Comment gagner sa vie honnêtement est un texte autobiographique, qui inaugure un cycle intitulé : « La vie poétique - une histoire de France ». Le projet ambitieux de Jean Rouaud est de restituer la vie de la société française de la deuxième moitié du XXe siècle à travers son itinéraire personnel, mêlant les faits réels, les anecdotes vécues, et les émotions poétiques, littéraires, esthétiques qui ont jalonné ce parcours. Il nous livre ainsi une peinture d’époque, minutieuse et colorée : la jeunesse dans l’Ouest pluvieux, les petits boulots, les modes vestimentaires, la contestation et les communautés, l’auto-stop, le refus du salariat (voir le titre, tiré d’une citation de Thoreau) et de la vie bourgeoise, les expériences amoureuses (compliquées pour un fils des provinces catholiques), la vie étriquée des désargentés dans une mansarde avec « la compagne des jours tristes », l’attrait de l’Extrême-Orient, le basculement du monde d’une civilisation rurale vers une urbanité déréglée, tout cela éclairé par la rencontre, à cinquante ans, de « la fiancée juive » dont l’amour fournit une clé aux errances passées.
Chateaubriand, Thoreau, Rimbaud, Kerouac, Cassavetes accompagnent ce récit charmant et sensible, dont le fil se déroule au gré des souvenirs, dans un désordre savamment orchestré. On se laisse ainsi porter par une voix intelligente et mélancolique, à travers les méandres d’un récit qui parvient à marier de façon très convaincante l’intime et le collectif.
Revue de presse
- "Le onzième roman de Jean Rouaud témoigne d’une inspiration toujours en mouvement." L’Humanité
- " En ces années soixante-dix, cadre du récit que nous lisons, Rouaud a fait le choix d’une « vie poétique ». Elle ressemble à celle de bien des jeunes de l’époque, et s’en distingue tout autant." La Quinzaine littéraire
- " C’est le prestige des vagabonds de se regarder passer et Rouaud n’a pas renié les maîtres de sa jeunesse, qui s’appelaient et s’appellent encore Thoreau et Kerouac, Rimbaud et London. Et Chateaubriand, bien sûr, n’oublions pas le pèlerin fondamental. « Tu sais ce qu’on demande à un auteur aujourd’hui, pour suivre le tempo du monde ? D’écrire vite, tout en ellipse et suspension. Fini le grand style. » Mais non. Ce n’est pas fini et ça ne finira jamais. La preuve par Rouaud. Le Nouvel Obs
- " Jean Rouaud change de focale, opère un gros plan sur des périodes de sa chronologie qu’il avait jusqu’ici laissées en fond cle scène, ou revient sur un fait déjà largement évoqué avec un angle dè vue différent. En outre, Comment gagner sa vie honnêtement, sous-titré La vie poétique, I, ne porte pas la mention « roman » contrairement à ses premiers livres." (...) Jean Rouaud n’épargne pas les travers de cette jeunesse qui mettait le mot révolution à toutes les sauces (...) Mais Rouaud le fait avec une douce ironie, qui, on l’a vu, ne l’épargne pas lui-même, et qui est une des marques de son écriture, agile, espiègle, parfois proche d’une certaine oralité.
Politis
- "On le reconnaît dans une foule à ce qu’il est le seul à se décaler instinctivement, légèrement à part, à distance raisonnable du chœur des thuriféraires. (...) On est touché par une reconnaissance de dettes qui englobe Chardin et Cassavetes, Jeremiah Johnson et la Tristessa de Kerouac. On le croyait légèrement à l’ouest, perclus de mélancolies, on le découvre à l’Est d’Eden et de Campbon (Loire-Inférieure). La République des Livres, Blog de Pierre Assouline