Bogolan : n. m. du bambara bogo, la terre et lan, issu de.
Le bogolan est un tissu traditionnel teint suivant une technique ancestrale utilisée en
Afrique de l’Ouest. Le bogolan est le réceptacle d’une énergie vitale, il est notamment
utilisé pour protéger les jeunes circoncis.
Un homme revient dans le quartier de sa jeunesse. Il a traversé des océans de mépris,
il s’est fourvoyé aux mirages de l’Europe. Il reconnaît les rues de son enfance, les parfums,
les couleurs immuables. Quelque chose a changé en lui, une plaie s’est infectée,
il colporte trop d’amertume et de rêves déchus, l’alcool n’arrange rien, et le voilà perdu
au milieu des vestiges de son passé. Les voisins le fuient comme une lèpre et l’homme
dérive, étranger dans sa propre ville. Seule demeure, fidèle comme une ombre, la tendre
figure de sa mère, qui le réchauffe dans la solitude des nuits sans fond.
En quarante poèmes, se dessine un quartier, Thiaroye, faubourg populaire de Dakar
au Sénégal. Quarante fragments comme des tableaux psychédéliques, quarante chorus
pour reconstituer la mémoire d’un homme blessé, d’une ville pauvre qui hurle sa fierté
dans une partition de jazz solaire.
Bogolan est un texte à la fois hermétique et familier, un chant d’une suffocante
modernité.
Préface de Yahia Belaskri