L’exploitation des richesses du Nouveau Monde, les guerres de religions et la soif de liberté, firent fleurir aux Indes occidentales une autre catégorie de marginaux de la mer, demi-caste tantôt adulée, tantôt vilipendée, suivant le besoin que l’on en avait : les flibustiers. Pirates, corsaires, flibustiers sont devenus des thèmes récurrents dans la littérature et le cinéma.Il est rare de voir présenter, agissant de concert sous un même commandement, des vaisseaux du roi et des frégates flibustières, des troupes régulières et des habitants de la Côte - planteurs, flibustiers ou nègres. L’expédition de Carthagène est l’une de ces exceptions. À la fin du XVIIe siècle, la politique de grandeur du Roi-Soleil a vidé les caisses de l’État. Même la capitation, pourtant créée spécialement pour couvrir les dépenses de guerre, ne suffit plus pour soutenir l’effort militaire. C’est donc assez donc facilement que le roi se laisse convaincre qu’il peut aller se servir directement dans les coffres que l’Espagne possède en Amérique. L’expédition de Carthagène est mal connue, bien que souvent citée. Il s’agit pourtant de l’ultime engagement entre France et Espagne avant le traité de Ryswick et les quinze ans de paix qui suivirent. Les deux grands protagonistes sont des pyrénéens : Pointis est le seul amiral commingeois et Ducasse est béarnais. Le duc de Saint-Simon écrit dans ses Mémoires : « Cette expédition, qui a tout à fait l’air d’un roman, fut conduite avec un jugement, et, dans l’exécution, avec une présence d’esprit égale à la valeur. » Nous sommes tentés de la qualifier d’opera seria ; un opéra créé pour Louis XIV, produit par Pontchartrain ; livret, musique et mise en scène du baron de Pointis ; exécuté par la troupe et l’orchestre de la marine royale, avec le concours du choeur des flibustiers, Ducasse coryphée. En 1999, Jean-Yves NERZIC rencontre Christian Buchet qui avait soutenu une maîtrise sur « L’expédition de Carthagène, 1697 ». « Marins et flibustiers du Roi-Soleil - Carthagène 1697 » est le résultat de la synthèse de leurs efforts respectifs. Tenant la plume pour deux, Jean-Yves NERZIC a fait un travail d’historien : rien n’est mentionné qui n’ait été contrôlé. Il s’est également attaché à montrer comment à l’époque les honnêtes hommes avaient perçu l’affaire, même si, dans certains cas, la proximité des faits rendait Saint-Simon, Dangeau, des Souches, Voltaire, Louis XIV même, moins objectifs.