Sous le pseudonyme Baltique « Le grand homme à tête de mouton eut le tort de persifler :- J’essaierai ce soir chez moi, Monsieur le Président.- Non, non, tout de suite !Nul ne résistait au ton impérieux de mon maître, et le grand homme à tête de mouton se mit à quatre pattes dans la terre boueuse du chemin. Bien entendu, il était gauche. Question d’habitude ! Il risqua quelques enjambées maladroites, il rougit comme une pivoine au soleil. Mon maître riait et applaudissait, j’aboyais, j’avais envie de jouer.Mon maître sortit de sa poche ma balle jaune.- Et maintenant, dit-il, on va voir qui me rapporte en premier la baballe.- Monsieur le Président, non...- Mais si, mais si. Comment croyez-vous que Rocard soit devenu Premier ministre, hein ? Il n’a pas rapporté la baballe avant Baltique, mais il a essayé, au moins. Votre ami Emmanuelli y arrive presque, mais c’est un terrien, lui, et il a de grands bras. Hop !Il lança. Je bondis. Je gagnai sans mérite. Le monsieur à tête de mouton avait dérapé, il était tombé à plat ventre dans une flaque.- Ça suffit, dit mon maître à ce mauvais compagnon de jeu. Redressez-vous, vous êtes grotesque. On n’a pas idée de se salir comme ça !L’autre était crotté. Il soufflait fort, essuyait ses hublots. Je sentais qu’il rentrait sa colère. »On a attribué à la chienne Baltique un ouvrage exploitant la disparition de son maître. Elle n’a aboyé aucun démenti. Une fois respecté le délai de décence, elle a simplement décidé de rendre publics ses souvenirs les plus intimes, qu’elle avait confiés il y a peu au docteur Patrick Rambaud. Les droits d’auteur de l’animal seront intégralement versés, à sa demande, à la fourrière de Jamac et à l’Amicale des corniauds du Morvan.