« J’avais seize ans et je n’aimais pas la mer. » Pourtant, à seize ans, même si on n’est pas copain avec la mer, on n’a pas forcément le cœur dur comme la pierre des volcans. Voilà que son grand-père maternel, un veuf de soixante-douze ans qui n’a jamais voyagé, décide de s’offrir ce qui sera sa première et dernière escapade : embrasser sur la bouche la Méditerranée, rendre visite à cette grande soupe salée !… Une mystérieuse virée en taxi, en solitaire. En a-t-il rêvé de la mer, ce patriarche ? Ou l’a-t-elle appelée au rendez-vous, la défunte grand-mère, qui parlait aux coccinelles ? À l’aide de douze clichés trouvés dans l’enceinte d’une usine à l’abandon, l’adolescent remonte le fil de l’histoire… Les images mêlent deux séries de Jean-André Bertozzi : l’une, Causa Democratica (2000-2004), résultat de plusieurs voyages au nord de la Sardaigne, dans la région de Porto Tores ; l’autre, Espaces et doutes (2005), issue d’un séjour en Syrie, à Damas. À travers paysages urbains ou de bord de mer, les photographies suggèrent la poésie qui se cache dans la banalité du quotidien.