La nuit descend sur Vienne et sur l’appartement où Franz Ritter, musicologue épris d’Orient, cherche en vain le sommeil, dérivant entre songes et souvenirs, mélancolie et fièvre, revisitant sa vie, ses emballements, ses rencontres et ses nombreux séjours loin de l’Autriche – Istanbul, Alep, Damas, Palmyre, Téhéran… –, mais aussi questionnant son amour impossible avec l’idéale et insaisissable Sarah, spécialiste de l’attraction fatale de ce Grand Est sur les aventuriers, les savants, les artistes, les voyageurs occidentaux.
Ainsi se déploie un monde d’explorateurs des arts et de leur histoire, orientalistes modernes animés d’un désir pur de mélanges et de découvertes que l’actualité contemporaine vient gifler. Et le tragique écho de ce fiévreux élan brisé résonne dans l’âme blessée des personnages comme il traverse le livre.
Roman nocturne, enveloppant et musical, tout en érudition généreuse et humour doux-amer, Boussole est un voyage et une déclaration d’admiration, une quête de l’autre en soi et une main tendue – comme un pont jeté entre l’Occident et l’Orient, entre hier et demain, bâti sur l’inventaire amoureux de siècles de fascination, d’influences et de traces sensibles et tenaces, pour tenter d’apaiser les feux du présent.
« Dans Boussole, le romancier invite à une nuit d’insomnie et à un voyage dans les souvenirs d’un musicologue amoureux du Proche-Orient. Hypnotique. Boussole, dont chaque page sort le lecteur de lui-même, le confronte à une infinité de sujets et de personnages dont il ignore tout pour les lui rendre plus proches. » Raphaëlle Leyris, Le Monde des Livres
« Le lecteur est dans les souterrains orientaux de la culture occidentale. Celui qui tient la torche est un musicologue autrichien, Franz Ritter, mais il pourrait tout aussi bien s’appeler Mathias Énard. Les cultures orientale et musicale de l’un et l’autre sont stupéfiantes et saturées, un peu monstrueuses, mais elles semblent couler de source (et de bibliothèque) sans être passées par Wikipedia. Le voyage descend en spirales, par digressions, comme une rêverie s’élève du fumeur d’opium. » Libération
« Boussole de Mathias Énard domine la rentrée littéraire. Plus ambitieux, plus savant, plus réussi que tant d’autres. L’érudition est là, sans limite, excessive, dynamitée par des ruades, des accélérations de l’écrivain qui sauvent le roman de l’écueil. L’exercice est admirablement mené, quasi parfait, formant un récit au cours puissant comme un fleuve. » Etienne de Montéty, Le Figaro Littéraire.
« Dans Boussole, le lecteur sent l’auteur attiré par un havre, dont il ne saurait faire son port d’attache mais qu’il oppose aux « simagrées » des bigots : la spiritualité. Cette voie n’est pas la sienne – paresse ou incomplétude ? Ainsi s’interroge l’intéressé à voix haute, sans pour autant répondre : c’est à la fois honnête et habile… » La Croix.