« Je la suivis sans hésiter, la nuque moite, une main sur le cœur, avec à l’esprit la sempiternelle question adressée au tout-venant des minotaures par des poètes inconséquents : Pouvez-vous dire quelle a été la rencontre capitale de votre vie ? »
« Je la suivis sans hésiter, la nuque moite, une main sur le cœur, avec à l’esprit la sempiternelle question adressée au tout-venant des minotaures par des poètes inconséquents : Pouvez-vous dire quelle a été la rencontre capitale de votre vie ? »
L’art n’a-t-il pas toujours été politique en soi, qu’il l’affiche ou s’en défende ? Telle est la ligne de front d’Apulée #9, qui s’engage depuis le premier numéro dans les brèches et par-delà toutes les frontières de ce début de XXIe siècle.
De l’architecture comme métaphore du pouvoir à la reconnaissance poli- tique des peuples sans État via leur culture et patrimoine artistiques (les Inuit, les Tsiganes, les Berbères et autres nomades du sens), du pillage ou de la destruction en temps de guerre et de colonisation (de l’Acropole d’Athènes à Palmyre, en passant par l’Afrique) à l’universalisme de l’altérité, ce nouvel opus d’Apulée assume toutes les fulgurations et parie sur la voix et les gestes éminemment engagés d’artistes, écrivains, poètes et intellectuels qui portent, encore et toujours, l’idée de liberté, par-delà les identités fracassées sous les chocs de l’Histoire…
Chaudron des allégories et des résistances, critique inventive des mœurs, lien social, pratiques et voix émancipatrices et subversives, utopie en actes : ce nouvel opus s’attache cette fois encore à l’Humain – sans œuvres ni parole confisquées, à l’opposé de la « société du spectacle » – contre la pulsion de mort commune à toutes les politiques du pire. Et comme Apulée l’a toujours défendu !
Avec Les Grandes Espérances – titre provocateur en ces temps de guerres, d’attentisme climatique, d’ultralibéralisme et de colonialisme numérique –, Apulée #8 ouvre portes et fenêtres aux souffles de toutes les résistances, aux voix toujours renouvelées de la révolte, venues d’Iran, d’Ukraine, du Maghreb, ..., où des femmes et des hommes avides de justice et de liberté luttent au péril de leur vie contre les pires archaïsmes. C’est dans l’adversité redoutable que les mots d’espérance et de liberté s’incarnent au plus vif : quiconque s’oppose sans faillir, dans les manifestations, les prisons, les camps, au-devant des pires oppressions, peut en témoigner.
Existe-t-il une « fonction utopique » qui se situerait à l’avant de la conscience et des savoirs, quelque part dans l’inaccompli du désir et du rêve – le fameux Principe Espérance (Ernst Bloch) –, ou plus précisément un devenir en acte, porté par l’imaginaire des individus et des peuples en butte aux détresses de l’Histoire ? La poésie, l’art et les débats de ce nouvel opus d’Apulée configurent une insurrection à feu couvert afin que l’espérance garde plus que jamais l’âpre saveur de la vie.
Chaque peintre, chaque sculpteur ou plasticien, a sa modernité. Francis Bacon, Caravage, Courbet, Giotto, Goya, Frida Kahlo, Wifredo Lam, Matisse, Michel-Ange, Edvard Munch, Pollock, Titien, Véronèse… ont tous été acteurs des mouvements de conscience de leur époque. Aujourd’hui encore, ils ne cessent de nous interroger. D’Artemisia à Zurbarán, Hubert Haddad retrace et imagine des constellations qui échappent avec une inventive jubilation à toutes les classifications.
À travers la quête des mutations et des métamorphoses dans l’espace vivant des formes et des couleurs, Hubert Haddad nous propose un regard créatif et fécond sur la vie et l’œuvre de plus de 120 maîtres incontournables ou méconnus. Bien au-delà d’une classique histoire de l’art, L’art et son miroir est un inventaire de cette prodigieuse diversité.
Libertés est le thème du septième numéro de la revue Apulée. Car la défense des libertés passe assurément par l’exaltation de la Liberté, seule dimension a priori dont l’existence réelle ne tient qu’à notre volonté. L’espace civilisationnel, celui des langues et des arts, de la simple communication, doit être revivifié et affranchi sans relâche pour contrer l’emprise obtuse de la technique et toutes les formes de violence, à commencer par l’économie de croissance exponentielle qui détruit toutes les chances de survie de l’humanité. Nous laisserons-nous mener sans réagir vers quelque État policier mondialisé où chacun devra répondre au risque de son honneur, des moindres sursauts de dignité, seraient-ils d’ordre privé, voire de sa vie ?
Depuis son premier numéro, la revue Apulée s’engage, en parlant du monde d’une manière décentrée, nomade, investigatrice, dans la défense indéfectible des libertés.
Portiques de l’instant est le livre d’un poète conscient de la vie présente. L’immédiateté parcourt ces poèmes et fait prendre conscience de la fragilité de notre passage sur terre. L’instant disparait aussitôt apparu, et chaque instant porte l’inconnu du monde. Des portiques où la lumière le dispute à l’obscurité, l’éclat du soleil aux échos de la nuit, un tissage et des nervures qui nous façonnent. Hubert Haddad se rappelle ainsi du fol amour, ô morte à l’envers. Le poète ne cesse de nous emmener vers ces espaces inconnus, entre les lieux qu’il a visités, et l’érudition qui le caractérise, nous faisant voyager dans les mythes, dans la connaissance de l’humain et du monde. Quels sont ces êtres qui apparaissent et qui disparaissent aussitôt de notre existence ? Sont-ils d’ici ? Sont-ils de l’essence du monde déjà ? Le vide est-il l’équivalent de l’infini ? Portiques de l’instant est parsemé des peintures de Michel Haddad, frère du poète, parti – volontairement – trop tôt, des travaux gardés inachevés par le peintre lui-même, qui donnera ou détruira ses tableaux, ses esquisses, ses dessins, selon son humeur. Critique d’art, Hubert Haddad qualifie l’œuvre de son frère comme « un journal hâtivement crayonné d’une intimité, [une] sorte de livre discontinu aux pages éparses où les phrases se succèdent poétiquement, sans pose de style ni clin d’œil à la postérité ». Ces peintures du frère disparu font de Portiques de l’instant une œuvre spéciale dans la biographie gigantesque du poète. Recueil de poèmes inspirés, musicaux, Portiques de l’instant succède à La Verseuse du matin (Prix Mallarmé 2014), et approfondit l’aspect métaphysique et résolument engagé dans la défense des libertés de l’œuvre de Hubert Haddad, après Palestine (Folio, Prix Renaudot Poche 2009), Opium Poppy ou encore un Monstre et un chaos (Zulma poche, 2022).
Papillon de Lasphrise s’est retiré dans sa tour d’ivoire angevine. Après une existence dédiée à l’amour et à la guerre, le voilà tout entier habité par le démon de l’écriture. Au soir de sa vie, il pactise avec le diable : tant que ses Poésies n’auront pas accédé à la postérité, il ne connaîtra pas le repos éternel. L’immortalité sera sa malédiction.
Emporté dans une aventure aux multiples péripéties, Papillon traverse les époques, se fourvoie chez les Précieuses ridicules, est embastillé avec le Marquis de Sade, croise Napoléon au pied de sa propre statue, survit à la Commune, et échappe de peu à la Gestapo. Voyant disparaître l’une après l’autre ses compagnes comme autant de feux follets, il se découvre amoureux d’une seule et même femme, idéale, avec l’espoir toujours de la retrouver.
Roman lumineux de merveilleuse inspiration baroque, L’invention du diable flirte avec le fantastique, offrant au véritable Papillon de Lasphrise une destinée puissamment littéraire. Somptueux.
À la pointe sud de la baie d’Umwelt, loin du monde et hors du temps, le domaine des Descenderies a accueilli des générations de patientes. Né de la fragile Leeloo, Malgorne grandit sous la houlette de Sigrid, entre incompréhension et possession jalouse. Il trouve bientôt refuge dans le dédale de l’extravagant labyrinthe d’ifs, de cyprès, de pins et de mélèzes imaginé par le Dr Riwald. S’il n’entend ni le ressac ni les vagues qui se déchirent sur les brisants, Malgorne se nourrit des vents et scrute sans fin l’horizon.
Depuis l’ancien sémaphore, Peirdre sonde elle aussi chaque soir l’océan, hantée par la voix d’une amie disparue. Son père, capitaine au long cours, fait parfois résonner pour elle les cornes de brume de son cargo de fret.
C’est sur la grève, un matin, devant le corps échoué d’une étonnante créature marine, que Peirdre et Malgorne forgent soudain l’espoir du retour d’autres sirènes.
Après Le Peintre d’éventail, Hubert Haddad nous entraîne dans la magie d’un nouveau jardin entre terre et mer. La Sirène d’Isé est un roman magnétique, envoûtant et lumineux.
« Transformer le monde, a dit Marx. Changer la vie, a dit Rimbaud. Ces deux mots d’ordre pour nous n’en font qu’un. » Il est temps de faire nôtre cette formule d’André Breton. Confrontés à un événement sans précédent et d’ampleur universelle, nous voilà, depuis un an, à même de constater notre peu de réalité. Nous sommes tous projetés vers le « monde d’après » : mais ce monde, quand commence-t-il, avec quels paradigmes, et pour quelle reconstruction ? Ce numéro s’interroge sur toutes ces aspirations nouvelles – écologiques, politiques, sociales aussi bien qu’artistiques.
Apulée n°6 - Changer la vie rassemble des poètes consacrés ou à découvrir, des romanciers, chercheurs, artistes – Adonis, Jean Amrouche, Joséphine Bacon, Aurélien Barrau, Yahia Belaskri, Anouar Benmalek, Jean Bernard, Jean-Marie Blas de Roblès, Jean-Claude Bologne, Laure Cambau, Katia Chibi, Louis-Philippe Dalembert, Jean Dausset, Laurent Degos, Julien Delmaire, Alain Deneault, Ananda Devi, Pascal Dibie, Delphine Durand, François-Michel Durazzo, Emmanuelle Favier, Tristan Felix, Gu Cheng, Hubert Haddad, Adam Horovitz, Eva Illouz, Abduqadir Jüme, Sony Labou Tansi, Michel Le Bris, Yvon Le Men, Carole Martinez, Albert Memmi, N. Scott Momaday, Laure Morali, Jean-Pierre Otte, Cécile Oumhani, Catherine Pont-Humbert, Jean Portante, Lionel Ray, Leïla Sebbar, Sami Tchak, Irina Teodorescu, David Toscana, Claude Vigée, Laurence Vilaine, Carole Zalberg…
Fidèle à l’appel constant des autres rives et des antipodes, dans l’ardente continuité de ses quatre premiers numéros – Galaxies identitaires, De l’imaginaire et des pouvoirs, La guerre et la paix et Traduire le monde –, la revue Apulée poursuit sa double investigation : face aux bouleversements de l’actuel et dans l’espace inaliénable de la création toujours en devenir.
Dans cette cinquième livraison, c’est le tissage et le métissage des langues – avec au cœur la traduction à l’origine des grands humanismes tant méditerranéens qu’occidentaux – qui sont à l’honneur.
Essayistes, romanciers, nouvellistes, traducteurs, plasticiens et poètes nous rappellent au choix impérieux de l’éveil, du qui-vive et de la parole libre face aux pires dérives, en cette période de régression identitaire, de puérilisme généralisé et de démission compulsionnelle. Avec à l’esprit l’injonction de Lautréamont : « Toute l’eau de la mer ne suffirait pas à laver une tache de sang intellectuel. »
Avec des contributions notamment de : Ambedkar, Yahia Belaskri, Pascal Blanchard, Jean-Marie Blas de Roblès, Selahattin Demirtaş, Miquel de Palol, Ananda Devi, Mahasweta Devi, Delphine Durand, François-Michel Durazzo, Edmond Amran El Maleh, Aslı Erdoğan, Anna Gréki, Hubert Haddad, Alexis Jenni, Mohammed Khaïr-Eddine, Michel Le Bris, Ma Jian, Dory Manor, Albert Memmi, Laure Morali, Bernard Noël, Cécile Oumhani, Catherine Pont-Humbert, Jean Portante, Jean Rouaud, Éric Sarner, Kenza Sefrioui, Michael Sfard…
On accède majoritairement aux cultures du monde par la traduction. Plus une langue s’emploie à traduire, plus s’éploient ses capacité inventives. Les grandes heures d’une culture correspondent aux apports décisifs des langues autres, étrangères, toujours plus ou moins apparentées, ne serait-ce que par la vigoureuse, multiforme analogie des espaces symboliques.
« Quand une langue n’emprunte plus à une autre, elle se fige », disait justement Alain Rey. Et plus encore peut-être quand elle ne voyage pas dans une, dans plusieurs autres.
Ainsi visitera-t-on les langues enfouies, archéologiques, et leurs trésors, les langues vernaculaires, les langues vivantes sino-tibétaines, sémitiques ou subafricaines. Ce numéro sera illustré de multiples graphies avec un soin particulier dans la mise en page. Les systèmes d’écriture alphabétiques y côtoieront les formes logographiques et syllabiques.
Il s’agit plus que jamais de relancer et d’exalter l’aventure existentielle dans ses grandes largeurs, à commencer par ces lointains qui nous rassemblent, fidèles à l’appel constant des autres rives et des antipodes, à savoir cette idée toujours neuve de la liberté, dans l’interdépendance et l’intrication vitale des cultures.
La traduction sera donc à l’honneur. Langue source, langue cible : c’est ainsi que les époques et cultures s’enlacent et se répondent, se tissent et se métissent.
Dans le ghetto de Lodz, Chaïm Rumkowski est comme une autre figure du diable. Lui, l’autoproclamé Roi des Juifs qui prétendait sauver son peuple, a transformé le ghetto en un vaste atelier industriel au service du Reich. Il parade en calèche et costume trois-pièces, en appelle à la « bonne volonté » des familles, et frappe monnaie et timbres à son effigie.
Face à ce pantin des exigences nazies, dans les caves, les greniers, sourdent les imprimeries et les radios clandestines, les photographes détournent la pellicule du service d’identification, les enfants soustraits aux convois hebdomadaires se dérobent derrière les doubles cloisons...
Et parmi eux Alter, un gamin de douze ans, qui dans sa quête obstinée pour la vie refuse de porter l’étoile. Avec la vivacité d’un chat, il se faufile dans les moindres recoins du ghetto, jusqu’aux coulisses du théâtre de marionnettes de Maître Azoï, où il trouve refuge…
Dans Un monstre et un chaos, Hubert Haddad fait resurgir tout un monde anéanti, où la vie du ghetto vibre des refrains yiddish beaux comme un chant de résistance éperdu – un chaos, plein de bruit et de fureur, où perce la lumière. Et c’est un prodige.
Engagée pour recruter une centaine de figurants, Damya arpente les rues de Paris. Maigres, défaits, abîmés, tous ces malmenés de la société incarneront des déportés, débarquant Gare de l’Est en juin 1945. Dans cette quête, Damya cherche aussi à retrouver le garçon qu’elle a aimé le temps d’une nuit, et dont le souvenir la hante.
Un roman d’une force exceptionnelle dont le Paris d’aujourd’hui est quasiment le personnage principal, une ville habitée par la mémoire de la déportation, des attentats, et les migrants qui peuplent ses rues…
Ce roman est sélectionné pour le Prix Ouest-France Étonnants Voyageurs 2018.
Revue de presse
Gabriel Hantrovicz, célèbre à Paris pour sa peinture figurative, a tout quitté pour Londres où il ne peint plus que des variations en bleu. Surgit dans son univers Christel Paal, une jeune Berlinoise, à peine sortie de l’adolescence…
Christel qui change sans cesse d’avis, s’effondre en larmes pour un mot, se révolte pour un autre. Gabriel s’attache à son insu à cette fille perdue dont il ignore à peu près tout. Bientôt le peintre, qui a déjà éprouvé de plein fouet les dangers de la représentation, entrevoit le désir impérieux de la jeune femme meurtrie : devenir son modèle. Qu’il la peigne, qu’il lui rende un corps, une intégrité, et la sauve de son chaos intime.
Cette nouvelle édition du Bleu du temps paraît conjointement avec le tout nouveau roman de Hubert Haddad, Casting sauvage.
Revue de presse
Fidèle à l’appel constant des autres rives et des antipodes, dans l’ardente continuité de ses deux premiers numéros – « Galaxies identitaires » et « De l’imaginaire et des pouvoirs » –, la revue Apulée continue d’investir tous les territoires de la littérature, de la pensée vive, de la poésie et de l’image.
C’est sur le thème de « La guerre, le monde et la paix » que s’articule cette nouvelle livraison.
Dossiers : Albert Camus, Frantz Fanon, Nabile Farès, Madeleine Riffaud, Jean Sénac, le camp de Rivesaltes.
Avec les contributions de : Yahia Belaskri, Jean-Marie Blas de Roblès, Belinda Cannone, René de Ceccatty, Patrick Chamoiseau, Catherine Clément, Emmanuelle Collas, Julien Delmaire, Ananda Devi, Éric Faye, Nâzim Hikmet, Vénus Khoury-Ghata, Michel Le Bris, Yvon Le Men, Jean-Luc Nancy, Bernard Noël, Cécile Oumhani, Serge Pey, Néhémy Pierre-Dahomey, Catherine Pont-Humbert, Jean-Luc Raharimanana, Jean Rouaud, Éric Sarner, Leïla Sebbar, Salah Stétié, Sami Tchak, Ilarie Voronca, Abdourahman A. Waberi, Carole Zalberg…
Revue de presse
Violoniste virtuose, fervent de musique kleizmer autant que du répertoire classique, Hochéa Meintzel accepte l’invitation d’un festival de musique carnatique à Chennai, en Inde du Sud. Blessé dans sa chair par un attentat, c’est avec l’intention de ne plus revenir qu’il quitte Jérusalem.
Comme aimanté par les circonstances, après une cahotante équipée qui le mène de Pondichéry à la côte de Malabar, en passant par un ranch de montagne aux frontières du Kerala, il trouve refuge à Fort Cochin, un soir de tempête, au sein de l’antique synagogue bleue. Parce que la grande prière exige un minyan, quorum de dix fidèles, ceux qui sont encore là supplient Hochéa d’être des leurs. Avec la promesse de lui raconter l’histoire ancestrale des juifs de Kochi…
Porté par les figures de Samra, sa fille adoptive, et de Mutuswami, la jeune musicienne qui le guide et l’accompagne, Hochéa s’en remet à un enchaînement de hasards, quitte à affronter une part occultée de sa vie – et l’intuition d’un autre monde, d’une autre histoire, d’un autre exil.
En un tour de force romanesque, Premières neiges sur Pondichéry nous plonge dans un univers sensoriel extrême, exubérant, heurté, entêtant, à travers le prisme d’un homme qui porte en lui toutes les musiques du monde, et accueille l’inexorable beauté de tous ses sens.
« La nuit cette fois était entière, emplie d’étoiles dédoublées par des voiles de brume. Et le bouquet final, après les dernières salves, retombait en neige éparse sur la mer. »
Revue de presse
Cette nouvelle revue annuelle de littérature et de réflexion initiée par Hubert Haddad s’engage à parler du monde d’une manière décentrée, nomade, investigatrice, loin d’un point de vue étroitement hexagonal, avec pour premier espace d’enjeu l’Afrique et la Méditerranée.
C’est autour du nom prestigieux d’Apulée – auteur berbère d’expression latine qui, avec l’Âne d’or ou les Métamorphoses, ouvrit au IIe siècle une extraordinaire brèche de liberté aux littératures de l’imaginaire – que se retrouvent ici écrivains et artistes venus d’horizons divers. Romanciers, nouvellistes, plasticiens, penseurs et poètes des cinq continents auront la part belle pour dire et illustrer cette idée de la liberté, dans l’interdépendance et l’intrication vitale des cultures.
Avec ce numéro inaugural, c’est sur le thème des Galaxies identitaires que la revue Apulée entre en scène pour tenter d’en finir avec les enfermements idéologiques, les replis élitistes et les fanatismes aveugles. Et la création et la réflexion ont beaucoup à dire sur les identités…
Comité de rédaction
Yahia Belaskri, Jean-Marie Blas de Roblès, Hubert Haddad,
Abdellatif Laâbi, Catherine Pont-Humbert.
C’est un sujet fascinant dont s’empare ici Hubert Haddad. Un célèbre neurochirurgien s’apprêterait à effectuer une greffe inouïe : transplanter la tête d’un homme sur le corps d’un autre…
Journaliste engagé, en lutte ouverte contre les trusts pharmaceutiques et les mafias de la finance, Cédric Allyn-Weberson vit avec Lorna une passion entière, charnelle, amoureuse. Jusqu’au jour où il se trouve confronté à une violence radicale, celle de perdre accidentellement l’usage de son corps. Se met alors en branle une machine infernale.
Roman au suspense continu, Corps désirable captive par la magie d’une écriture lumineuse qui donne à éprouver intimement les sensations les plus subtiles des personnages – questions lancinantes de l’amour, de l’incarnation du désir et des illusions de l’identité.
Revue de presse
« La marche à pied mène au paradis. » Ainsi s’ouvre Mā, roman japonais, à la croisée de deux destins et autour d’une même quête, la voie du détachement.
Shōichi porte en lui le souvenir de Saori, la seule femme qu’il ait aimée, une universitaire qui a consacré sa vie à Santōka, le dernier grand haïkiste. Leur aventure aussi incandescente que brève initie le départ de Shōichi sur les pas de Santōka, de l’immense Bashō et de son maître Saigyō. Marcher, pour cette procession héroïque d’ascètes aventureux, c’est échapper au ressassement, aux amours perdues, c’est vivre pleinement l’instant ! « Le saké pour le corps, le haïku pour le cœur. »
Revue de presse
« Mister Splitfoot, si tu y es, frappe deux fois ! » Qui se souvient de l’incroyable destin des sœurs Fox, ces deux fillettes de l’Amérique puritaine qui, par une nuit de mars 1848, en réponse aux bruits répétés qui secouent leur vieille ferme, inventent le spiritisme comme on joue à cache-cache ? Kate, d’abord, sorte d’elfe à la fois espiègle et grave, pleine de fantaisie et de mystère, Margaret, fascinée par la médiumnité de sa petite sœur, et enfin Leah, de vingt ans leur aînée, qui, avec l’aide d’hommes d’affaires de Rochester et de financiers de Wall Street, rêve de fonder un empire à partir de ce nouveau jeu de société un rien macabre…
Avec Théorie de la vilaine petite fille, Hubert Haddad revisite magistralement, dans un style ample et endiablé, un demi-siècle de la folle Amérique, celle du libéralisme naissant, des sectarismes et de toutes les utopies. Il nous offre un roman facétieux, jubilatoire, émouvant, dont on ressort étourdi et joyeux comme d’une baraque de train-fantôme, avec en tête la ritournelle d’un negro spiritual ou d’un vieux folksong.
Revue de presse
La Condition magique est un roman prodigue, un roman philosophe qui se déploie autour de la figure du grand Descartes, emblème de la raison triomphante ou planche de salut : pour Hiel, en deuil irréparable et halluciné d’un frère étudiant en philosophie, pour Desargues, universitaire désabusé, ou Marghrète, proie facile d’une secte ignominieuse. Et pour le père de celle-ci, richissime industriel suédois collectionneur d’automates, animé par l’unique espoir de redonner vie à une épouse disparue dans les sommets himalayens vingt ans auparavant. Tous se débattent en quête du sens, une quête existentielle qui peut-être se joue – ou se déjoue – sur le toit du monde.
Revue de presse
« L’histoire vraie de Matabei Reien – celle qui concerne les amateurs de haïkus et de jardins – commence vraiment ce jour d’automne pourpre où Dame Hison l’accueillit dans son gîte. » Dans le Peintre d’éventail, bouleversant roman d’inspiration zen, on découvre le destin, imaginaire ou réel, d’un merveilleux peintre et haïkiste. Au fil du récit et de la lecture, on s’arrête, çà et là, sur quelques-uns de ces haïkus, mais la plupart ne sont qu’évoqués. « Matabei tapotait sa paume du bout d’un éventail reçu en présent. Ouvert, celui-ci déployait en quelques traits simples un coin de paysage d’une sublime harmonie, immédiate équation de l’œil à l’esprit qui ne demandait ni calcul ni réflexion. On pouvait lire, courte averse sur le coin gauche, ces caractères rapides : Chant des mille automnes le monde est une blessure qu’un seul matin soigne « On pourrait faire une théorie de ces éventails. Contentons-nous de battre des cils sur les quelques centaines de clins d’œil qu’ils disséminent, sereins, cocasses ou pathétiques, comme autant de points de vue d’un jardin disparu. » Pour prolonger la lecture du roman et l’immersion totale dans ce fabuleux jardin, reste à découvrir l’ensemble des haïkus du peintre d’éventail, ces Chemins de rosée qui nous ouvrent la voie lumineuse de la mansuétude et du détachement. Les Haïkus du peintre d’éventail, indispensable complément au Peintre d’éventail.
C’est au fin fond de la contrée d’Atôra, au nord-est de l’île de Honshu, que Matabei se retire pour échapper à la fureur du monde. Dans cet endroit perdu entre montagnes et Pacifique, se cache la paisible pension de Dame Hison dont Matabei apprend à connaître les habitués, tous personnages singuliers et fantasques. Attenant à l’auberge, avec en surplomb la forêt de bambous et le lac Duji, se déploie un jardin hors du temps. Insensiblement, Matabei s’attache au vieux jardinier et découvre en lui un extraordinaire peintre d’éventail et un subtil haïkiste. Il devient peu à peu le disciple dévoué de maître Osaki. Fabuleux labyrinthe aux perspectives trompeuses, le jardin de maître Osaki est aussi le cadre de déchirements et de passions, bien loin de la voie du Zen, en attendant d’autres bouleversements... Avec le Peintre d’éventail, Hubert Haddad nous offre un roman d’initiation inoubliable, époustouflant de maîtrise et de grâce. Sublime Japon ! Auteur d’une œuvre vaste et diverse, portée par une attention de tous les instants aux ressources prodigieuses de l’imaginaire, Hubert Haddad nous implique magnifiquement dans son engagement d’intellectuel, d’artiste et d’homme libre, avec des titres comme Palestine (Prix Renaudot Poche, Prix des Cinq continents de la francophonie), les deux volumes foisonnants du Nouveau Magasin d’écriture ou encore Opium Poppy (à paraître chez Folio en janvier 2013).
« Nous sommes les deux plus grands peintres de notre temps, toi dans le genre égyptien et moi dans le genre moderne ». Ainsi s’adressait à Picasso celui que l’on qualifia de « primitif moderne », véritable autodidacte dont la peinture, naïve, quasi « brute », rallia les Fauvistes et impressionna les Surréalistes. De La Bohémienne endormie, chef-d’œuvre fascinant du Douanier Rousseau (1897, MoMA, New York), Hubert Haddad tire un récit onirique qui restitue toute la magie d’une peinture à jamais ouverte sur l’infini. Veillée par la pleine lune – dans le faux jour intense d’un crépuscule étoilé –, la bohémienne, sous le masque nocturne de son visage en étrange gémellité avec la gueule du grand lion pacifique, semble rêver de la violence d’aimer… Henri-Julien-Félix Rousseau naît à Laval en 1844, d’un père ferblantier et d’un arrière-grand-père ancien colonel d’Empire et gouverneur militaire de Sélestat. Passionné de musique et de poésie, il monte à Paris en 1869, où il épouse Clémence Boitard, dont il aura 9 enfants. En 1871, il obtient un emploi à l’Octroi de Paris, qui lui vaudra son surnom. Convaincu de sa singularité artistique, il obtient en 1884 sa carte de copiste du Louvre et expose pour la première fois au Salon des Indépendants (il y exposera sans discontinuité de 1886 à 1910), où il sera remarqué par Paul Signac, Paul Gauguin, Odilon Redon, Georges Seurat et Camille Pissarro. Sa femme meurt en 1888 et malgré ses difficultés financières il quitte l’Octroi en 1893 pour se consacrer à la peinture. Il peint en 1897 La Bohémienne endormie, qu’il tente de revendre sans succès à sa ville natale. Il se remarie en 1899 avec Joséphine Noury qui mourra elle aussi quatre années plus tard. L’inspiration exotique de ses tableaux, selon Apollinaire, viendrait d’un voyage de Rousseau au Mexique pendant son service militaire, que rien ne vient pourtant attester. Coloriste original jouant avec la perspective, Rousseau emplit ses tableaux d’un exotisme onirique, une poésie visuelle, « naïve », dans laquelle le rêve tient lieu de réalisme. Il se lia d’amitié avec Alfred Jarry, qu’il hébergea pendant un temps, avec Apollinaire, Blaise Cendrars et André Breton, qui l’encouragèrent peut-être à écrire les quelques pièces de théâtre et poèmes qui ne marquèrent pourtant pas la postérité. Il meurt à l’hôpital Necker en 1910. Sa dépouille fut d’abord jetée dans la fosse commune avant que Armand Queval, Robert Delaunay et Guillaume Apollinaire ne se mobilisent pour lui garantir une sépulture, sur laquelle Apollinaire fit gravir une épitaphe « (…) Laisse passer nos bagages à la porte du ciel / Nous t’apporterons des pinceaux, des couleurs, des toiles / Afin que tes loisirs sacrés dans la lumière réelle / Tu les consacres à peindre comme tu tiras mon portrait / La face des étoiles. »
C’est l’histoire d’Alam. Celle d’un petit paysan afghan, pris entre la guerre et le trafic d’opium. À travers ses yeux, nous découvrons les choix terribles qui s’imposent à l’enfant soldat. À travers ses aventures d’immigré clandestin, nous sont dévoilés dans toute leur absurde crudité les chemins de la drogue, du producteur de pavot à l’héroïnomane parisien. Hubert Haddad nous offre un livre coup de poing. En poète, en homme libre, il sait que la littérature seule peut approcher la tragédie. Dernier fleuron d’une œuvre encensée par le public et la critique, Opium Poppy résonne d’un lyrisme haletant, celui de l’urgence de l’engagement.
Revue de presse
Les nouvelles d’Hubert Haddad constituent un univers en soi, un continent insubmersible entre songe et réalité. Les personnages en quête d’absolu, les monstres secrets, les phénomènes de cirque, les femmes fatales et les acteurs fous, investissent des cités authentiques ou inventées, des îles fantastiques ou des no man’s land très mystérieux. L’effroi et la merveille sont ici partout au rendez-vous. Chacune de ces histoires nous propulse dans la brûlante actualité des mythes et des légendes, aujourd’hui même le plus souvent. Tous ces drames et ces paysages insolites ou trop réels, nous nous empressons d’y croire avec délice afin de perpétuer la magie de la lecture.
Hubert Haddad nous parle de notre être intime, de nos cauchemars comme de nos aspirations à un autre monde, avec un bonheur d’invention, une fantaisie alerte qui font de cette somme en deux coffrets de cinq recueils chacun – l’un dédié au soleil et l’autre à la lune – un monument de mots voué au très folâtre culte de la fiction et à l’imaginaire.
Nouvelles du jour et de la nuit : la nuit est une magnifique boîte de format 13,5 x 20 x 7 cm qui contient 5 volumes de 128 pages chacun :
L’Inconnu du terminal Beaufor
Juliette avant la nuit
Le Robot mélancolique
Le Prince d’automne
Le Langage des fleurs
Nouvelles du jour et de la nuit : le jour, dans lequel on retrouvera :
Le Cabaret de la mère folle
Le Souffle de l’Agone
Le Soleil des scorpions
Un été vaudou
Le Jardinier et le faux nègre
Un jour de printemps, Michaï, vieux musicien ambulant rescapé des camps, se retrouve devant la gare de Bobigny. Un campement de Tziganes vient d’en être expulsé pour les commémorations de la déportation. Le vieil homme y rencontre un petit garçon en quête des siens, Nicolaï… C’est du point de vue de l’enfance que les nouvelles de Vent printanier (nom de code de la rafle du Vel’ d’hiv’) évoquent l’épouvantable connivence de Vichy avec la « solution finale ». De retour sur les lieux de l’impensable, Hubert Haddad écrit ces histoires vraies de tout leur poids d’imaginaire, vraies des milliers de fois hier à Drancy ou ailleurs, et aujourd’hui comme en filigrane dans les regards effrayés des exclus sur un monde en lente perte d’humanité.
Pour tenter d’oublier Fedora qu’il a aimé à en mourir, un romancier s’exile sur les côtes du Finistère, dans un vieux manoir dominant l’Océan. Emporté par l’esprit des lieux, il commence un journal intime où peu à peu se mêlent personnages réels et fictifs. De Fedora, soprano lyrique qui se donne le jour mais se refuse la nuit, à l’étudiante japonaise persécutée par son frère yakusa, les héros de ses romans, ses maîtresses disparues, ou encore Emilie Dickinson, prennent un même caractère de réalité. Mille et une Nuits d’un insomniaque qui se raconte des histoires, Géométrie d’un rêve, traversé par les figures de Faust ou d’Othello, est le roman de la jalousie inexpiable et de l’amour fou.
Les textes les plus récents d’H. Haddad, où le lyrisme et le chant sont poussés à leur plus extrême concision, et d’autres plus anciens : « Bab’îlu », long poème narratif qui déploie le mythe de Babel dans son historicité et sa symbolique, ainsi qu’un conte de vers et de proses alternés, Dernier combat de l’homme en sang, interprétation onirique de la quête du Graal.
Quelque part en Cisjordanie, entre la Ligne verte et la « ceinture de sécurité », une patrouille israélienne est assaillie par un commando palestinien. Un soldat tombe sous le feu, un autre est enlevé par le commando bientôt en pleine déroute… Blessé, sous le choc, l’otage perd tout repère, en oublie son nom. C’est, pour lui, la traversée du miroir. Seul survivant, sans papiers, en vêtements civils et keffieh, le jeune homme est recueilli, soigné puis adopté par deux Palestiniennes. Il sera désormais Nessim, frère de Falastìn, étudiante anorexique, et fils d’Asmahane, veuve aveugle d’un responsable politique abattu dans une embuscade. C’est ainsi que Nessim découvre et subit les souffrances et tensions d’une Cisjordanie occupée... Dans ce bouleversant roman, Hubert Haddad transfigure avec Falastìn — moderne Antigone — toute l’horreur du conflit en une tragédie emblématique d’une grande beauté. Palestine a été traduit et publié en Italie (Il Maestrale), en Allemagne (Nautilus), au Portugal, (Quetzal), en Espagne et en Turquie.
On ouvre ce Nouveau Nouveau Magasin d’écriture comme une boîte à secrets : pour rêver, inventer, écrire et… lire ! Comme une machinerie fabuleuse à produire de la fiction et à investir les territoires de l’imaginaire. Gravures, dessins, tableaux aux forces évocatrices, caricatures ou curiosités d’almanach, c’est tout un monde de textes et d’images qui s’offre à nous. Hubert Haddad a puisé avant tout chez ces peintres passionnément inspirés par la littérature - Goya, Doré, Klinger, Bresdin, Kubin, Rops, Redon… Au plaisir des yeux répond celui de la rêverie. On emprunte les sentiers du merveilleux labyrinthe de la fiction universelle aux côtés de Kafka, Valéry, Ovide ou Hugo, mais aussi de nombreux botanistes, inventeurs, grands voyageurs, astronomes ou architectes visionnaires, on y découvre un univers de fantaisie et d’inquiétante étrangeté. À travers le mystère de gravures et dessins, à travers de nombreux jeux inédits et propositions d’écriture, ce cabinet des curiosités ou dispositif à capter les songes, a pour ambition d’explorer d’autres domaines de l’art d’écrire – et donne au fil des pages à rêver dans un esprit capricant et vagabond.
C’est un môme, il n’a pas cinq ans, mais déjà il fuit la mésentente de ses parents. Son refuge est dehors. Au-delà de la porte cochère, sur les trottoirs de Belleville et de Ménilmontant, dans la rue. Figure festive et contrastée, tragique à l’occasion, le Paris des années cinquante et ses « fortifs », entre reconstruction et guerre d’Algérie, avec ses petits métiers, rémouleurs et forains, chiffonniers et camelots, ses clochards et ses gitans amoureux, abrite le jeune garçon, qui se cherche une place avec plus ou moins de succès. Dans cet univers bigarré, il fait rapidement l’apprentissage de la seule différence qui ne pardonne pas : être né ailleurs. Le petit Juif de Tunis n’en souffrirait sans doute qu’à peine si ses lointaines origines, qu’il a lui-même oubliées, ne s’interposaient entre son cœur et la blondeur d’une fillette. Souvenirs, rêves et anecdotes composent dans ce récit d’enfance la mosaïque des premiers abandons et des premières douleurs, celles que la camaraderie enfantine ne guérit pas toujours et que l’école inhumaine accuserait plutôt, celles de la déréliction, peut-être plus lourde à porter que l’exil.
De l’art de la nouvelle et du conte à celui du roman, du sonnet baroque à la poésie contemporaine, du haïku au genre épistolaire, sillonnant entre Rimbaud, Proust, Emily Brontë, Kafka, Borges, Daumal, Hardellet, Kraus et cent autres, cet objet littéraire non identifié débride joyeusement l’imaginaire autant qu’il explore les arcanes de la création littéraire - ou comment trouver un sujet, investir de façon ludique la poésie, le théâtre ou le mot d’esprit, s’adonner aux délices de l’analogie et de la métaphore… Foisonnant, passionné, érudit et simple, terriblement excitant, Le Nouveau Magasin d’écriture est tout à la fois une encyclopédie subjective, un dictionnaire portatif, un bréviaire de style et un réservoir magique d’inspiration - en somme : un véritable manuel d’écriture et de littérature en action, pour tous les fous de littérature. Avec une richesse d’invention propice au rêve et à l’aventure, il offre une somme de dispositifs et de multiples rapprochements inédits, pour associer écriture et lecture dans une même perspective d’invention et d’émancipation.
Une singulière légende a cours sur les rives de la Méditerranée : saint Louis ne serait pas mort de la peste dans la plaine de Carthage à l’issue de la VIIIe croisade... Venu convertir l’émir de Tunis Al-Mostancir, avant de reprendre la route de Jérusalem, Louis le neuvième se serait éclipsé. Guéri du pouvoir comme de la dysenterie, il se serait installé sur la colline enchanteresse qui surplombe Carthage et qu’on appelle désormais Sidi Bou Saïd. D’autres versions de la légende prétendent que saint Louis, initié au Coran et à la philosophie des maîtres du soufisme, converti par une belle musulmane et devenu lui-même un grand mystique soufi, ne serait autre que Sidi Abou Saïd. La Double conversion d’Al-Mostancir nous plonge dans la conscience même du roi saint à l’agonie. Avec ce conte lourd de sens, Hubert Haddad réinvente ici le roman de l’Ifriqiya.
Lorsqu’on a passé ses plus belles années au fond d’une prison sri lankaise à cause d’un doigt de cannabis et d’un engrenage de malentendus, il y a de quoi devenir fou. Trente ans plus tard, libéré mais oublié de tous, le héros de cette histoire retourne en France où l’attend un héritage inhabituel. Un vieil oncle défunt appelé Martin Harrar savant homme et aventurier richissime lui a légué un étonnant domaine au milieu de forêts. Il s’agit en réalité d’une clinique psychiatrique pour grands dépressifs et les clauses du testament astreignent le bénéficiaire à en maintenir scrupuleusement les activités. Incidents bizarres, comportements suspects et phénomènes irrationnels poussent le narrateur à mener une enquête sur la personnalité et les activités secrètes de son oncle disparu. Il va également découvrir qu’hériter d’un tel établissement n’est pas la meilleure façon de garder sa raison. Riche en énigmes et en chausse-trapes, le roman de Hubert Haddad nous entraîne dans un univers inquiétant, régi par les lois de l’humour et de l’étrange.
Dans Le Cimetière des poètes, Hubert Haddad accomplit une traversée critique de la poésie française à travers son histoire éruptive, toujours à reconsidérer depuis Rutebeuf et Villon, et sur la brèche de l’avenir. Il s’agit pour lui de rendre sa plénitude énigmatique au mot poésie, de remettre sans relâche en question les consensus frileux qui priment et de rappeler chacun au devoir de révolte : tout est à réinventer dans la réalité. À une époque de massification par la technique, ce livre laisse espérer qu’il y aura toujours des aventuriers inutiles, sinon pour changer le monde, du moins pour donner un air de jeunesse aux grands cimetières de l’esprit.
Peuplées de visions et de chimères, fantastiques, érotiques ou légendaires, les nouvelles d’Hubert Haddad sont des rituels d’initiation dramatisés jusqu’à la folie. La puissance du désir qui conduit une sainte aveugle à l’accomplissement d’un miracle, la passion d’un cinéaste pour une comédienne disparue, le mythe de Faust relancé par la magie du théâtre, l’errance d’une adolescente hantée par l’image d’un cheval, les fantasmes d’un artiste peintre pour une inconnue, la découverte de son corps par une jeune femme devenue invisible : tous ne perçoivent le principe et le sens de leur vie que dans le subtil instant du rêve, de l’absence ou de la disparition. Après Le Secret de l’immortalité (prix Maupassant) et Mirabilia (prix Renaissance de la nouvelle), quelque part dans la Voie lactée nous emporte dans les contrées fabuleuses ou réelles de la solitude amoureuse.
Quand un jeune original, héritier d’une fortune immense, se met en tête d’acquérir le génie, on peut s’attendre à tout. À ce qu’il devienne ventriloque, se retrouve interné chez le bon docteur Merz avant d’être exilé au bout du monde, et d’échouer avec d’autres fous sur une île déserte… bientôt peuplée de fous. Au fil d’un récit drolatique, Hubert Haddad nous offre quelques réflexions insolites sur la folie, agrémentées de nombreux dessins. Un univers poétique et loufoque.
« Je la suivis sans hésiter, la nuque moite, une main sur le cœur, avec à l’esprit la sempiternelle question adressée au tout-venant des minotaures par des poètes inconséquents : Pouvez-vous dire quelle a été la rencontre capitale de votre vie ? »
L’auteur est un des pionniers de l’atelier d’écriture. Depuis 1980, il intervient dans le cadre scolaire, les structures d’accueil pour jeunes ou adultes en difficulté, les hôpitaux, les prisons etc...Ce livre retrace son expérience et propose une réflexion sur les enjeux d’une telle pratique du point de vue singulier de l’écrivain...
"Nous sommes une espèce éphémère oubliée après l’amour. " C’est un enfant qui parle. Né sous Louis XVI, témoin de la Révolution, les exactions des hommes contre les hommes l’effarent, qu’elles s’autorisent du roi, de Dieu ou de la liberté. Mais elles ne l’étonnent guère. Les adultes ne sont-ils pas tout d’abord des ogres ayant chacun commencé par dévorer l’enfant qu’il fut ? Dans ces temps d’insurrection, il prend le parti du peuple le plus opprimé, le sien, celui des enfants. Le peu d’égards des hommes et des femmes envers les enfants le scandalise. Ils se montrent insensibles à leur mort ou les exploitent sans vergogne. Aussi fonde-t-il la confrérie des Quart-Jambes, opposant à la barbarie des adultes la malice et la fantaisie de l’enfance. Quant à lui, sorti du bagne de l’orphelinat pour devenir tour à tour valet au service des derniers serfs, compagnon de bohémiens, espion d’une bande de brigands, garçon de courses d’un majordome, l’amour le conduit à la plus folle des extravagances : se faire anoblir en pleine Révolution ! Ellouet le Bien-Aimé devient le chevalier Alouette. Mais pourquoi disparaît-il le jour de ses quinze ans ? Les romans et nouvelles d’Hubert Haddad nous étreignent toujours par le surgissement de quelque vérité scandaleuse. Il n’en est pas autrement dans son autobiographie fictive, même si notre initiation s’y fait " à chat perché et dans le ciel des marelles ". Poète, dramaturge, essayiste, critique d’art, nouvelliste, Hubert Haddad a également écrit plus d’une quinzaine de romans. En même temps que Le chevalier Alouette, il publie chez Fayard La Vitesse de la lumière. A ceux qui s’étonneraient d’une telle profusion d’oeuvres dans des genres aussi différents, on pourrait répondre en citant Jérôme Garcin : " Hubert Haddad sait différencier les genres littéraires et ne trompe pas son monde. C’est cela, d’abord, le talent : utiliser plusieurs encres, plusieurs plumes au service des mêmes idées. "
"Je me souviens de cette immense grotte dans les falaises de la côte algérienne. Je m’y étais introduit lors d’une halte en voiture sur la route d’Oran. Sur une paroi, à lintérieur, mon propre nom était peint en grandes lettres blanches. Voletant, prisonnière, une hirondelle de mer se cognait aux murailles, à moitié assommée. je l’ai prise sans mal dans mes mains. Dehors, j’ai ouvert les paumes sur l’oiseau tout à l’heure pantelant. Comme il a jailli pour rejoindre le ciel lointain du large ! J’emploie le temps des rêves pour raconter cette histoire. Elle ne m’avait pas troublé outre mesure alors. Trente ans plus tard, l’épisode me semble riche de significations sur mon propre destin. La vie est une route d’oublis qui laisse toute la mémoire. " Poignant, ce texte autobiographique dépourvu de fard exprime comment les mots de l’amour et l’amour des mots peuvent aider à combattre la mort et les plus sombres épreuves de la vie. Poète, dramaturge, critique d’art, nouvelliste, Hubert Haddad a également écrit plus d’une quinzaine de romans. En même temps que La vitesse de la lumière, est réédité chez Fayard Le Chevalier Alouette.
Les amants rêvent souvent d’avoir à leur disposition sortilèges, philtres ou recettes. Magie blanche, magie noire, l’amour est toujours magique, surtout quand s’en mêle le diable, qui comme chacun sait n’est que l’autre nom du désir. On peut considérer Petits Sortilèges des amants comme une mise en forme poétique d’une culture ancestrale fondée sur des recettes de textes cabalistiques, traités de magie ou vieux almanachs. Un plaisir renouvelé des mots qui participe du merveilleux, cher aux plus anciens modes d’expression populaires comme à tous les amoureux.
Ce nouveau recueil d’Hubert Haddad témoigne de la chute des corps et de la disparition. La réflexion partout en jeu dans ces poèmes est travaillée par l’indicible, ce silence en retrait du langage que certaines expériences imposent comme un décollement du signifié.
Pour Hubert Haddad, la littérature est une passion à la fois secrète et partagée qui a la langue pour enjeu, à savoir l’avenir de l’homme. Dans cet essai ordonné entre les deux pôles de l’universalité (« L’alphabet incontrôlable ») et de la subjectivité (« Journal d’un animal arbitraire »), Haddad explore la posture de l’écrivain, non pas seulement face à son oeuvre, mais dans les processus mêmes de la création. Les proximités biographiques et imaginaires que l’auteur éclaire, excèdent les classifications habituelles, pour donner sa vraie dimension, métaphysique et abyssale, à l’aventure des mots. L’originalité de ce livre réside dans la recherche concertée de ce lieu de surgissement où s’élaborent des oeuvres apparemment si diverses. « Défiance et illumination » dans une langue. Qu’est-ce que cette chose qui porte à écrire, à transgresser le réel par le style a Pourquoi des auteurs aussi différents que Daumal, Poe, Hölderlin, Maupassant, Jünger, Garcia Marquez (auquel est consacrée la première étude conséquente en France), le trop méconnu Fardoulis-Lagrange, ou encore Pieyre de Mandiargues, Dominique de Roux, Luc Dietrich, Paul Gadenne et Claude Louis-Combet, butent-ils avec tant de force sur la question fondamentale de l’origine scripturale, liée au désir et à la mort ? Ces études variées sur la position de l’écrivain à travers les oeuvres et le monde qui les porte se nourrissent de réflexions sur la légitimité des genres littéraires à travers les espaces mythiques et les catégories flottantes du réalisme et de l’imaginaire. L’auteur, lui-même poète, romancier et dramaturge, s’efforce d’approcher au plus près, sur ces bases, le mystère des passions esthétiques qu’une même hantise, de l’ordre d’une élucidation absolue, ne cesse d’inspirer. Sans le moindre esprit de système, après Saintes-Beuveries (José Corti), Hubert Haddad développe une philosophie critique de la littérature fondée sur l’épreuve de la vérité et l’expérience fondamentale.
Outre leur étrangeté et singularité, un des points communs à ces dix nouvelles, "merveilleuses" au sens classique du mot, résulte de la fascination des villes grandes ou petites : ici Naples, Rome, Londres, Le Havre, Laon, Genève, mais aussi telle bourgade moins connue d’Autriche ou d’Auvergne. D’où ce titre : Mirabilia. Un autre est d’actualiser les grands mythes - Orphée, Janus, l’Apocalypse et l’éternel retour - dans la plus présente des réalités. Et des figures universelles de la littérature d’imagination, tels le fou en liberté, Robinson, le revenant, le grand personnage déchu en amuseur de troisième zone, le peintre qui vit en trompe-l’oeil. Passionné du monde du cirque, du théâtre, de l’illusion, Hubert Haddad pourrait faire sienne la formule d’un célèbre biologiste : "La vérité est dans les monstres." Des héros en quête d’une figure du destin bouleversante se perdent dans un monde de signes, des constellations de signes. Quelque chose d’une initiation périlleuse ouvre alors au mystère de temps. Dans l’envers anachronique des choses, parmi les marginaux et les illusionnistes, l’univers fantastique d’Hubert Haddad propose une nouvelle fiction faite d’une accélération des hantises les plus aiguës et redoutées de notre temps, quand la réalité entrouvre ses oubliettes et ses double-fonds.
Le visage humain est assurément la surface la plus passionnante de l’univers. Sur cette "peau d’âme" s’inscrivent les fugacités de la prétendue "nature humaine". Hubert Haddad en explore ici tous les aspects, toutes les mimiques et expressions. Le visage est l’envers trahi du décor, l’image inverse du monde, son reflet souvent si mystérieux. À vrai dire, il est pur effet de culture. Hubert Haddad évoque tour à tour les multiples états du visage, de sa formation utérine à ses divers rôles sociaux et physiologiques, comme la gemmelité, la vieillesse ou la monstruosité. Une suite d’illustrations commentées vient étayer cette réflexion : visages de la sorcière, de l’homme public, de l’hystérique ou du phénomène de foire...
Quelque part dans le Pacifique, un homme est rejeté par la mer. Victime d’une forme particulière d’amnésie, il tente de recomposer les événements de son passé. Il élabore ainsi le dictionnaire d’une vie tumultueuse que mille avatars jalonnent et dont le protagoniste n’a plus la clé. Un vieux dictionnaire culinaire lui permet de retrouver par bribes sa mémoire. Son fil d’Ariane sera la succession alphabétique : il retrouve des événement minuscules de son enfance quelque part en Europe de l’Est, la pension Kuntz, une famille en partie décimée dans les camps de la mort, des périples sur un cargo, ou les amours tumultueuses avec une acrobate de cirque. Toute son existence peu à peu se redessine, avec ses passions erratiques, son expérience d’astrophysicien perché dans un phare.
Dans la mouvance d’une génération d’étudiants désemparés, Hiel Akangelos et Marghrète, jeunes Suédoises, suivent ensemble les cours de Roland Desargues sur Descartes, dans une université de la banlieue nord. Hiel, parce que son frère disparu en montagne a été son disciple, Marghrète parce que son père, richissime industriel, possède des documents inédits du philosophe. Après une phase d’errance et de solitude, Hiel parvient à sortir Marghrète de l’influence d’une secte. Quant à Desargues, il ne résiste pas longtemps à partir sur les traces de Descartes, à ses risques et périls, dans l’archipel de Stockholm. Entraînés par la folie d’un homme - le père de Maghrète -, tous trois prendront part à une expédition scientifique dans l’Himalaya... Dans ce roman d’une maîtrise exceptionnelle, Hubert Haddad relate une quête d’absolu en une fin de millénaire tentée par toutes les formes de l’irrationnel. Le retour inquiet à la philosophie, l’attente du sacré à travers les mystiques orientales, l’attirance des sectes et des visions New Age, symptômes d’une civilisation en état de manque, sont ici confrontés à la passion de la vérité.
En terre albigeoise, une vallée encaissée entre deux flancs de colline surmontés à l’ouest d’un château, à l’est d’une abbaye ; Buridan, garçon « d’une candeur remarquable », n’appartient à aucun des deux mondes qui dominent la vallée : follement amoureux de Violentilla, vierge arrogante qui semble se refuser à lui, i1 essaiera de fuir l’amour impossible en renonçant au monde chez les frères de l’abbaye puis en se réfugiant dans l’univers mondain du château. Mais comment oublier le désir qui le pousse irrésistiblement vers elle ? Dans ce conte érotique et initiatique fabuleux, Hubert Haddad, auteur de nombreux essais, romans et nouvelles, nous régale de sa superbe écriture.
« La sentinelle est morte frappée par l’évidence/Et le barbare a fait de son corps foudroyé/L’antique Vérité debout sur sa romance. » Poète, Hubert Haddad fait rouler les mots comme d’enivrants tonneaux sur la pente douce de l’Eternité. Ses proses sont altières, nettes, limpides et détachées ; ses images fulgurantes, rapides, surprenantes. Jamais gratuites car leurs musiques magiques ne cessent de regarder le Sens au fond des yeux… Ces textes pleins de sonorités — l’encre de l’esprit qui coule dans le déclic de l’écriture —, mériteraient d’être lus à haute voix. Il ne faut pas s’en priver ; ces larmes-là sont du Haddad du meilleur cru. Romancier, nouvelliste, poète, auteur dramatique et essayiste, Hubert Haddad est l’auteur d’une quinzaine de romans et de recueils de nouvelles. Il a également publié des essais sur Julien Gracq et Gabriel Garcia Marquez. Il vit actuellement dans le Calvados.
Une auberge sujette à d’étranges activités sur la baie de Black Hill : tout débute comme dans le roman de R. L. Stevenson. Hubert Haddad, dont on connaît les pouvoirs d’évocation, relance de façon inédite l’aventure de L’Île au trésor. Après avoir fait connaissance avec la mer et quelques bois d’épave, on découvre William Bostry, cinéaste de renom, qui tourne une adaptation du célèbre roman avec la réplique exacte du trois-mâts l’Hispaniola, quelques comédiens de Londres et tout un équipage de figurants embauché parmi les marins de radoub des cabarets de Bristol. Hubert Haddad s’empare ainsi d’une émotion d’adolescentt pour créer à son tour la plus palpitante des fictions. Et l’aventure commence, l’effroi et le prodige, avec le jeune Rhys Landor, le Contre-amiral de la Pêche-aux clous, Poing-clos, le professeur Pingleman, ou le lieutenant Memory... Un des secrets de cette hallucinante aventure marine, qu’on lit d’une seule haleine, est de nous réserver de remarquables incursions du côté de la fable et du mythe.
" Le sentiment d’étrangeté se dédouanait du réel le plus insolite. Mais je n’avais pas d’inquiétude ; j’avais fait mon deuil de tout ce qui crée l’illusion au monde : cette buée de relations, d’habitudes, d’opinions, de fausses évidences. Nous sommes seuls et nus. " Chacune des huit nouvelles qui composent le recueil nous précipite dans un monde de signes qui est finalement le nôtre et nous fait reconnaître " la charge de fantaisie qui fausse incidemment la réalité ". Un homme dont la vie déraille se met à arpenter les gares ; à peine débarqué dans les îles, un professeur réalise que l’exotisme est trompeur ; un écrivain devient la victime de son propre livre ; une jeune fille joue son avenir comme on tire les cartes... Quel que soit leur destin, les personnages se retrouvent tous un jour devant " l’issue ou l’entrée du labyrinthe ". Évidence foudroyante de l’éternel retour, du secret de l’immortalité. Au-delà du parcours initiatique, Hubert Haddad nous propose de pratiquer " l’autopsie du mystère ".
Un homme erre de par le monde en compagnie de sa maîtresse Armelle, de sa sœur Catherine à laquelle le lie un amour incestueux, d’un jeune prostitué et d’un trafiquant de drogue. Ce livre genèse permet de comprendre une œuvre tout entière tournée vers le mystère de l’être.
Hubert Haddad parcourt les labyrinthes de l’œuvre exigeante de Julien Gracq. Les soubassements biographiques et les grandes rencontres littéraires étayent ce dialogue entre écrivains. Gracq romancier – ce « rêveur définitif » –, mais aussi critique et polémiste, nous est présenté dans tout l’éclat de son mystère.
Au Liban, en Afghanistan, en Irak, partout où il y a des enfants soldats et des villes en feu, Samuel Faun, photographe de guerre établi à New York, retrouve sans fin le drame vécu du génocide, en Europe centrale, où toute sa famille fut anéantie. Entre deux reportages, il erre dans le quartier juif de Manhattan, et pénètre par hasard dans un théâtre yiddish. On y joue une pièce étrange : Oholiba des songes. Bouleversé par une actrice " au regard de revenante ", Mélanie Roseïn, Samuel Faun est bientôt happé dans la folle dramaturgie de la passion amoureuse et du rêve, tournée vers Oholiba, autre nom de Jérusalem. Un roman d’une somptueuse beauté et d’une maîtrise à couper le souffle.
Mystère et superstition sont les ingrédients essentiels de ce roman. La nature trouve également ici une place importante avec les forêts vosgiennes où se déroule l’enfance singulière de Gilles Varémont. Les dix premières années de ce garçon étrange et sauvage sont jalonnées d’une série de morts dramatiques : d’abord celle de sa mère, Louise, en le mettant au monde, décès provoquant la folie du père bûcheron, puis celles, coup sur coup, de ses grands-parents qui l’avaient recueilli, et enfin celle de son père auprès duquel il était revenu vivre, au cœur de la forêt de Thiriville que les villageois croient hantée par le spectre de Louise, en quête d’une sépulture. Poursuivi par la haine des adultes et des enfants parce qu’il est né « les pieds devant », Gilles se réfugie dans un univers qui lui est doux et familier : la nature, la forêt. Ce « jeune animal égaré toujours aux aguets » a très tôt senti en lui « une sorte d’appel sensuel et douloureux dans la complicité muette des montagnes ». Même s’il est situé dans l’entre-deux-guerres, ce roman est de nature intemporelle. Ce parcours d’initiation – d’un enfant attachant par son refus inné de la civilisation – fait de ce texte – à la charnière du réel et de l’imaginaire – un plaidoyer pour la différence aux couleurs du paganisme.
À l’origine, une immense tragédie survenue dans la Cordillère des Andes : un avion s’écrase à 4 000 mètres d’altitude. Pour survivre, les rescapés en viennent à manger la chair des morts. À la version officielle du drame, justifiant une interprétation à la fois héroïque et sacrée de leur anthropophagie, Hubert Haddad en oppose une autre. Sans modifier la moindre des circonstances relatées, il introduit, à travers quelques figures fictives, le personnage de Marquez, journaliste faisant partie du voyage qui, lui, refuse de manger les cadavres. Dans un décor de neige, de froid et de silence, la Cène est ainsi un immense tableau de paysages vertigineux où sont transmises, comme par électrochocs, la fébrilité des miraculés, l’angoisse, la faim et la folie. Une superbe et souvent insoutenable parabole sur les valeurs de l’homme occidental. Cette tragédie, survenue dans les Andes en 1972, a bouleversé le monde entier. Elle a été relatée, dans une version officielle, dans le livre Les Survivants de Piers Paul Read, un best-seller international qui a donné lieu par la suite à un film à grand spectacle. Revisitée par Hubert Haddad sous une forme romanesque, dans l’instant même du drame, elle est ici prétexte à une réflexion personnelle sur le sens philosophique de l’événement et sa récupération par les médias, le gouvernement et l’Église.
Un rêve de glace est une magnifique, éphémère et macabre histoire d’amour. Celle d’un gardien de morgue, héroïnomane et nécrophile, sensible et passionné, qui tombe amoureux de la dépouille d’Eva, épouse suicidée du Dr. Possémé. Mais comment préserver à tout jamais sa belle endormie ? Peu à peu, les souvenirs qui le hantent lèvent le voile sur un passé douloureux, celui de sa mère, Elénore, et de la grande maison en bord de mer de son enfance. Fabuleux portrait d’un héros atypique (dont les passions perverses, étrangement, semblent aller de soi), ce “rêve de glace” instaure une ambiance inquiétante et mystique, dans des décors fantasmagoriques d’un palais baroque, entre réalité et hallucination. Ce premier roman d’une richesse littéraire et d’une profondeur psychologique rares a été publié en 1974. Zulma réédite ce texte clé qui mit en lumière l’un des plus talentueux écrivains des trente dernières années autant qu’il préfigura, par le souffle poétique qui le porte, l’œuvre magistrale à venir.
« Transformer le monde, a dit Marx. Changer la vie, a dit Rimbaud. Ces deux mots d’ordre pour nous n’en font qu’un. » Il est temps de faire nôtre cette formule d’André Breton. Confrontés à un événement sans précédent et d’ampleur uni- verselle, nous voilà, depuis un an, à même de constater notre peu de réalité. Nous sommes tous projetés vers le « monde d’après » : mais ce monde, quand commence-t-il, avec quels paradigmes, et pour quelle reconstruction ? Ce numéro s’interroge sur toutes ces aspirations nouvelles – écologiques, politiques, sociales aussi bien qu’artistiques.
Animé par : Yann NICOL
Animé par : Maëtte CHANTREL
Avec : Hubert HADDAD, Michel QUINT, Yanick LAHENS
Animé par Maëtte CHANTREL et Pascal JOURDANA
Avec Georges-Olivier CHATEAUREYNAUD, Hubert HADDAD, Bernard QUIRINY, Raimundo CARRERO.
Avec Hubert Haddad, Georges-Olivier Chateaureynaud, Claude Durand, Julien Delmaire
Animé par Yahia Belaskri
On dit d’un écrivain qui impose sa singularité qu’il a un souffle, un ton, un rythme, un « grain de voix » à nul autre pareil – et si la littérature était cela même : faire trembler le mot écrit, faire
surgir au coeur de l’écrit ce qui fait la force même de l’oralité ? Gabriel Garcia Marquez, qui vient de nous quitter, était de ces écrivains rares dont on peut dire qu’ils ont marqué leur siècle, tout à la fois intensément ancré dans l’Amérique latine et véritablement universel, qui plus que tout autre peut-être aura incarné le courant du « réalisme magique ». Claude Durand, un des très grands éditeurs de ces dernières décennies, l’a découvert et traduit, avec sa femme Carmen, en 1976.
Avec : Hubert HADDAD, Damon GALGUT, Murray BAIL, Sefi ATTA
Interventions de Michel Le Bris, Patrick Chamoiseau, Nancy Huston et Hubert Haddad
Hubert Haddad, Wilfried N’Sond, Makenzy Orcel, Hisham Matar
Avec James Noël, Julien Delmaire, Yahia Belaskri, Hubert Haddad et Makenzy Orcel.
Avec Jasper Fforde, Hubert Haddad, Sjon et Gary Victor
Une vidéo réalisée par Cap7Média.
Une rencontre entre la poétesse et écrivaine Ananda Devi et Hubert Haddad, précédée par une lecture d’un texte de la poétesse par Elie Guillou.
Un dialogue entre l’écrivain Hubert Haddad, un des inspirateurs de la Chambre des machines, et son complice Yahia Belaskri.
Avec Jean-Marie Blas de Roblès
Animé par Hubert Haddad.
La littérature n’est pas à côté du monde. Elle le contient dans sa réalité sociale, politique, historique, rompant les segmentations, mêlant les strates. A-t-elle ainsi un potentiel politique ? Face à un monde détraqué, une sidération paralysante, puisons dans la littérature. Elle nous donne la possibilité de croire à notre pouvoir d’action sur les choses, de croire au sens des mots et en leur mise en acte et de refuser l’assignation. Nous avons besoin de héros, d’antihéros, qui créent l’étincelle en nous pour agir sur le réel.
Une rencontre animée par Julien Bisson du 1 des libraires, avec trois auteurs et autrices habité·es par l’éthique de l’engagement. Le héros de Laurent Gaudé dans Chien 51 se rebelle face à un monde privé de mémoire. Où puise-t-il les ressources de transmettre ce qui doit être oublié ? L’œuvre de Justine Augier (Croire) porte la conviction que la littérature a ce pouvoir unique de transmettre des idées et de nous ramener au monde. Le romancier Hubert Haddad poursuit avec sa revue Apulée son engagement pour la liberté absolue de l’écrivain, pour la passion de transmettre et contre l’enfermement.
Avec Mélani LE BRIS, Hubert HADDAD, Carole MARTINEZ
Animé par Arnaud WASSMER
Avec Danièle ROBERT, Valérie ZENATTI, Atiq RAHIMI, Hubert HADDAD
Animé par Arnaud Wassmer
Lectures et rencontres en musique à l’occasion de la parution du nouveau numéro de la revue Apulée — « Guerre et paix » — avec certains des auteurs ayant contribué au numéro. La revue, lancée par Hubert Haddad, entend parler du monde d’une manière décentrée, nomade, investigatrice, avec pour premier espace d’enjeu l’Afrique et la Méditerranée.
Avec Juliette Thomas, Omar Youssef Souleimane, Hubert Haddad, Jean-Marie Blas de Roblès, Jean Rouaud, Éric Sarner.
Animée par Yahia Belaskri.
Animé par Marie-Madeleine Rigopoulos.
avec Jean Rouaud, Jean Viard et Hubert Haddad
Avec Michel Le Bris, Hubert Haddad, Claude Aziza
Animé par Hubert Artus
Avec Hubert Haddad, Michel Le Bris et Mona Ozouf. Animé par Hubert Artus
Avec Felwine Sarr, Kossi Efoui, Hubert Haddad et Anna Moï.
Rencontre animée par Yann Nicol.
Avec Josef Koudelka, Yahia Belaskri, Jean-Marie Blas de Roblès, Hubert Haddad
Animé par Yann Nicol
Avec Hubert Haddad, Jean-Marc Ligny, James Morrow
Avec H. HADDAD, Y. BELASKRI, F. GATTONI, J. DELMAIRE
Avec A. WABERI, H. HADDAD, Y. BELASKRI, F. GATTONI, J. DELMAIRE, H. YARED
Avec Kim Thuy, Hubert Haddad, Christine Jordis
Avec Michel LE BRIS, Hubert HADDAD, Christiane TAUBIRA
Animé par Yann Nicol
Avec Hubert Haddad, Pierre Cassou-Nogues, Saul Black et Alain Morvan. Rencontre animée par Hubert Artus
Le siècle des Lumières nous promettait une marche cadencée vers le Progrès et la Liberté sous les lumières de la Raison – voilà qu’il se creuse en souterrains, se dresse en châteaux maléfiques, se renverse en nuit noire. Gothique sera l’espace de cette déflagration, où semblent s’annoncer les tumultes du temps, depuis le Vatheck de Beckford et le Moine de Lewis jusqu’au Frankenstein de Mary Shelley. Gothique, il revient à chaque période de rupture : romantisme noir, fantastique fin de siècle, et aujourd’hui encore, dès le milieu des années 70, quand s’effondrent les idéologies. Avec Alain Morvan, Saul Black (alias Glen Duncan), Hubert Haddad et Pierre Cassou Noguès.
Avec Kamel Daoud, Hubert Haddad, Ananda Devi et Wilfried N’Sondé. Rencontre animée par Sophie Ekoué
Avec Frankétienne, Muriel Barbery, Breyten Breytenbach, Hubert Haddad. Débat animé par Marie-Madeleine Rigopoulos.
Avec : Hubert Haddad
Animé par : Marie-Madeleine Rigopoulos
La poésie des romanciers, une rencontre avec Lyonel Trouillot, Léonora Miano, Jean-Marie Blas de Roblès, Hubert Haddad, animée par Yvon le Men.
Avec Leïla Kilani, la réalisatrice de "Sur la planche", Alaa El Aswany, Raja Shehadeh, Paolo Rumiz et Hubert Haddad
Il y a de l’indicible. C’est même pour cela qu’il y a littérature. Si tout était dicible, tout serait dit depuis longtemps, et nous n’en ferions pas tant d’histoires ! Mais des histoires, justement, nous en racontons depuis l’aube des temps... « Ce simple mystère : raconter des histoires » disait Henry James. Pourquoi, ce « besoin de fictions » ? « Indicible »... C’est peut-être vite dit. Si le « fictif » n’est pas le vrai, il n’est pas non plus le faux : peut-être faudrait-il enfin admettre qu’il dit quelque chose qui ne peut pas être dit autrement. Et en tirer toutes les conséquences : qu’il y a un autre ordre de connaissance que celle rationnelle, discursive — une connaissance relevant de l’imaginaire. Par laquelle nous pouvons lier connaissance avec l’autre. Et habiter le monde...
Dans les années d’arrogance des avant-gardes, quand celles-ci rêvaient à une littérature qui n’aurait plus d’autre objet qu’elle-même, et que la « production textuelle » prétendait remplacer le récit, bref, quand la fiction et donc l’imaginaire se trouvaient frappés d’interdit, le moins que l’on puisse dire est que le mythe n’avait pas bonne presse. Mais comment dire, sans y retourner, l’inconnu du monde qui vient, dans le déploiement de ses puissances ?