Si l’on connaît la fameuse aventure de lord Byron avec sa demi-soeur Augusta Leigh, on sait moins que naquit de cette union incestueuse, en 1814, une fille nommée Medora. Cet enfant du scandale va connaître un destin romanesque que Frédéric Jacques Temple a reconstitué à travers une enquête précieuse sur le plan historique comme littéraire. Après une enfance hantée par la figure d’un père à la fois maudit et héroïque, Medora Leigh sera séduite à l’adolescence par son propre beau-frère. Elle devra s’expatrier en France pour cacher ses amours et une enfant illégitime. A la suite de revers de fortune, elle se retrouvera domestique à Saint-Germain en Laye. Là elle rencontrera Jean-Louis Taillefer, ordonnance du général de Gramont, qu’elle épousera avant de se retirer à Lapeyre, petit village de l’Aveyron. Elle y mourra à trente-cinq ans en 1849. Son fils, Elie, le petit-fils de lord Byron, s’éteindra lui à Sète, en 1900. Cette existence empreinte de tragique, qui oscille entre la richesse et le dénuement, les salons parisiens ou la France rurale, évoque aussi un monde et une époque illuminée par le poète démiurge du Romantisme.