Ce volume rassemble deux longues nouvelles, deux « novellas » comme le précise l’auteur dans le titre et l’incipit. Au cœur de ces deux courts romans dont les correspondances sont évidentes, il y a la force de deux destins de femmes frappées par le malheur et l’adversité.
Dans « Tempête », Philipp Kyo revient sur l’île d’Udo trente ans après la mort tragique de son amante. Il avait vécu là une histoire d’amour avec Mary Song avant qu’elle ne se suicide, et ne s’en est jamais remis. Aujourd’hui, il tente de faire la paix avec ses fantômes. Il rencontre June, une très jeune fille elle-même aux prises avec une histoire familiale compliquée. June tombe amoureuse de cet homme tourmenté qui semble si bien la comprendre. Or Kyo entretient une relation secrète avec la pharmacienne de l’île. Quand June le découvre, elle tente de se noyer comme Mary Song. Cette tentative de suicide a un effet cathartique : June assume désormais son statut de « bâtarde » et Kyo se libère de ses hantises.
« Une femme sans identité » commence au Ghana : Monsieur et Madame Badou ont deux filles : Rachel, adoptée très jeune, et Abigaïl, « Bibi », leur fille biologique. Bientôt, les Badou quittent le Ghana pour la banlieue parisienne. Mais le couple ne tarde pas à divorcer. Les deux fillettes sont confiées à leur mère, et l’hostilité de Madame Badou, qui préfère ostensiblement Bibi, devient insupportable pour Rachel. Madame Badou se met en couple avec un dentiste, les deux jeunes filles sont livrées à elles-mêmes. Rachel devient SDF et zone dans Paris, hantée par la question de ses origines. Un jour, à Évry, une petite femme se présente à elle, qui prétend être sa mère. Elle lui raconte qu’elle a été violée et a du l’abandonner pour étouffer le scandale. Après cette révélation, Rachel reprend gout à la vie et s’engage dans une mission humanitaire.
Ces deux novellas forment un ensemble remarquable et cohérent. Le Clézio conjugue la force d’un imaginaire, la capacité à faire exister des décors singuliers, un regard pertinent sur le monde contemporain et un authentique talent de conteur.
Revue de presse
- Interview de J.M.G. Le Clézio dans Libération :
"Si la littérature a une responsabilité, c’est bien celle-là, c’est d’être un témoignage. Si l’on est témoin et qu’on ne le dit pas, qu’on ne l’écrit pas, si on est témoin et qu’on ne proteste pas, je pense qu’on manque, peut-être pas à un devoir mais on manque à une nécessité. Il me semble que l’humain est fait de cela." (J.M.G. Le Clézio)
- "Minuscules gestes et paroles tissent l’étoffe romanesque de Tempête. Le livre raconte en proposant des images, des évocations, espérant des magies et des rêveries, et s’il « fait voir » c’est à travers un filtre, derrière le voile d’un regard qui poétise." Le Figaro
- "(…) l’être humain selon Le Clézio aurait dû être un ange. Il y a dans ses livres la nostalgie d’un paradis perdu et la littérature, dès lors, est cette chanson des jours enfuis." Le Monde
- "J.M.G. Le Clézio n’a mis que des teintes sombres sur sa palette d’écrivain – sombres, mais étincelantes. Comme des gouttes qui forment un océan, les mots nuit, vent, tempête se répètent sans cesse, et drainent avec eux d’autres mots venus d’ailleurs, corps étrangers jetés à la mer, qui s’y agrègent et s’y décomposent pour lui donner sa force et sa couleur." Télérama
- "(…) plus encore que des hymnes à la tolérance ou des récits de rédemption, les deux textes de Tempête font triompher la créativité. Le rêve, la poésie et l’imagination qui seuls permettent de renaître ou de s’inventer une vie nouvelle." Elle