Assise sur une chaise en formica du ciné-club de la Maison des Jeunes, Anne, quinze ans, a une véritable révélation, un soir de 1964, en voyant Jean-Paul Belmondo et Jean Seberg, les deux cinglés magnifiques d’À bout de souffle, s’aimer, se poursuivre et se tuer.
Touchée par la grâce, elle va se libérer du carcan lyonnais routinier où, seule entre ses parents paysans exilés à la ville et mangés par le travail, elle périt d’ennui.
Ses deux “plus que sœurs”, Marie, l’intello politisée, et Brigitte ; la sulfureuse comédienne au regard violet, vont bientôt communier avec elle dans le culte du dieu JLG, le seul auquel elles ont cru. Toutes les trois “ne veulent pas du pain, elles veulent toute la boulangerie”. Elles l’auront. Le succès, les hommes, les voyages. Les mariages, les enfants. Et les malheurs.
D’une écriture charnelle et acidulée, ce touchant hommage à l’amitié nous emporte tambour battant, avec gravité et légèreté, en noir et blanc et en couleurs, sur un chemin accidenté qui relie 1964 à 2014.