De Minembwe à Uvira, lieux difficiles à situer pour le profane sur une carte de l’Afrique, Lieve Joris a marché pendant sept semaines dans le Congo de l’est, non loin du Burundi et du Ruanda. Un pays de collines vertes, de la juxtaposition de peuples cultivateurs et de peuples éleveurs de vaches. Une région peu peuplée, résistante, restée à l’écart de la colonisation belge ; une région où se côtoient des ethnies et des tendances politiques pas forcément
d’accord entre elles. Un petit bout de carte qui est pourtant éminemment important dans la géopolitique de l’est africain.
Comme pour mettre un point final, après des années, à tout son travail de recherche affective, d’approche des contradictions, de suivi des conflits, d’empathie pour les habitants d’un pays que ses ancêtres ont colonisés, Lieve Joris a réalisé quelque chose de très simple : marcher, de village en village, souvent la première blanche jamais vue dans les parages, accompagnée d’un guide et de porteurs.
Lieve Joris est ici d’une franchise remarquable. Elle dit sa fatigue et son énervement, elle dit le souvenir ranimé des villages flamands de son enfance, sa tristesse d’accomplir ce voyage très peu de temps après le décès de sa mère ; elle dit la misère, l’usurpation des pouvoirs locaux, les débordements de la religion sur des esprits crédules. Avec Les Hauts Plateaux, elle marque la fin d’une période de sa vie, laissant ainsi deviner que le moment est venu de découvrir une autre partie du monde.
Mon oncle du Congo était le récit d’une voyageuse sur les traces d’un mythe construit durant l’enfance, Danse du léopard une immersion dans un Congo plongé dans le chaos, L’Heure des rebelles la fascination pour un homme de pouvoir dans ce chaos, fascination qu’elle n’avait pu écrire qu’à la troisième personne. Les Hauts Plateaux est comme une nécessité de revenir au « je », un récit de voyage linéaire, de jour en jour, pour dire « j’étais là,
voilà ce que j’ai vécu. »
Revue de presse :
- "Ce petit livre étincelant est aussi le fruit d’un état de féconde fragilité, puisque l’auteur vient de perdre sa mère. On y trouve une présence immédiate au paysage et à l’autre, la dureté des rapports autant que les moments de connivence : « Nous sommes ensemble », dit-on joliment dans ces régions lorsqu’on se comprend... Et quelle distance ironique sur soi-même ! Un conseil : regarder les photos après la lecture, pour que le regard soit nourri des émotions que le texte fait naître au fur et à mesure des rencontres. " Le Point, 2009
- "Lieve Joris a décidé de tourner sa page congolaise en faisant une dernière balade sur les hauts plateaux de l’Est. (...) Elle prendra son temps pour rencontrer, observer, rapporter avec son acuité habituelle : du journalisme mais en mieux, de la littérature du réel. Mais cette « descente » est aussi un chemin personnel et rapidement, Lieve Joris, qui a perdu sa mère quelques mois avant ce périple, comprend qu’aussi loin nos pas nous portent, c’est toujours soi que l’on finit par rencontrer (...)" Libération, 2009