Avec Retour à Killybegs, Sorj Chalandon se glisse dans la peau de Tyrone Meehan, un homme qui a trahi, dont il nous conte l’histoire et dont on entend la voix. On voit comment se déroule, sur trois générations, le fil d’une existence, en Irlande du Nord. L’enfance entre un père violent et une mère qui ploie sous le fardeau des naissances et de la misère. Puis la haine des Anglais, très tôt enseignée par le père, qui, un jour, lassé de tout, disparaît. Commence alors l’engagement du jeune Tyrone Meehan dans l’IRA, jusqu’à ce que le héros qu’il était passe de l’autre côté. Est-ce explicable, est-ce admissible ? Ce texte tout de dignité, de violence et de tendresse, laisse ouverte la voie de l’indulgence.
« Maintenant que tout est découvert, ils vont parler à ma place. L’IRA, les Britanniques, ma famille, mes proches, des journalistes que je n’ai même jamais rencontrés. Certains oseront vous expliquer pourquoi et comment j’en suis venu à trahir. Des livres seront peut-être écrits sur moi, et j’enrage. N’écoutez rien de ce qu’ils prétendront. Ne vous fiez pas à mes ennemis, encore moins à mes amis. Détournez-vous de ceux qui diront m’avoir connu. Personne n’a jamais été dans mon ventre, personne. Si je parle aujourd’hui, c’est parce que je suis le seul à pouvoir dire la vérité. Parce qu’après moi, j’espère le silence. »
Killybegs, le 24 décembre 2006
Tyrone Meehan
Note de l’éditeur :
La genèse d’une trahison qui passe par des luttes, des conflits, pas seulement d’un clan à un autre, mais à l’intérieur même d’une famille, d’une amitié, d’une relation amoureuse.
Un très beau roman, fort et bouleversant.
Revue de presse :
- « Retour à Killybegs respire la passion et le désespoir d’un homme qui, un jour, n’a pas eu le choix et s’est enfoncé dans la nuit et dans la honte. L’observation du journaliste et le lyrisme du romancier sont réunis dans ce beau livre éperdu d’amour pour un pays blessé et d’empathie pour ses habitants. »
Telerama
« Retour à Killybegs est un choc. C’est aussi le meilleur roman de Sorj Chalandon, qui n’en est pourtant pas à son coup d’essai. »
François Busnel, le 14/09/2011, L’Express
- « De ce déchirement du cœur, de cette douleur indélébile qui l’accompagnera jusqu’à la fin de ses jours, Sorj a tiré une une œuvre littéraire indélébile elle aussi, qui ne rachète rien de la souffrance qui est la sienne mais qui transcende, comme tout objet d’art, les misères de notre condition trop humaine. »
Interlignes