Le Sénégal où furent jetées les premières bases coloniales africaines de la France avec la fondation de Saint-Louis du Sénégal en 1659 a joué un rôle de premier plan, tant dans la colonisation mercantile et esclavagiste que dans l’exploitation impériale qui suivit, puis dans l’histoire contemporaine de la décolonisation. Cette histoire reste encore largement à écrire pour éclairer la recherche de voies nouvelles du développement et de la démocratie à l’heure de la mondialisation. L’ouvrage de Roland Colin qui fait suite à Kènèdougou au crépuscule de l’Afrique coloniale, décrivant la dernière étape du « temps des colonies », est une contribution majeure à ce dossier. S’exprimant en auteur-témoin, Roland Colin retrace son histoire personnelle au sein de l’histoire englobante dans une approche, entre l’individuel et le collectif, que les historiens d’aujourd’hui accueillent avec un intérêt tout particulier comme en témoigne la stimulante préface d’Elikia Mbokolo, l’une des figures de proue de la nouvelle histoire africaine. Élève de Senghor, son Maître d’initiation à la Culture et aux langues africaines, Roland Colin avait décidé de faire valoir ses convictions au service de la décolonisation, au sein même du système colonial sur le déclin, dans une voie que suivront de jeunes administrateurs africains s’érigeant en avant-garde de l’émancipation. Après trois années d’apprentissage comme administrateur-adjoint en pays sénoufo du Soudan français – le Mali d’aujourd’hui – relatées dans Kènèdougou, il est affecté au Sénégal en janvier 1955 où sa nouvelle et grande aventure se déclinera en trois temps.