L’Écriture du monde est le premier tome d’un récit historique qui explorera, en trois volumes, les siècles obscurs qui s’étendent entre la fin officielle de l’Empire romain en Occident (476 de notre ère) et le XIe siècle, où s’imposent les royaumes, esquisses de nos modernes États-nations (élection d’Hugues Capet). Siècles de lentes mutations culturelles : extension du christianisme et de son rôle politique et social ; apparition d’un art nouveau (l’art roman) très différent de l’art gréco-latin, et de littératures en langues « vulgaires » ; au sud de la Méditerranée, développement de la civilisation arabo-musulmane. Cependant, en Orient et à Constantinople, subsiste l’Empire romain, qui poursuit son évolution propre.
Ce premier volume recouvre l’ensemble du VIe siècle, un siècle fondateur. Clovis établit les Francs en Gaule, Justinien à Constantinople édifie Sainte-Sophie. Les Wisigoths règnent en Espagne. Angles et Saxons se disputent les îles britanniques. Grégoire le Grand est un des premiers à comprendre cette « nouvelle donne » géopolitique. Saint Benoît impose la régie monastique qui dominera le Moyen Âge. Le moine Denys invente notre comput à partir de la naissance de Jésus… Ce siècle compliqué, mal connu, voit disparaître l’unité méditerranéenne et s’esquisser l’Europe à l’écart de l’Orient.
On le parcourt à travers deux destinées singulières.
Celle, d’abord, de Magnus Aurelius Cassiodorus (Cassiodore), né vers 485, mort vers 575, aristocrate romain de grande famille qui devient conseiller du roi barbare Théodoric, nouveau maître de l’Italie dans sa capitale de Ravenne. La reconquête brutale de l’Italie par Justinien anéantit son idéal d’une fusion entre le peuple de souche et les nouveaux venus ostrogoths. À 60 ans, il fonde en Calabre un monastère où il entreprend de rassembler et de faire recopier des milliers de livres (philosophie, médecine, architecture, mathématiques, littérature, théologie…). Ce personnage, qui meurt à 90 ans, a été témoin et acteur de tout un siècle convulsif.
Vers 560, un autre peuple dit « barbare », les Lombards, s’empare de l’Italie. Théolinda, petite princesse des Bavarii issue de sang royal lombard va, à 17 ans, partir seule pour ce pays dont elle ignore tout, où elle s’offre comme épouse au roi Autharis. Pendant plus de vingt ans, elle va exercer une influence considérable sur l’évolution de l’Italie. D’une main de fer, elle soumet les petits chefs lombards, toujours indisciplinés et prêts à se tailler des fiefs par la violence. Elle les incite à respecter le christianisme et devient la correspondante et la complice du pape Grégoire (dit Grégoire le Grand). La sépulture de Théolinda se trouve toujours à Monza et elle a par ailleurs été canonisée par l’Église catholique.
Cassiodore, Théolinda, Grégoire : dans un monde chaotique, ces personnages s’efforcent de jeter les bases spirituelles, intellectuelles, politiques d’une société nouvelle, où s’esquissent déjà les contours de notre Europe.
Revue de presse :
- "Taillandier a amassé une somme impressionnante d’informations, qu’il brasse et restitue, dans une perspective géopolitique et spirituelle. A la fin du livre, en 630, Mahomet entre à La Mecque et impose le culte d’Allah. Peut-être le volume suivant nous transportera-t-il en Orient ?" Livres Hebdo
- "Un récit historique élégamment narré" Le Magazine Littéraire
- "Servi par une écriture automnale, dont la mélancolie sourd de la seule musique, François Taillandier met en scène leurs tâtonnements dans les soubresauts d’un monde devenu chaotique. Le miracle est qu’à l’heure où l’autofiction, l’insignifiance marquent une grande partie de notre production littéraire, il parvient à faire de leurs débats intérieurs, de leurs déchirements intimes, l’essentiel de sa trame romanesque sans rien perdre de la tension dramatique." Le Figaro Histoire
- "Il restitue avec grâce l’angoisse d’un monde entre deux rives - le nôtre ? On attend la suite. Avec impatience." L’Express