement lié à celui de la pierre qui inspire leur titre : « Nous restons orphelins / malgré la mère / et le père // Sans fin / ni commencement / nous errons / dans un monde de pierres. »

Marche, errance, dans un monde clos, pesant : le monde même qui nous enferme dans sa réalité sans substance, dans son impermanence vertigineuse, comme en témoigne le dernier poème : « Je suis née / et pas née // Ma vie / n’est souvent pas ma vie // Tout est partout / mais rien n’existe. »

Somnambule du jour : Poèmes choisis

Somnambule du jour : Poèmes choisis

Gallimard - 2016

Anise Koltz est née au Grand-Duché du Luxembourg en 1928. À part de très nombreux voyages en Asie, États-Unis, Afrique et Europe, elle a depuis sa naissance toujours vécu dans son pays d’origine auquel elle est très attachée.
Du fait de l’occupation des Allemands pendant la dernière guerre, Anise Koltz sera obligée à s’orienter vers la culture allemande. Ses premiers livres seront donc édités à Luxembourg et en Allemagne. Mais dès les années quatre-vingts, elle n’écrira plus qu’en français, abandonnant complètement l’allemand, sa première langue littéraire. Son mari, le Dr René Koltz étant mort prématurément des suites des tortures que lui avaient infligées les nazis, elle se refuse depuis lors à user de la langue des bourreaux de son époux.
De 1963 à 1974, Anise et René Koltz ont animé les « Biennales de Mondorf » qui se voulaient « un laboratoire, si modeste soit-il, de la construction d’une société multiculturelle ».
Avec cette anthologie publiée en Poésie/Gallimard, Anise Koltz explore et expose tous les thèmes d’une œuvre vouée à l’incertitude, à l’inquiétude de ne pas formuler l’essentiel, c’est-à-dire une réalité qui échappe sans cesse, qu’il s’agisse de sa part visible ou du côté caché des choses. Ne souligne-t-elle pas comme s’il s’agissait d’une évidence : « Autrefois, l’homme avait peur de l’avenir, aujourd’hui l’avenir a peur des hommes ! »

Un monde de pierres

Arfuyen - 2015

L’œuvre d’Anise Koltz, qui a quitté la langue allemande en souvenir des tortures imposées par les nazis à son mari durant la guerre, est marquée par les tragédies du XXe siècle. Concise, âpre et d’une implacable lucidité, son écriture s’apparente à celle de son quasi contemporain Paul Celan (1920-1970), grandi comme elle dans une terre de langue allemande écrasée sous la botte des nazis.

Après L’ailleurs des mots (2007), La Lune noircie (2009), Je renaîtrai (2011), Soleils chauves (2012) et Galaxies intérieures (2013), Un monde de pierres est le sixième livre d’Anise Koltz publié par les éditions Arfuyen.

Longtemps l’œuvre d’Anise Koltz s’est caractérisée par la révolte et le blasphème, ainsi que par des images fortes et violentes, souvent en rapport avec les paysages du Nil et la culture de l’Égypte ancienne dont elle a une intime connaissance. Mais après la transition marquée par Soleils chauves, l’écriture est devenue plus méditative, plus détachée. À la sourde colère succède ici une calme négation. Tranchante, résolue. Et plus que jamais teintée de défi. Car Anise Koltz n’a rien abdiqué de sa liberté souveraine.

Lisons l’un des premiers textes de ce nouveau livre : « Je marche à l’intérieur / de moi-même comme à travers une forêt vierge / envahie par ses ombres // Mon sang tourne / comme un fauve encagé. » Le thème de l’enfermement revient sans cesse dans ces textes, étroitement lié à celui de la pierre qui inspire leur titre : « Nous restons orphelins / malgré la mère / et le père // Sans fin / ni commencement / nous errons / dans un monde de pierres. »

Marche, errance, dans un monde clos, pesant : le monde même qui nous enferme dans sa réalité sans substance, dans son impermanence vertigineuse, comme en témoigne le dernier poème : « Je suis née / et pas née // Ma vie / n’est souvent pas ma vie // Tout est partout / mais rien n’existe. »