Concert de musique classique au théâtre Chateaubriand

Les rêveries d’un promeneur en Orient ou l’itinéraire de Venise à Jérusalem.

Conçu et joué par Muriel Huth-Lafon en compagnie de Isabelle Poulenard (soprano) et Olivier Baumont (clavecin), ce spectacle mêle les textes de Chateaubriand, Julien, Gœthe et Byron, aux musiques de Monteverdi, Purcell, Couperin, Beethoven et Rossini. La scène se passe à Venise.

Cette production bénéficie du soutien de Reinhard von Nagel, Facteur de clavecins à Paris.


Après avoir séduit, en mai et décembre 2006, un fort nombreux public à la Vallée-aux-Loups, le spectacle Les rêveries d’un promeneur en Orient ou l’itinéraire de Venise à Jérusalem part à la conquête de Saint-Malo.

© Ch. Guérin

Lorsqu’il quitte Paris le 13 juillet 1806, accompagné de Madame qu’il laissera à Venise, Chateaubriand, selon sa formule, va « chercher des images » pour enrichir son roman-épopée Les Martyrs, qui paraîtra en 1809. L’anime aussi, après ses aventures en Amérique, le désir de connaître l’autre versant du monde. Enfin, le pèlerinage à Jérusalem semble une évidence pour l’auteur du Génie du christianisme. Il retrouve Paris onze mois plus tard, « après avoir fait le tour entier de la Méditerranée, visité Sparte, Athènes, Smyrne, Constantinople, Rhodes, Jérusalem, Alexandrie, le Caire, Carthage, Cordoue, Grenade et Madrid », comme il l’écrit à la fin de son récit de voyage.

Publié en 1811, l’Itinéraire de Paris à Jérusalem et de Jérusalem à Paris se révèle être un livre d’observation du présent, avec des scènes de mœurs inquiétantes ou cocasses, des descriptions de paysages grandioses, des rencontres attachantes. Mais « l’Enchanteur », en honnête homme pétri de culture classique, nourrit son regard des lectures bibliques, d’Homère (l’Iliade, l’Odyssée), de Virgile (l’Enéide) ou du Tasse (la Jérusalem délivrée). Devant un simple cours d’eau, il ressuscite les armées d’Alexandre et de Darius qui s’affrontent sur ses rives. Sous ses yeux, Godefroy de Bouillon et Tancrède partent à l’assaut des murailles de Jérusalem, défendues par Saladin. Et s’il visite les ruines de Carthage, c’est au côté de la reine Didon, d’Hannibal et de Scipion l’Africain.

lithographie de Aubry-Lecomte (1823), d’après Girodet-Trioson
© Société Chateaubriand / Maison de Chateaubriand

Rêveries et réalités, mythologie et faits historiques s’entremêlent au gré des sept chapitres et 450 pages de Chateaubriand, tandis que Julien, son fidèle valet de chambre qui l’accompagne, livre dans les 30 pages de son Journal sa vision du périple, entre réassortiment des batteries de cuisine, chute de cheval et service du punch sur un navire autrichien.

Dans la décennie suivant ce grand tour méditerranéen, nombre d’artistes manifestent une même curiosité pour ces pays chargés d’histoires mythiques, mais aux territoires encore bien peu explorés. Byron s’y risque en 1809 et publie le Pèlerinage du Chevalier Harold (1812) puis Quatre Contes orientaux (1814), pendant que Goethe écrit le Divan oriental et occidental et que Rossini compose l’Italienne à Alger (1812) et le Turc en Italie (1814).

Fortement marquée par l’Orient, Venise s’associe à ces aventures littéraires et musicales : après un séjour de Goethe en ses canaux, Chateaubriand s’embarque de ses quais, Rossini vient y créer son premier opéra orientaliste et Byron s’y installe à la fin de 1816. C’est donc tout naturellement que la soirée consacrée à l’Itinéraire de Paris à Jérusalem se déroule … à Venise.

Au printemps de 1817, avant de se rendre à la Fenice pour écouter le Turc en Italie, trois amis se retrouvent chez l’un d’eux, qui vient de recevoir une copie du Journal de Julien. Ils décident alors de « voyager dans un fauteuil » et de visiter la Grèce, Constantinople, la Terre Sainte, l’Egypte et Carthage à travers les regards croisés de Chateaubriand, de ses contemporains et des musiciens qui, au fil des siècles, s’inspirèrent des grands textes classiques pour que, par le chant, renaissent Didon, Tancrède ou le prophète Jérémie.

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