Valérie Rouzeau écrit en funambule. Ses mots, ses phrases tiennent à un fil, celui sur lequel elle s’élance pour une traversée ardente, sans balancier ni filet. Elle prend tous les risques, ne regarde pas où elle met les pieds (chaussure rouge à l’un, verte à l’autre, don d’un clown, peut-être ?), semble trébucher, mais jamais ne tombe. Elle avance portée par un élan vital, traversée d’émotions et de sensations à la fois débordantes et contenues. Va où, qu’importe : va loin, c’est certain.
“ Me mets en quarantaine pour faire mes lignes quoi d’autre
Me dégourdis les doigts sentiment sur la touche tac tac tac suis toquée
Me rassemble à l’index toc toc toc suis frappée
Ça peut durer longtemps de pianoter toujours et
de taper jamais
Si je perdais mon temps il me ferait ce coup-là
de me retrouver”
“ Que me coule douce la Seine j’y ai laissé ma main je n’en ai plus besoin c’était un coquillage
C’était toute pour des prunes
La main qui fait rougir fallait que l’écrevisse
J’ai noyé le chagrin et la gaieté me dure j’ai craché les noyaux ”