« Haletante, le corps moite et infatiguable, on l’entend de loin remuer, bruire, siffler. Insomniaque, noctambule, les yeux grands ouverts et les oreilles insensibles, le Caire est, avec ses vingt millions d’habitants, une mégapole gorgée par le flux et le reflux des moteurs, des klaxons, des coups de freins incertains mêmés au millier d’appels réguliers et impavides, enregistrés sur casette, des muezzins... » Née en 969 à la jonction heureuse de la vallée du Nil et du Delta, l’acienne Fursât, qu’on appellera Al-Qâhira, Le Caire, autrement dit « La victorieuse », a un goût à la fois âcre, doux, rude, tendre et violent. Epuisante, inépuisable et surprenante, on ne sort jamais indemne des contrastes, des contradictions de cette cité d’hier et d’aujourd’hui. Le Caire impose son rythme, sa loi et finit par susciter l’envie d’écrire, de sortir de son objectif, d’éprouver de la passion pour elle, pour ses merveilles, malgré son laisser-aller. L’écrivain Abdelkader Djemaï et le photographe Philippe Dupuich croisent leurs regards et nous transportent par le texte et la photo, au gré de leurs déambulations, au cœur de la ville des mille et une nuits. Un « Caire à corps » tantôt délicat, tantôt bouillonnant mais toujours bénéfique pour (re)découvrir la plus belle et la plus turbulente des cités d’Orient.