Michel Le Bris met en lumière les enjeux des fictions de Stevenson, fait découvrir l’univers de l’écrivain à travers ses oeuvres et sa vie.
Michel Le Bris met en lumière les enjeux des fictions de Stevenson, fait découvrir l’univers de l’écrivain à travers ses oeuvres et sa vie.
« Nous naissons, nous grandissons, le plus souvent sans même en prendre la mesure, dans le bruissement des milliers de récits, de romans, de poèmes, qui nous ont précédés. Sans eux, sans leur musique en nous pour nous guider, nous resterions tels des enfants perdus dans les forêts obscures. N’étaient-ils pas déjà là qui nous attendaient, jalons laissés par d’autres en chemin, dessinant peu à peu un visage à l’inconnu du monde, jusqu’à le rendre habitable ? Ils nous sont, si l’on y réfléchit, notre première et notre véritable demeure. Notre miroir, aussi. Car dans le foisonnement de ces histoires, il en est une, à nous seuls destinée, de cela, nous serions prêt à en jurer dans l’instant où nous nous y sommes reconnus – et c’était comme si, par privilège, s’ouvrait alors la porte des merveilles.
Pour moi, ce fut la Guerre du feu, « roman des âges farouches » aujourd’hui quelque peu oublié. En récompense de mon examen réussi d’entrée en sixième ma mère m’avait promis un livre. Que nous étions allés choisir solennellement à Morlaix. Pourquoi celui-là ? La couverture en était plutôt laide, qui montrait un homme aux traits simiesques fuyant, une torche à la main. Mais dès la première page tournée… Je fus comme foudroyé. Un monde s’ouvrait devant moi…
Mon enfance fut pauvre et solitaire entre deux hameaux du Finistère, même si ma mère sut faire de notre maison sans eau ni électricité un paradis, à force de tendresse et de travail. J’y ai découvert la puissance de libération des livres, par la grâce d’une rencontre miraculeuse avec un instituteur, engagé, sensible, qui m’ouvrit sans retenue sa bibliothèque.
J’ai voulu ce livre comme un acte de remerciement. Pour dire simplement ce que je dois au livre. Ce que, tous, nous devons au livre. Plus nécessaire que jamais, face au brouhaha du monde, au temps chaque jour un peu plus refusé, à l’oubli de soi, et des autres. Pour le plus précieux des messages, dans le temps silencieux de la lecture : qu’il est en chacun de nous un royaume, une dimension d’éternité, qui nous fait humains et libres. »
L’auteur californien Jack London était un symbole de tous les vertus et vices de la société américaine au tournant du siècle. Ses histoires, qu’il tirait de sa propre vie, brève et turbulente, apportaient au roman un réalisme nouveau et faisait de lui l’écrivain à grand succès le plus connu du monde.
Suivi d’une rencontre autour de l’oeuvre et vie de Jack London.
L’extraordinaire épopée de la piraterie caraïbe du XVIIe siècle : des personnages à la réputation sanglante, des brutes féroces détruisant tout sur leur passage, mais aussi des révoltés, dressés contre l’injustice, désireux de s’affirmer comme alternative à la société.
Martin Johnson (1884-1937) fut un des pionniers du cinéma documentaire et de la photographie de la vie sauvage. En compagnie de sa femme Osa (1894-1953), devenue à la fois sa partenaire et l’héroïne de ses films, sa vie fut un véritable roman digne des plus grands aventuriers.
Chasseurs d’images hors du commun, les Johnson explorèrent tout d’abord les mers du Sud, sur les traces de Jack London, à la recherche des cannibales et des chasseurs de tête.
Puis, commandités par le Musée d’Histoire Naturelle de New York, ils saisirent pendant près de quinze ans, au mépris du danger, des milliers d’images extraordinaires des splendeurs de l’Afrique sauvage. Ils réalisèrent ainsi les premiers films sur le roi des animaux, sur les pygmées de la forêt d’Ituri, les premières prises de vues aériennes du mont Kenya et du Kilimandjaro…
"Les Amants de l’Aventure" retrace la vie incroyable de Martin et Osa Johnson, qui, dans la première moitié du XXe siècle, permirent à des millions d’américains de s’ouvrir à l’inconnu.
Michel Le Bris est écrivain et créateur du plus singulier des festivals de littérature de la planète : celui des "Étonnants Voyageurs" de Saint-Malo.
Face au succès considérable de ces rencontres, qui réunissent chaque année 150 écrivains du monde entier et 50 000 visiteurs, l’idée est née, chez Michel Le Bris, d’essaimer les "Étonnants Voyageurs", de tisser autour de la planète un fil invisible reliant les amoureux de littérature et d’aventure.
De janvier à avril 2000, nous l’avons suivi dans son combat pour donner vie à cette belle idée. De la Bretagne au Montana, de la Californie au Mali, de Paris à Dublin, à travers les interviews de Michel Le Bris et d’écrivains célèbres ou non, ce film raconte, au rythme d’un roman d’aventures, l’étonnant voyage de cet étonnant voyageur, et rend perceptible ce qui anime ce pirate breton fier de ses racines et attaché à les faire rayonner.
Suivi d’une rencontre
Les pirates... Des personnages souvent terribles, de véritables monstres, que, pourtant, toute une mythologie rend fascinants. Barbe Noire, Rackham Le Rouge, Francis Drake, où s’arrête l’histoire et où commence la légende ?
Présents à toutes les époques et sur toutes les mers du globe, ils connaîtront leur âge d’or au XVIIème siècle, aux Antilles, dans la mer des Caraïbes et le golfe du Mexique. La piraterie s’est, au fil des années, organisée et est devenue une véritable société parallèle égalitaire.
C’est l’extraordinaire épopée de la piraterie Caraïbe que le film propose de revivre.
Ils furent, dans les années 20, les grandes stars de l’aventure. Lui, Martin Johnson, compagnon dans sa jeunesse de Jack London, inventa le cinéma animalier. Elle, Osa, la plus glamour des risque-tout, inspira l’héroïne du film King Kong. D’eux, Hemingway écrivit qu’ils furent les premiers à briser les clichés sur l’Afrique des ténèbres. Martin et Osa Johnson, pour toute l’Amérique, les « amants de l’aventure »…
De la croisière du Snark dans les mers du Sud, aux côtés de Jack London, aux voyages de tous les dangers dans la jungle de Bornéo et parmi les coupeurs de têtes de Malekula, puis à la découverte émerveillée d’une Afrique des premiers âges du monde, ce film, nourri d’images à couper le souffle de Martin Johnson, soigneusement restaurées, a obtenu le Grand Prix Jules Verne 1999 du film d’aventure.
La vie de Martin et Osa Johnson a également inspiré à Michel Le Bris un roman, La beauté du monde, finaliste du dernier prix Goncourt.
1959-1989 : les trente années qui ont changé la Bretagne. Sur des images-choc, le récit d’une révolution : celle qui fera rentrer la Bretagne dans le monde moderne. Passage de la polyculture traditionnelle à la culture intensive de l’artichaut et du chou-fleur, crise violente de mévente, soulèvement paysan comme la France n’en avait jamais connu dans le siècle, véritable guerre civile, mobilisation des élus tous partis confondus : en quelques années la Bretagne sort par la force d’un quasi Moyen-Age. 1962 : plan routier breton, première ligne SNCF électrifiée, Télécoms à Pleumeur-Bodou, arrivée de la télévision — et aussi victoire de Rennes en coupe de France de football, victoire de Tabarly dans la Transat en solitaire, inauguration de l’usine du Joint Français comme usine modèle d’une nouvelle Bretagne. La grève du Joint Français en 1972 sonne comme un avertissement : dix ans pour que la Bretagne « moderne » entre en crise. Et une question de plus en plus actuelle : quelle sera la Bretagne de demain ? Les images proposées ici de la « guerre de l’artichaut », faute de télévision en Bretagne, à l’époque, n’avaient jamais été vues — elles ont suscité un véritable choc lors de leur diffusion, en 1989.
Fidèle à l’appel constant des autres rives et des antipodes, dans l’ardente continuité de ses quatre premiers numéros – Galaxies identitaires, De l’imaginaire et des pouvoirs, La guerre et la paix et Traduire le monde –, la revue Apulée poursuit sa double investigation : face aux bouleversements de l’actuel et dans l’espace inaliénable de la création toujours en devenir.
Dans cette cinquième livraison, c’est le tissage et le métissage des langues – avec au cœur la traduction à l’origine des grands humanismes tant méditerranéens qu’occidentaux – qui sont à l’honneur.
Essayistes, romanciers, nouvellistes, traducteurs, plasticiens et poètes nous rappellent au choix impérieux de l’éveil, du qui-vive et de la parole libre face aux pires dérives, en cette période de régression identitaire, de puérilisme généralisé et de démission compulsionnelle. Avec à l’esprit l’injonction de Lautréamont : « Toute l’eau de la mer ne suffirait pas à laver une tache de sang intellectuel. »
Avec des contributions notamment de : Ambedkar, Yahia Belaskri, Pascal Blanchard, Jean-Marie Blas de Roblès, Selahattin Demirtaş, Miquel de Palol, Ananda Devi, Mahasweta Devi, Delphine Durand, François-Michel Durazzo, Edmond Amran El Maleh, Aslı Erdoğan, Anna Gréki, Hubert Haddad, Alexis Jenni, Mohammed Khaïr-Eddine, Michel Le Bris, Ma Jian, Dory Manor, Albert Memmi, Laure Morali, Bernard Noël, Cécile Oumhani, Catherine Pont-Humbert, Jean Portante, Jean Rouaud, Éric Sarner, Kenza Sefrioui, Michael Sfard…
Deux jeunes gens sortent sonnés de la Grande Guerre. L’un, Ernest Schoedsack, a filmé l’horreur dans la boue des tranchées ; l’autre, Merian Cooper, héros de l’aviation américaine, sérieusement brûlé, sort d’un camp de prisonniers. Ils se rencontrent dans Vienne occupée, puis se retrouvent à Londres où naît le projet qui va les lier pour la vie. Comment dire la guerre ? Comment dire ce puits noir où l’homme s’est perdu – et peut-être, aussi, révélé ? Pas de fiction, se jurent-ils : le réalisme le plus exigeant. S’ensuivent des aventures échevelées : guerre russo-polonaise, massacres de Smyrne, Abyssinie, épopée de la souffrance en Iran, tigres mangeurs d’hommes dans la jungle du Siam, guerriers insurgés au Soudan…
Leurs films sont à couper le souffle. On les acclame : « Les T.E. Lawrence de l’aventure ! » lance le New York Times. Eux font la moue. Manque ce qu’ils voulaient restituer du mystère du monde. Déçu, Cooper renoncera quelque temps – pour créer avec des amis aviateurs rien moins que… la Pan Am ! – avant d’y revenir.
Ce sera pour oser la fiction la plus radicale, le film le plus fou, pour lequel il faudra inventer des techniques nouvelles d’animation. Un coup de génie. Une histoire de passion amoureuse, mettant en scène un être de neuf mètres de haut, Kong, que l’on craint, qui épouvante, mais que l’on pleure quand il meurt… Le film est projeté à New York devant une foule immense, trois semaines avant qu’Hitler ne prenne les pleins pouvoirs.
Sur un air de jazz mélancolique ou joyeux, entre années de guerre et années folles, Michel Le Bris nous offre une fresque inoubliable. On y croise des êtres épris d’idéal, des aventurières, des héros, des politiques, des producteurs, des actrices, et bien sûr un immense singe que l’on aime craindre et aimer, moins sauvage que l’homme…
Voici le premier roman qu’écrivit Robert Louis Stevenson, resté jusqu’à ce jour à l’état de manuscrit. Une lettre de Stevenson, datée de mai 1877 l’annonçait avec enthousiasme : « Sonnez tambours, résonnez trompettes ! je suis embarqué sur – trompettes, tambours –un roman ! » Quelques jeunes gens de Cambridge décident à l’instant d’entrer dans la vie adulte, de s’en aller bâtir ailleurs un monde plus accordé à leurs désirs. Ils n’ont sur la question que des idées fort vagues, des penchants bohémiens, et la promesse d’une mystérieuse malle en cuir. Assez pour commencer à rêver aux îles des Navigateurs, dans les mers du Sud. Mais ils ne se doutent pas qu’ils auront à vivre pour cela bien des aventures, cambriolages, fuites nocturnes, île déserte à l’ouest de l’Écosse, bataille navale, tempête… Entrepris parallèlement aux Nouvelles Mille et Une Nuits, La Malle en cuir se voulait le roman des temps de bohème. Les épreuves du voyage en Californie devaient transformer profondément l’écrivain et clore pour lui cette époque : l’œuvre, pourtant presque achevée, ne fut pas terminée. Manquaient les derniers chapitres. Michel Le Bris, qui découvrit le manuscrit dans une bibliothèque américaine au bout d’un véritable jeu de piste, a utilisé sa connaissance approfondie de Stevenson pour imaginer la suite de son projet : la fin est tout aussi savoureuse que le roman lui-même.
Michel Le Bris achève un manuscrit de Stevenson sur Culturebox !
"Dans la salle enfumée du bistrot de marins, des noms passaient, que l’on aurait dit des soupirs portés par le vent battant les volets clos : Mascareignes, Terre de Feu, Veracruz - et c’était comme si les murs, alors, se reculaient jusqu’au bout de la terre. Le jour revenu, je courais de rocher en rocher, tandis que les cargos s’éloignaient vers le large, et je restais des heures à fixer l’horizon : là-bas, derrière la ligne bleue où ils disparaissaient, il y avait des mondes, effrayants et splendides, et, à n’en pas douter, des îles de corail sous les cieux sans nuage. Un jour, moi aussi, je m’en irais ! Je m’en allais déjà, le nez dans la poussière de mon grenier, avec pour seul témoin le ciel, par l’étroite lucarne, pour seuls complices les grands chevaux de l’empire des nuages, tandis que je tournais les pages de mes trésors, Curwood, Stevenson, Jack London, le Journal des voyages - et chaque livre, alors, m’était comme une porte qui ouvrait sur des mondes. Je suis parti. Du moins j’ai essayé. Voici quelques fragments de ce qui m’attendait, derrière la ligne d’horizon."
Grand connaisseur de l’Amérique des années 1920, Michel Le Bris nous propose un retour sur les grands événements politiques, culturels et... Grand connaisseur de l’Amérique des années 1920, Michel Le Bris nous propose un retour sur les grands événements politiques, culturels et sociaux de cette période : les comédies musicales de Broadway, l’incroyable croissance de Harlem, l’explosion du cinéma à Hollywood, la naissance du « Cercle de l’Algonquin », l’intérêt nouveau pour l’Afrique ; le jazz, la prohibition et le gangstérisme, la montée du Ku Klux Klan, le duel créationnisme / darwinisme… une folle période qui s’achève, bien sûr, avec la grande crise de 1929. Dans un récit truculent, Michel Le Bris met au jour, grâce à des anecdotes qui sont de véritables perles, des histoires oubliées. Il raconte par exemple l’origine du Charleston, danse qui avait au départ une portée idéologique : face à la recrudescence du racisme, il s’agissait de rappeler, avec de grands gestes de bras, que nous descendons tous du singe. Le livre s’ordonne en 24 histoires : 24 coups de projecteur qui permettent d’explorer l’ambiance si singulière de ces années, appelées les « années jungle » en référence au style jungle inventé par Duke Ellington. Et nous découvrons avec surprise l’étonnante similarité, à bien des égards, de cette époque avec la nôtre. Une plongée accompagnée par une iconographie très riche, et par un CD de 90 morceaux enregistrés à l’époque. 4 morceaux par chapitre, sélectionnés et commentés avec précision par Patrice Blanc-Francard : une BO idéale pour accompagner la lecture.
Ensemble d’histoires magnifiques, extraordinaires, fabuleuses, héroïques, bouleversantes, hilarantes et d’anecdotes savoureuses sur ces explorateurs "doux dingues", qui ont réussi des exploits : descente du canal de Suez en canoe avant son ouverture, traversée du désert de Gobi, explorateur aveugle, etc. Que cherchaient-ils, ceux là, qui, au fil des siècles, se risquèrent par-delà l’horizon ? Face à l’inconnu, il est deux attitudes qui séparent ceux que l’on rassemble sous le seul nom d’explorateurs : ceux qui le traquent pour l’éradiquer, comme s’ils lui en voulaient, et devant l’obscur d’une forê tcalculent déjà les stères de bois qu’ils y débiteront, et puis ceux qui s’y enfoncent dans l’espoir de s’y perdre et que « l’ailleurs » promis ne se transforme pas en un nouvel « ici ». On aura compris vers lesquels vont mes préférences... Voici donc quelques-uns des songe-creux, forbans, risque-tout, rêveurs de royaumes, escrocs chimériques qui m’ont accompagnés depuis l’enfance, porteurs d’histoire héroïques, bouleversantes, hilarantes - comme Rob Roy MacGregor qui réussit l’exploit de descendre le canal de Suez en canoë un an avant qu’il soit ouvert, Mary Kingsley, tenante du « christianisme athlétique » qui attaquait les crocodiles à coup d’ombrelle, James Holman et Jacques Arago, assurément les plus grands voyageurs aveugles, Percy Fawcett traquant le secret des Atlantes en pleine Amazonie, ou l’immense Richard Burton, dont le rire satanique nous fascine encore...
Nous ne sommes pas d’ici est une autobiographie singulière. Et aussi le récit d’une pensée en mouvement. Celle qui permet à Michel Le Bris de créer le festival « Etonnants Voyageurs » à Saint-Malo et de le projeter aux Etats-Unis, en Haïti, à Sarajevo, à Dublin, à Bamako, à Haïfa, d’écrire essais, récits de voyages et romans, d’avoir été à la fois ancien élève d’HEC et directeur de La Cause du Peuple (ce qui devait lui coûter huit mois de prison), créateur avec Jean-Paul Sartre de la collection « La France Sauvage », cofondateur de Libération et grand amateur de jazz, d’arpenter les paysages et les pages de Stevenson, de proposer une théorie nouvelle du romantisme allemand, en goûtant la contradiction qu’il y aurait à aimer tout ensemble Novalis et Chandler, Jack London et Jean-Paul Sartre, Philip K. Dick et Nicolas Bouvier (dont il aura été l’éditeur), Malraux et Chester Himes, le grand large et l’asphalte, la Bretagne granitique et le New York des époux Johnson dans La Beauté du monde. D’où vient son énergie ? D’être né en Bretagne, répond-il, dans l’émerveillement du poème du monde – et d’y avoir été, aussi, cet enfant pauvre d’une mère employée chez le châtelain local, qui rêvait de l’ailleurs et allait prendre sa revanche. Mais une revanche littéraire. Ce qui anime chaque page ici, c’est l’amour fou de la littérature.
Sur les photos de Martin et Osa Johnson, on voit ce couple vedette, ces amants de l’aventure, tels qu’ils prêtent à rêver, tels qu’ils inspirent à Michel le Bris ce roman-vrai du Continent noir : Osa, sensuelle, rayonnante, la carabine à l’épaule ou le viseur sur l’œil, saluant ici un chasseur au teint d’ébène, serrant ailleurs la main fripée d’un chimpanzé. Martin, l’ancien cuisinier de la croisière du Snark avec Jack London, l’ingénieux caméraman qui filma les réducteurs de têtes des Nouvelles Hébrides et les Big Nambas, maintenant commandant à une armée de porteurs, à l’assaut des territoires encore inviolés du Kenya. Martin et Osa Johnson, dans les années 1920, furent les grandes stars de l’aventure. Une certaine Winnie est chargée en 1938 d’écrire les mémoires d’Osa, veuve désormais, beauté flétrie réfugiée dans l’alcool. Commence un troublant face à face, où la jeune Winnie, outrepassant son rôle, prend peu à peu possession de son modèle, menant une enquête presque policière, traquant les zones d’ombres du couple qui révéla l’Afrique sauvage, mais paradisiaque, mais vierge, à l’Amérique. Mais il se pourrait bien que ce soit Osa, qui mène en fait le jeu, à travers ses confidences – Osa hantée par le mystère de la beauté du monde… Du New York des « Roaring twenties » à la jungle kenyane, de la « table ronde » de l’Algonquin, où Dorothy Parker et Zelda Fitzgerald furent les marraines new-yorkaises d’Osa, à la jungle étouffante du pays des Pygmées, des clubs de Jazz de Harlem où l’on ignorait résolument la prohibition tandis que s’inventait le style « jungle », au spectacle du monde primitif encore préservé : c’est toute une époque que Michel Le Bris nous fait revivre. Duke Ellington et King Kong, le Muséum d’histoire naturelle et les grands singes abattus, Hollywood et la fin du cinéma muet, les dernières heures de l’ « heureuse » colonisation, les couleurs fauves d’une ferme en Afrique : un roman en technicolor.
Revue de presse :
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Michel Le Bris interviewé par Michel Field
Ses oeuvres sont mondialement connues. Et pourtant, son nom l’est moins. Newell Convers Wyeth est un artiste majeur américain, un illustrateur de tous les grands classiques de la littérature populaire. Les illustrations de L’Ile au trésor de Stevenson, c’est lui. Les premières publicités de Coca-Cola, c’est lui aussi. Le cow-boy de Lucky Strike, c’est encore lui ! En France, on se souvient tous des couvertures des livres d’aventures publiés par Phébus, dont le célèbre Moonfleet. À travers ses illustrations, Wyeth a établi l’image des héros de la culture populaire. N. C. Wyeth (1882–1945) est un artiste hors norme. Ce géant de l’illustration a réalisé plus de 3000 dessins et illustré 112 ouvrages, en particulier pour la jeunesse mais aussi des romans d’aventure adultes, chez Scribner aux Etats-Unis. Il a donné vie aux plus célèbres héros de la littérature populaire : Robin des Bois, Robinson Crusoé, le roi Arthur, le dernier des Mohicans… Son trait évoque l’aventure. Wyeth excelle dans le détail frappant, la dynamique des scènes, mélange de puissance et de rêverie à l’instar du vieil aveugle Pew de L’Ile au trésor, terrifiant, avançant dans la nuit, sa canne à la main ou bien Robinson Crusoé, seul sur la plage. Comme nombre d’illustrateurs de cette époque, Wyeth partait à la découverte des contrées américaines. Passionné par le Grand Ouest, il a peint de nombreux cow-boys, des indiens, des scènes de rodéo, d’attaques de diligences. Très vite, il deviendra l’illustrateur de l’aventure, du western, de l’histoire avec Fenimore Cooper, et surtout Stevenson. Pirates, Fées ou Vikings, les créations de Wyeth développent l’imagination. Les illustrateurs d’aujourd’hui s’en sont largement inspirés. De grandes firmes américaines, comme Coca-Cola, Quaker Oats Co, Lucky Strike, General Electric Company ont fait appel à ses talents pour leurs publicités. L’Etat américain a aussi été l’un de ses commanditaires : il a réalisé des fresques murales retraçant des épisodes historiques, des calendriers louant une vision idéale des Etats-Unis. N. C. Wyeth, l’esprit d’aventure compte plus de 150 illustrations. Michel Le Bris nous raconte l’histoire de cet illustrateur de génie et ouvre ainsi les portes d’un monde de magie et d’aventure.
Ouvrage collectif d’Eva Almassy, Tahar Ben Jelloun, Maryse Condé, Dai Sijie, Ananda Devi, Chahdortt Djavann, Édouard Glissant, Jacques Godbout, Nancy Huston, Fabienne Kanor, Dany Laferrière, Michel Layaz, Michel Le Bris, Alain Mabanckou, Anna Moï, Wajdi Mouawad, Nimrod, Esther Orner, Grégoire Polet, Raharimanana, Patrick Raynal, Jean Rouaud, Boualem Sansal, Brina Svit, Lyonel Trouillot, Gary Victor et d’Abdourahman A. Waberi.
Édition publiée sous la direction de Michel Le Bris et Jean Rouaud
Les prix littéraires d’automne – et c’est la gloire des jurés – ont mis en évidence ce qu’un certain milieu confiné avait jusque-là tenté de masquer, à savoir que la littérature française ne se réduisait pas à la contemplation narcissique et desséchante de son propre rétrécissement, mais que d’autres voix, venues d’ailleurs, lui ouvraient les portes du monde, y faisaient souffler les nouvelles du dehors qui sans ces voix ne seraient jamais venues jusqu’à nous.
Alain Mabanckou nous avait pourtant prévenus : « Pendant longtemps, ingénu, j’ai rêvé de l’intégration de la littérature francophone dans la littérature française. Avec le temps, je me suis aperçu que je me trompais d’analyse. La littérature francophone est un grand ensemble dont les tentacules enlacent plusieurs continents. La littérature française est une littérature nationale. C’est à elle d’entrer dans ce grand ensemble francophone. »
Même si à vrai dire personne ne parle le francophone, ni écrit en francophone. La francophonie n’exprime-t-elle pas une nostalgie d’un temps où la France se présentait comme une étoile déversant ses lueurs sur le monde ? C’est d’une constellation que nous parlons. Nous assistons à l’émergence d’une littérature de langue française détachée de la nation avec laquelle elle a entretenu des liens stratégiques, libre désormais de tout pouvoir autre que celui de la poésie et de l’imaginaire, et n’ayant pour frontières que celles de l’esprit.
Des sociétés ont pu vivre sans connaître la roue ou la métallurgie, mais il n’en est pas qui ait ignoré les masques. Comme si ces visages de papier, de soie, de bois ne dissimulaient que pour révéler, comme si ces visages sans yeux ouvraient sur l’invisible. Comme si ces « objets futiles de première nécessité » nous disaient encore les larmes, les colères et les rires des Dieux - comme si, par eux, les Dieux se donnaient encore en spectacle… On connaît les masques africains, les masques océaniens, mais curieusement, très peu les masques du continent asiatique, pourtant d’une stupéfiante beauté, et d’une grande diversité, tous conçus pour le spectacle. Avant d’être repris par le théâtre et par la danse, la fonction de ces masques dont la plupart, à l’origine au moins, étaient liés à des rituels religieux, est de montrer sous leur aspect visible des êtres surnaturels, divinités, démons, et autres animaux fantastiques… Réalisé par Sylvie et Jacques Pimpaneau avec le concours de Michel Le Bris, ce catalogue révèle l’art des masques asiatiques, dans leur diversité et leur histoire. Pas moins de 400 masques, d’une dizaine de costumes de scène originaires de huit pays d’Asie (Inde, Chine, Tibet, Japon, Sri Lanka, Thaïlande, Indonésie, Corée) et tous issus de la fabuleuse collection de Jacques Pimpaneau aujourd’hui confiée à la Fundaçào Oriente, ont été rassemblés pour cette belle exposition qui s’est tenue de mai 2006 à janvier 2007 à L’Abbaye de Daoulas.
L’Occident rêve de l’Amazonie depuis la découverte de l’Amérique. Préjugés et mythologie sont associés à cet espace à part sur notre planète. Dans cet ouvrage, il s’agit de prendre la mesure de la forêt, de sa richesse écologique et de son patrimoine indispensable à notre survie à tous. De comprendre comment vivent les Indiens dans cet espace particulier, ainsi que les "visiteurs" occidentaux qui ont su restituer dans un partage vrai le monde indien.
Derrière l’image des Vikings, ces guerriers farouches surgissant des mers écumeuses, il existe une réalité historique beaucoup plus riche et complexe. Pendant deux siècles, les Vikings seront à l’origine d’une nouvelle géographie de l’espace européen, notamment par la création de villes comme Dublin ou Kiev. Ils ont mis (ou remis) en contact l’Orient et l’Occident et, enfin ils ont élargi le monde connu en découvrant l’Islande, les Iles Féroé et le Groenland.
À partir des croyances de certaines régions d’Afrique (Golfe du Bénin - Ghana, Nigéria, Togo), les esclaves déportés vers les Antilles tentèrent de retrouver un peu d’espoir et de dignité en élaborant une religion nouvelle, intégrant aux cultes de divers royaumes africains qu’ils venaient de quitter, les rites et personnages du catholicisme imposé par leurs colonisateurs. Ils appelèrent cette religion en gestation candomblé au Brésil, santeria à Cuba, obeayisne à la Jamaïque, shango cult à la Trinité, vodou en Haïti. La pratique du culte faisait naître parmi ces gens d’origines africaines différentes, une unité, une conscience commune. Le culte Vaudou, interdit par les conquérants et leurs missionnaires, diabolisé par les puissants d’Europe et d’Amérique, fut durant de longues années la seule richesse, l’espoir de ces millions de femmes d’hommes et d’enfants arrachés à l’humanité niée par les esclavagistes. Plus tard, encore c’est vers la libération des peuples asservis que tendront toutes ces forces réunies. Haïti sera la première à conquérir sa liberté par les armes (1804). Ainsi le Vaudou, loin d’être une simple pratique païenne primitive ou diabolique est-il intimement lié à l’histoire tragique de ces peuples. D’autant que la rumeur de la Révolution Française s’est propagée jusque dans les colonies. C’est aussi une création artistique foisonnante, fortement marqué par la revendication d’une certaine spiritualité issue du vaudou, cet art comme surgi de nulle part ne cesse d’évoluer. Mais qu’ils soient paysans illettrés ou artistes contemporains cultivés, tous pratiquent ce que André Malraux a appelé "l’expérience la plus saisissante et la seule contrôlable de la peinture magique du xxe siècle".
Fées, elfes, trolls, dragons : le grand retour, en forme de déferlante. Jamais peut-être ils n’auront été aussi présents ! Simplement, ils ont changé de forme, comme le monde avec eux. Mais nous avons toujours peur dans le noir, nous frissonnons toujours dans les forêts obscures, et nous semons toujours de petits cailloux derrière nous pour ne pas nous perdre. Le merveilleux ne meurt pas : nous avons, aujourd’hui comme hier, besoin de nous "raconter des histoires" Autrement dit, les fées nous accompagnent encore, les fées ont une histoire- l’histoire, de siècle en siècle, de notre rapport aux puissances de l’imaginaire. Celle-là même que nous voudrions retracer ici. De l’éveil du merveilleux au cœur du Moyen Age aux enchantements du romantisme allemand ; des arabesques perverses et rêveuses des préraphaélites à la "Renaissance celtique" ; des splendeurs de l’Age d’or de l’illustration, à travers Rackham et Dulac, Nielsen et Bauer, Wyeth ou Pyle, à la naissance de "l’heroic fantasy" et au triomphe de Tolkien ; de Disney revisitant le légendaire européen au génial Jim Henson, jusqu’à l’explosion de la BD et des jeux vidéos : un extraordinaire foisonnement de "mondes d’images", surprenants, intrigants, fascinants et, à travers ces images, une histoire à recomposer, des voies du merveilleux en Occident : à notre connaissance, personne, auparavant, ne s’était risqué à pareille entreprise...
Sous la direction de Michel Le Bris. Une des civilisations parmi les plus fascinantes et les plus mystérieuses d’Afrique. Les Dogons ne sont plus guère que 200 000 disséminés en une myriade de villages, au Mali, dans une région montagneuse appelée "falaise de Bandiagara". Mais leur culture est immense, produit d’une très longue tradition qui a su résister à toutes les entreprises d’assimilation. Peintres, sculpteurs vivants dogons sont dans cet ouvrage qui n’entend pas figer la civilisation dogon dans une sorte de "temps immobile", qui serait celui de la tradition, mais la présenter au contraire en la conjuguant au présent, avec notamment les ouvrages d’un artiste exceptionnel, assurément l’un des plus grands sculpteurs africains actuels : Amahiguere Dolo.
Quelle était la religion des flibustiers ? Les pirates étaient-ils des dissidents radicaux religieux ? Peut-on traiter de la flibuste et de la piraterie comme d’une révolte sociale annonçant la Révolution française ? Savez-vous que vingt-cinq pour cent au moins des flibustiers étaient noirs ? Qu’un des plus féroces d’entre eux, William Dampier, était en même temps un savant de génie ? Le mystère de la fin du chevalier de Grammont sera-t-il enfin, ici, définitivement éclairci ? Conçue par Michel Le Bris, et présentée à l’abbaye de Daoulas du 26 avril au 4 novembre 2001, puis à Paris au musée de la Marine du 16 janvier au 17 mai 2002, l’exposition Pirates et Flibustiers des Caraïbes (à Paris : Pirates) a reçu un accueil public et critique enthousiaste. La plus importante exposition jamais consacrée à ce sujet dans le monde ! Et une vision radicalement nouvelle, tenant compte des progrès actuels de la recherche. Car elle a changé notre vision, depuis ces dernières décennies ! On en aura ici quelques aperçus passionnants, échos du colloque qui se tint à Brest lors du lancement de l’exposition, rassemblant les meilleurs spécialistes. Où l’on verra que la réalité continue de dépasser la fiction...
Quoi que je fasse, je l’entends - comme une note dans les lointains qui longuement résonne et mon cœur déjà se serre de nostalgie, tandis que son grondement enfle à toute vitesse, envahit l’espace, et je suis de nouveau l’enfant effaré sur cette côte bretonne qui écoutait, dans les nuits de pleins vents, les forces de la création danser la sarabande : je suis né de ce dialogue et de ce combat entre terre et mer. Et Bretagnes, je le crains, ne seront jamais que les noms multiples de ce mystère en moi...
Qui aurait pu imaginer les flibustiers en fins gastronomes ? Il n’était pourtant pas rare dans cette société nomade de jeter l’ancre autour d’une table bien garnie. Acras de morue, cabri massalé ou matoutou crabe font de cette cuisine l’une des plus originales qui soient : une cuisine épicée, à l’image de la vie qu’ils menaient. L’ouvrage, fort d’une soixantaine de recettes, est conçu tel un festin, où récits et anecdotes se succèdent pour le plus grand régal du palais et de l’imagination. Savoureusement illustrés par Hippolyte, les différents mets y révèlent toutes les couleurs, et leur piquant.
Paru en 1981 chez Skira, traduit en cinq langues, couronné par de nombreux prix, français et étrangers, le Journal du Romantisme fut salué en son temps comme un événement. Le livre était devenu introuvable : le voici enfin réédité, revu et augmenté d’une importante conclusion, on ne peut plus actuelle « Contre le nihilisme »... Le romantisme, donc, comme on ne l’avait jamais donné à voir. A mille lieues des clichés sous lesquels on le dissimule. Plus radical encore que le surréalisme : devant la catastrophe d’un rêve de Révolution se renversant en Terreur, devant le rouleau compresseur des...
Consacré aux origines de la flibuste, ce livre nous conte les histoires de Piet Heyn, Laurent de Graff, Morgan, Hawkins ou Francis Drake : il démêle le fabuleux du réel, tout en soulignant pourquoi leurs histoires nous fascinent encore. Au tournant de l époque moderne, pirates et flibustiers incarnent le rêve d un ailleurs, la révolte contre la loi et l ordre. Leur épopée, véritable quête vers la liberté, évoque aussi violence et sauvagerie. On découvrira dans ce livre que la piraterie naît dans le tumulte des guerres de religion, qu elle fut d abord française et protestante Au c ur d enjeux économiques et politiques considérables, elle témoigne de la violence des affrontements qui animaient ceux qui avaient l ambition de gouverner le monde.
Oui n’a jamais rêvé aux mondes du Nord ? Les empires du froid, traversés par les errances fiévreuses des grands explorateurs, les chasses immenses des Esquimaux, l’épopée viking, mais aussi l’extraordinaire aventure des villes hanséatiques, faisant des mers du Nord une autre Méditerranée. Les mondes du Nord : continents littéraires à nuls autres pareils, ce sentiment obstiné que, des sagas islandaises à la matière de Bretagne, des toundras sibériennes au wilderness américain, des pierres runiques aux espaces silencieux de Friedrich, des poèmes d‘Ekelöf aux romans de Hamsun se déployait, par-delà les frontières linguistiques, un « autre espace », tout autant forgé par la géographie que par l’histoire : infinies résonances en nous de ce seul mot de Nord... Jorn Riel, le raconteur norvégien, l’Américain Trevor Ferguson, Omruvié, l’écrivain éleveur de rennes originaire du détroit de Behring, Nicolas Vanier, l’explorateur, Ailo Gaup le Lapon : autant de témoignages de la vitalité d’une littérature à découvrir d’urgence.
Michel Le Bris met en lumière les enjeux des fictions de Stevenson, fait découvrir l’univers de l’écrivain à travers ses oeuvres et sa vie.
Nicolas Bouvier, Bruce Chatwin, James Crumley, Jim Harrison, Jacques Lacarrière, Jacques Meunier, Redmond O’Hanlon, Hervé Prudon, Salman Rushdie... Quelques noms parmi tant d’autres, pour un exceptionnel panorama de la littérature voyageuse. Quelques noms et une formidable aventure initiée par Michel Le Bris en 1990, avec la création du festival " Etonnants Voyageurs ", à Saint-Malo, puis de la revue Gulliver. " Un jour, parce que j’étouffais dans les modes de l’époque, qu’il me fallait un autre espace, où respirer un peu plus large, je décidai que c’était trop, et qu’il fallait se battre, pour une littérature plus aventureuse, plus voyageuse, ouverte sur le monde, soucieuse de le dire. En rassemblant les petits enfants de Stevenson et de Conrad partout, de par le monde. " Tout grand livre, écrivait Stevenson, est quelque part un récit de voyage. " Nulle école, nul dogme, nulle forme obligés, mais la conviction affirmée que c’est l’épreuve de l’autre, de l’ailleurs, du monde, qui, seule, peut empêcher la littérature de se scléroser en modes, en formes vides. La quête de cette parole vive, portée à incandescence par les artistes, les poètes et les écrivains, en nommant le monde, nous le donne à voir et l’invente, le revivifie. Un lieu, un texte, et le regard croisé d’un(e) inconnu(e) au bout du monde dans le voyage se joue peut-être le retour à une vérité un peu trop oubliée de la littérature : écrire, c’est toujours s’en aller. Les dix ans d’un festival au succès non démenti, la nouvelle naissance de la revue Gultiver (Librio), ont paru une belle occasion de vous livrer cette anthologie : le meilleur des récits de voyage publiés au fil des numéros de Gultiver. Allons ! Stevenson avait raison : "Le Dehors guérit." "
« La mer, grondant sur le rivage, les vents jouant dans les pierres disjointes des manoirs effondrés bruissaient de tous les noms de légende qui avaient avant moi arpenté le rivage, rêvant aux royaumes qui à n’en pas douter les attendaient, passée la ligne d’horizon… "
1848. Après quelques mois d’espoir, l’échec de la révolution, partout en Europe. Comme si le Vieux Continent refusait sa part de jeunesse, sa part de rêve... Et voici qu’éclate la plus extraordinaire des nouvelles : là-bas, en Californie, on ramasserait de l’or à la pelle ! Aussitôt, c’est la ruée. Partir ! Tout reconstruire ailleurs ! On ne jure plus que par la Californie. " Les rêves de l’or ont remplacé les rêves socialistes dans le prolétariat parisien ", constate Karl Marx avec amertume. Qui s’en souvient encore ? Et pourtant ils furent des dizaines de milliers à se précipiter ainsi, par le Horn, ou par Panama, vers ce nouvel Eldorado, révoltés en déroute, pauvres hères, nobles désargentés, escrocs et mythomanes mêlés. Qui s’en souvient encore ? San Francisco fut dite à l’époque le Paris du Pacifique - un habitant sur quatre environ n’y était-il pas français - Pour beaucoup, l’histoire finira tragiquement, tandis que les plus irréductibles parmi ces enfants des barricades partiront à la conquête du Sonora, affrontant les Apaches et l’armée mexicaine pour tenter, encore, d’y faire vivre leur utopie... C’est la folle équipée de ces rêveurs de royaume quarante-huitards que restitue Michel Le Bris à travers leurs Mémoires, retrouvés par lui dans les archives françaises et américaines. Des documents exceptionnels pour une page d’histoire oubliée, cent cinquante ans après la ruée vers l’or.
" Je retiens mon souffle - Comment lui dire ces années de ténèbres et de feu, l’or jeté à poignées sur les tables de monte, les filles enlevées sur les côtes de Chine, du Pérou, du Chili, et vendues aux enchères sur le wharf de Clark’s Point, San Francisco brûlant comme une torche sous les acclamations des fêtards ivres morts, et reconstruite le lendemain sur les cendres brûlantes, et tous ces malheureux qui mouraient par milliers, dans la Sierra lointaine, de faim, de froid, de maladie, fouillant toujours plus loin, à la recherche du mother lode, avec dans les yeux des rêves de terre promise : tant de misères, et tant de démesure ! Oui, comment lui dire le vent du désert, la course des chevaux, le " you you " des Indiens, et cette fièvre, aussi, cette fureur qui nous précipita, la tête embrasée de chimères, dans le Sonora inconnu ? Des montagnes d’or en plein royaume apache, divaguaient les soldats, un monde à conquérir, où tout recommencer ! Et nous, pauvres fous, si sûrs que l’univers entier tenait dans le creux de nos mains... " 29 octobre 1850 : la Californie de la ruée vers l’or fête son entrée dans l’Union. Un volcan en éruption, où se mêlent hors-la-Ioi, mystiques rêvant de Nouvelle Jérusalem, et révolutionnaires en déroute, venus de toute l’Europe.Parmi eux, des milliers de quarante-huitards, fuyant la répression ou tout simplement déportés. Les Américains s’inquiètent : s’agit-il d’une invasion ? Les Français tenteront de prendre la Sierra Nevada et d’y faire vivre leur utopie, avant de partir à la conquête de la Sonore mexicaine, sous la direction d’un comte romantique et dandy. Une formidable épopée, restée jusqu’ici inédite, et, avec elle, le retour au vrai roman d’aventures !
L’hiver, quand il souffle dans la baie de Morlaix, le vent murmure de drôles d’histoires à qui sait les entendre : le sieur Coëtanlen a découvert l’Amérique bien avant Christophe Colomb, le corsaire Cornic a coulé avec ses cales pleines d’or, des pécheurs disparus en mer sont rentrés à la rame… Possible que le vent déforme les histoires, mais parfois leur beauté se suffit.
« Que serait un texte qui, plutôt que de nous prendre dans les mailles d’une histoire, nous ouvrirait de tels espaces ? Je rêve, à Duncansby, devant la mer, d’une langue allégée des us et des coutumes, de tout ce qui nous pèse aujourd’hui et nous lie, d’une langue qui vibrerait dans les vagues et le vent, d’une langue qui nous serait comme un envol d’oiseau. » Nous savons, aujourd’hui un peu mieux qu’hier, de quoi meurt la littérature : de se faire la servante des idéologies sous le prétexte d’engagement, de se noyer dans le trop-plein de soi sous le prétexte de psychologie, ou de se satisfaire de n’être plus que - jeux de mots. Lui reste peut-être, pour retrouver élan et énergie, à retrouver le monde... Un essai ? Plutôt faudrait-il dire un livre de voyage, à sa manière, dans le , une rêverie sur l’art de la fugue, un précis de philosophie vagabonde, pour nous faire éprouver à notre tour, sur les pas d’Audubon, de John Muir, de Stevenson - et de tant d’autres - l’allégresse du Grand Dehors.
En 1849, la Californie s’embrase. Extravagante épopée de la ruée vers l’or mêlant mystiques et brigands, francs-maçons et socialistes utopiques, anciens quarante-huitards et flibustiers. Une vie de violence et de misère, d’héroïsme et de souffrance, où bien peu feront fortune. Une fascination mystérieuse, comme si l’appel de l’or allait bien au-delà du seul appétit de richesse.
Aventuriers, ils l’étaient tous, bien sûr, ces chercheurs d’or de 1849, et même parfois brigands très effroyables ! Mais mystiques aussi, et révolutionnaires surtout, écoeurés du Vieux Monde qui ne voulait plus d’eux, quarante-huitards français déportés par milliers, phalanstériens timides amoureux de Lola Montès, socialistes utopistes, le plus formidable mouvement de population depuis les croisades. Et de leur folie devait naître la Californie. Dans la boue, le sang et les privations de toutes sortes, se sont mêlés, là-bas, à la naissance d’un monde, l’or du temps, l’or mythique et l’or sombre de la mort... Un voyage au bout de toutes les fascinations, parmi les chercheurs de trésor de la Santa Lucia, les chasseurs de baleines de Monterey, les bohémiens et les assassins de la Barbary Coast, où l’on croisera, en chemin, les grandes figures de Robert Louis Stevenson, Jack London et quelques autres...
Poètes, éveilleurs d’âmes, souffleurs de vent, derniers baladins, peut-être, du monde occidental, au bord du précipice, dans cette agonie insupportable de la raison politique, quand la société peu à peu se défait, il nous reste cela : ranimer sans cesse la parole des hommes, qui ne fut jamais aussi menacée." Une fantastique plongée dans les soubassements de notre culture, entre Lumières et Romantisme, au carrefour de nos épouvantes et de nos rêves, vers cette chambre obscure où se jouent nos goûts et nos dégoûts, se tisse notre présence au monde, se structure notre regard. Notre modernité ici restituée comme une vaste saga, dans ce qui la lie et l’oppose aux voix multiples des dissidences, à l’éternelle protestation des humiliés de la puissance, au défi de tous les vulnérables, pour la chance, peut-être, d’enfin délivrer l’Occident du cauchemar qui, depuis longtemps, le hante. Une réinterprétation radicale des enjeux du romantisme. Dissidence et littérature, saisies à l’instant de leur commune naissance : ici s’annonce la fin de cet Age Théorique qu’un jour nous dirons celui de l’Homme mort - et, le Paradis perdu retrouvé, commence l’Age de la Fiction...
" Nous irons quelque jour, par-delà l’horizon, à la recherche de nos Mandes. " Que serait un voyage sans le livre qui l’avive et en prolonge la trace - sans le bruissement de tous ces livres que nous lûmes avant de prendre la route ? Samarcande, Trébizonde, tant de mots, dès l’enfance, qui nous furent comme des portes, tant de récits, tant de légendes ! A sa parution, en 1977, L’Homme aux semelles de vent fut salué comme un livre en rupture avec les idéologies du temps. Mais il était bien plus que cela : l’annonce d’un grand retour de la fiction, le premier manifeste pour une " littérature aventureuse ".Écrivain, critique littéraire, Michel Le Bris est le fondateur du festival "Étonnants Voyageurs" de Saint-Malo.
Avec Michel LE BRIS, Georges-Olivier CHATEAUREYNAUD
Animé par Maëtte CHANTREL et Pascal JOURDANA
Avec Jamey BRADBURY, Lola GRUBER et les membres du jury Ananda Devi ANENDEN, Michel LE BRIS, Anna MOÏ, Atiq RAHIMI, Jean ROUAUD
Animé par Maëtte CHANTREL
Avec la lauréate Anais LLOBET, les jeunes jurés et les membres du jury adulte Yahia BELASKRI, Jean-Marie BLAS DE ROBLÈS, Sorj CHALANDON, Sylvain COHER, Alain DUGRAND, Lola LAFON, Carole MARTINEZ, Sami TCHAK, Mélani LE BRIS, Michel LE BRIS
Animé par Maëtte CHANTREL
Avec Michel LE BRIS, Claude RENOULT et Maëtte CHANTREL
Avec : Michel LE BRIS, Claude RENOULT
Animé par Maëtte CHANTREL
Avec : Erik ORSENNA, Michel LE BRIS, Dany COHN-BENDIT
Animé par Maëtte CHANTREL et Michel ABESCAT
Avec : Patrick CHAMOISEAU, Michel LE BRIS
Animé par Maëtte CHANTREL
Avec : Michel LE BRIS, Claude RENOULT
Animé par Maëtte CHANTREL
Avec : Michel LE BRIS, Anne NIVAT, Jean-Michel LE BOULANGER.
Animé par Maëtte CHANTREL
Avec : Michel LE BRIS et Claude RENOULT
Animé par Maëtte CHANTREL
Avec Andrus Kivirähk, Pierre Dubois, Victor Dixen, Nii Ayikwei Parkes, Michel Le Bris
Animé par Jean-Luc Rivera
Histoires de « bonnes femmes », ramassis de vieilleries, superstitions toujours juste bonnes à collecter, témoins d’un autre temps ? Ou bien coffre aux merveilles, au carrefour magique des mémoires du monde ? Les romantiques allemands, les premiers, les pensèrent comme l’expression première du continent des rêves, porte, voie d’accès à un secret de l’humanité, au carrefour magique des mémoires du monde. « Les contes », rappelle Michel Le Bris, « n’éclairent jamais qu’en projetant de l’ombre... ». Avec Pierre Dubois, elficologue, Victor Dixen, créature de la nuit, Andrus Kivirähk, l’estonien venu avec ses trolls et ses légendes, Michel Le Bris, spécialiste du romantisme et co-auteur, avec Claudine Glot, de Elfes, fées et dragons (Hoëbeke), Nii Ayikwei Parkes, dont l’imaginaire du contre africain envahit l’écriture.
Avec David VAN REYBROUCK, Gabi MARTINEZ, Noo SARO-WIWA, Paolo RUMIZ, Michel LE BRIS
Animé par Baptiste LIGER
Participants : Michel LE BRIS, Clément CALIARI, Mathias ÉNARD, Paolo RUMIZ, Vassilis ALEXAKIS, Murray BAIL, Serge BRAMLY, Justin CRONIN, Diana EVANS, Damon GALGUT, Arnaldur INDRIDASON, Kopano MATLWA, Patrick RAMBAUD, Boualem SANSAL, Dimitris STEFANAKIS, Nick STONE, David VANN, Maryse CONDE, Gaspard-Marie JANVIER, Yahia BELASKRI, Léonora MIANO, Jean ROUAUD, Björn LARSSON, Percival EVERETT, Niq MHLONGO, Kgebetli MOELE
Présentation du projet de la Word Alliance, réunissant les huit plus grands festivals de littérature de la planète. Avec Michel Le Bris, Nick Barley (Edinburgh), Geoffray Taylor (Toronto), Mike Shuttleworth (Melbourne), Alexandra Pearson (Pékin), Jakob Orsos (New-York), Thomas Bohn (Berlin)
Interventions de Michel Le Bris, Patrick Chamoiseau, Nancy Huston et Hubert Haddad
Avec Makenzy Orcel, Eric Miles Williamson, Michel Vézina, Julien Delmaire, Michel Le Bris
Avec Michel LE BRIS, Frédéric MARTEL, Sylvie LAURENT, Pierre CASSOU-NOGUES
Une vidéo réalisée par Cap7Média.
Avec Michel Lebris, Jean Rouaud et Anne Vallaeys
Une vidéo réalisée par Cap7Média.
Découvreurs de monde avec Michel LE BRIS, Carsten JENSEN, Kebir M. AMMI
Avec Michel LE BRIS, Ilija TROJANOW
Avec Anna Moï, Abdourahmane Waberi, Michel Le Bris
Avec Bernard GIRAUDEAU, Michel LE BRIS
Avec : René COUANAU, Michel LE BRIS, Théodore MONOD
Avec : Ulf ANDERSEN, René COUANAU, Michel LE BRIS, Daniel MORDZINSKI
Animé par Maëtte CHANTREL et Christian ROLLAND
Avec : Michel LE BRIS
Animé par Maëtte CHANTREL
Avec : Jean-Luc FROMENTAL, Michel LE BRIS, Norman SPINRAD
Animé par Maëtte CHANTREL et Christian ROLLAND
Avec : Jean-Luc FROMENTAL, Jacques GOIMARD, Gérard GUEGAN, Michel LE BRIS, Patrick RAYNAL
Animé par Maëtte CHANTREL et Christian ROLLAND
Avec : Michel LE BRIS
Avec : Nicolas BOUVIER, Jacques LACARRIERE, Michel LE BRIS, Patrick LEIGH-FERMOR
Animé par Maëtte CHANTREL et Christian ROLLAND
Avec : Michel LE BRIS, Jacques MEUNIER, Jacques LACARRIÈRE, Bernard LE DOZE, Mme TIREL, Raymond RENER, Jacques COCHENNEC, Hélène GUEGAN
Animé par Maëtte CHANTREL et Christian ROLLAND
Avec : Nicolas BOUVIER, Michel LE BRIS
Animé par Maëtte CHANTREL et Christian ROLLAND
Avec D. MINOUI, S.YAZBEK, C. HENNION, M. RABIE, M. LE BRIS
Animé par Hubert ARTUS
Avec Emmanuel TELLIER, Gilles LAPOUGE, Michel LE BRIS, Jennifer LESIEUR
Animé par Christine FERNIOT
Avec Yvon LE MEN, DENEZ, Michel LE BRIS, Alexis GLOAGUEN
Animé par Yvon LE MEN
Avec Michel LE BRIS, Georges-Olivier CHATEAUREYNAUD, Mohammad RABIE
Animé par Thierry GUICHARD
Avec Tristan Garcia, Laurent Gaudé, Alan Lee, Michel Le Bris, Claude Aziza
Animé par Claudine GLOT
Rencontre avec les lauréats du prix Littérature-Monde 2018 Mohamed Mbougar Sarr et Einar Már Guðmundsson (traduit par Éric Boury). Avec les membres du jury Ananda Devi, Anna Moï, Dany Laferrière, Michel Le Bris et Jean Rouaud. Animé par Sophie Ékoué.
Animé par Yvon Le Men
Avec Michel Le Bris et Yvon Le Men
Avec Michel Le Bris et Mona Ozouf
Animé par Christine Ferniot
Avec Michel Le Bris, Hubert Haddad, Claude Aziza
Animé par Hubert Artus
Avec Hubert Haddad, Michel Le Bris et Mona Ozouf. Animé par Hubert Artus
Avec Yahia Belaskri, Jean-Marie Blas de Roblès, Eka Kurniawan traduit par Nathalie Wirja, et Michel Le Bris. Animé par Yann Nicol.
Avec Jean BIRNBAUM, Jean-Claude CARRIERE, Abdennour BIDAR, Michel LE BRIS
Animé par Eduardo CASTILLO
Avec Christian Jambet, Michel Le Bris, Abdennour Bidar, Souad Ayada
Avec M. LE BRIS, P. BRUCKNER, P. BERMAN, M. BOUSSOUF, R. GLUCKSMANN, M. BAKHAEVA
Animé par Eduardo CASTILLO
Avec Michel LE BRIS, Hubert HADDAD, Christiane TAUBIRA
Animé par Yann Nicol
Avec Antoine AGOUDJIAN, Georges DUSSAUD, Michel LE BRIS
Animé par Géraldine DELAUNEY
Avec Michel Le Bris, Bertrand Tavernier et Fabrice Bourland, une rencontre animée par Yann Nicol
Le jazz est né avec le XXe siècle d’un « nuit et brouillard » transcendé en une beauté convulsive jusque-là inouïe, ouvrant à l’universelle humanité et en cela se confondent le roman du jazz et celui de son siècle. Roman : jazz et littérature ont beaucoup à se dire – du primat du souffle, de la parole, et qu’au commencement, toujours, il y a le rythme…
Avec Arthur H, Christian Roux, Koffi Kwahulé, Fiston Mwanza Mujila, Michel Le Bris. Rencontre animée par Willy Persello
Rencontre passionnée entre le musicien Arthur H, les romanciers Christian Roux (pianiste également), Michel Le Bris, Koffi Kwahulé et Mwanza Mujila, tous fous de jazz, et le saxophoniste Jacques Schwarz-Bart.
Avec Blaise Hofmann, Audrée Wilhelmy, Emmelie Prophète, Natacha Appanah et Michel Le Bris. Débat animé par Sophie Ekoué
Une rencontre entre Pascal Dibie, Patrick Chamoiseau, Stéphane Breton, Pascal Blanchard, Bob Connolly et Michel Le Bris.
Avec Patrick Chamoiseau, Guillaume Pigeard de Gurbert, Michel Le Bris et Isabelle Fruleux (lectures)
Il y a de l’indicible. C’est même pour cela qu’il y a littérature. Si tout était dicible, tout serait dit depuis longtemps, et nous n’en ferions pas tant d’histoires ! Mais des histoires, justement, nous en racontons depuis l’aube des temps... « Ce simple mystère : raconter des histoires » disait Henry James. Pourquoi, ce « besoin de fictions » ? « Indicible »... C’est peut-être vite dit. Si le « fictif » n’est pas le vrai, il n’est pas non plus le faux : peut-être faudrait-il enfin admettre qu’il dit quelque chose qui ne peut pas être dit autrement. Et en tirer toutes les conséquences : qu’il y a un autre ordre de connaissance que celle rationnelle, discursive — une connaissance relevant de l’imaginaire. Par laquelle nous pouvons lier connaissance avec l’autre. Et habiter le monde...
En nous quittant dans Port-au-Prince en ruines, nous nous étions jurés, avec Lyonel Trouillot et Dany Laferrière de remonter dès que possible le festival que le tremblement de terre venait de mettre bas. Et d’abord à Saint-Malo, au printemps dernier. Puis à Port-au-Prince, de nouveau. Le choléra, les troubles politiques, nous auront contraints à différer notre projet. Mais sûrement pas à y renoncer ! Parce que la culture, plus que jamais, est un enjeu majeur de la reconstruction. Comme en témoigneront les acteurs rassemblés, tous engagés dans ce combat.
Comment l’écrivain se doit d’intervenir dans le champ politique autour du débat sur l’identité nationale, avec Jean Rouaud, Michel Le Bris, Abdourahman Waberi et Farid Abdelouahab. Ne sommes-nous pas ancré avant tout dans des "familles" poétiques et imaginaires, aussi vastes que le vaste monde ?