Maurice Noguès fut un très grand pilote, héroïque et méconnu. Le premier vol de nuit pendant la Grande Guerre, c’est lui qui l’accomplit. Ensuite il inaugure les premiers vols de nuit commerciaux en 1923, le premier voyage Paris-Moscou en 1924, le premier Paris Téhéran en 1925, la première liaison totale jusqu’à Saïgon en février 1930. (A noter que Mermoz traversa l’Atlantique Sud trois mois après - mai 1930 - et que les premières traversées régulières de l’Océan datent de 1935.)
La ligne compte plus de douze mille kilomètres, traverse treize pays, coupe huit fleuves, survole onze mers, treize chaînes de montagne et trois déserts.
A l’origine, dix jours sont nécessaires. Il faut changer plusieurs fois d’avion et accomplir un trajet en automobile. L’idéal serait de pouvoir rallier Saïgon avec un seul engin. Ce sera le Dewoitine D-332, baptisé Émeraude, fulgurant appareil qui bat 4 records avant d’accomplir un vol triomphal vers Saïgon. Des personnalités ont pris place à bord. Au retour, s’ajoutent Pierre Pasquier, Gouverneur général d’Indochine, et son officier d’ordonnance.
L’avion, attendu au Bourget pour une cérémonie officielle, s’arrête à Lyon : problèmes mécaniques et conditions atmosphériques détestables ont persuadé Maurice Noguès et le pilote d’attendre jusqu’au lendemain. Mais un ordre leur intime de repartir. L’Emeraude s’écrase dans le Morvan. Il n’y a aucun survivant. Seules survivent des énigmes. Comment cet accident a-t-il pu se produire ? Pourquoi le grand Maurice Noguès est-il tombé dans l’oubli ?
C’est une histoire de fatum. Deux hommes. L’un n’a en tête que l’aviation, l’autre n’a en tête que l’Indochine. Chacun a consacré sa vie à sa passion. Le sort les rassemble. Ils sont dans le même bateau, ou plutôt sur le même avion. Leurs exigences croisées font que le bâtiment coule, ou plutôt que l’avion s’écrase.