« Mes lectures n’ont plus beaucoup d’usage maintenant. Il fait nuit sous ta jupe, fait nuit dans ta blessure, nuit aussi sur mes chemins… Il fait nuit sous ton pull, fait nuit sur tes seins. Ne pas compter sur moi pour t’apprivoiser. Ne pas compter sur moi, ne rien dire à personne. Ça partira bien tout seul. Ça partira une fois de plus à l’eau de Javel. Ça partira. Il fait nuit. Et il neige sur ta face… » « Il y a quelques inconvénients à être petit. Etre moqué du regard, écarté d’un revers de main, poussé du pied, parfois. Bousculé, du corps ou de l’âme. Quelques avantages, aussi. Regarder les dessous du monde. Respirer, à bord de terre, les parfums qui s’y accrochent. S’habituer à l’ombre. Se contenter du ras. Ce qui ne dépasse pas… Y ressent-on mieux l’absence de l’amour ? N’y voit-on, de la femme, que ce qui ne la distingue pas ?… Sans doute, on manque de voix. Il faudrait crier fort, sauter sur ses pieds, pour être entendu, écouté. Alors on écrit des lettres, des lettres humbles car on a eu le temps, tous ces longs jours durant, d’apprendre l’humilité, en ne grandissant pas. Des lettres de sa petite voix, pleine de chats ; à celle, toujours identique, jamais la même, celle qui n’existe pas… nous nous surprenons à tendre l’oreille, à nous pencher, à prêter attention ; nous qui avons si bien désappris la générosité… Lui, si petit, et nous si grands… » Eric Mèle (extrait de la préface)