Mais qu’est-ce qu’une route bleue ? me direz-vous. Je n’en sais trop rien moi-même. Il y a le bleu du grand ciel, bien sûr, il y a le bleu du fleuve, le majestueux Saint-Laurent, et, plus loin, il y a le bleu de la glace. Mais toutes ces notions, ainsi que quelques autres qui me viennent à l’esprit, si elles parlent à mes sens et à mon imagination, sont loin d’épuiser la profondeur de ce « bleu ».[…] Peut-être la route bleue est-elle ce passage parmi les silences bleus du Labrador. Peut-être l’idée est-elle d’aller aussi loin que possible – jusqu’au bout de soi-même – jusqu’à un territoire où le temps se convertit en espace, où les choses apparaissent dans toute leur nudité et où le vent souffle, anonyme. Peut-être. La route bleue, c’est peut-être tout simplement le chemin du possible. De toute façon, je voulais sortir, aller là-haut et voir.