Alexis Gloaguen, poète et professeur de philosophie, après avoir passé plusieurs années à Saint-Pierre et Miquelon, vient d’effectuer l’hiver dernier un séjour de 4 mois en résidence d’écrivain au sémaphore du Créac’h à Ouessant. La « chambre de veille » est le petit joyau qu’il nous livre après cette expérience d’écriture face à l’océan, au vent, au granite, à la lande, et sous le balayage des rayons du grand phare. Un passage « du sémaphorique au métaphorique » comme il l’écrit avec humour et délicatesse.
Isolé dans sa chambre de veille, l’écrivain regarde vers le large : « L’ouest est toujours l’horizon d’où interroger l’énigme, à l’orée du murmure du pays des morts ».
Ecrire une île, écrire la mer, est pourtant une gageure : « Pour rendre la brutalité des émulsions de la mer, il faudrait un nouveau langage. » C’est ce langage qu’Alexis Gloaguen nous invite à partager avec générosité. Peu à peu, on se laisse porter par l’écriture, empreinte d’une certaine nostalgie, comme celle des marins revenus sur l’île : « ils gardaient ce regard particulier, moins absent que dénué de point focal »…
Un texte profond, sensible, ouvert sur le monde et sur l’île, et qui deviendra, souhaitons-le, un des « classiques » consacrés à cette île du bout du monde.