En 1702, le professeur Eggert Pétursson, illustre érudit du Danemark, retourne dans son Islande natale. Le roi Frédéric IV l’a officiellement chargé d’y rétablir la justice et d’y redresser le cadastre. Mais sa vraie mission est secrète : il doit retrouver les vélins et les parchemins sur lesquels ont été écrites, quatre, cinq ou six siècles plus tôt, les fameuses sagas pour les rapporter à Copenhague. Or, ces vélins et ces parchemins ont été volés, dans les archives, par des Islandais qui, mourant de froid, les ont retaillés pour s’en faire des chemises, des vestes, des chausses, des souliers... Pendant plusieurs années, Pétursson et sa petite équipe sillonnent l’île et déjouent les pièges mortels que leur tend un invisible et multiple ennemi. Nombre d’Islandais détesteraient que les sagas quittent leur terre. Ils se sentiraient tout nus. Ils préféreraient les voir pourrir sur le dos des paysans... Souffle épique, art du portrait, sens du mystère, goût du cocasse se conjuguent pour rendre captivant ce séjour dans une île où la nuit ne se distingue pas plus du jour que le mensonge de la vérité. C’est à se demander si les vélins existent vraiment. D’ailleurs, l’origine même des sagas, leur rôle, leur nécessité, leur signification donnent lieu à de flamboyantes disputes qui, à elles seules, justifieraient la lecture de ce roman. Certain passage sur les montagnes de cuir et le déluge de lait et de sang est époustouflant. Qui s’embarque avec Pétursson risque d’être secoué mais ne regrettera pas la traversée.