Cuba, le meilleur de la boxe. Des champions méconnus, éternels amateurs enfermés dans leur île.
Je devais accompagner de jeunes espoirs français partis s’endurcir à Pinar del Río. Chaleur caraïbe, sessions d’entraînement intenses, riz-haricots noirs au menu, dortoir collectif... Le stage s’annonçait rude. Très rude. A trente ans, la fin de carrière approchait. Je le pressentais déjà.
Claquement des gants sur les sacs, cuir contre cuir. Dans la fournaise du gymnase, j’ai remarqué Yoangel. Catégorie poids lourds. Un prodige. Le tempo, la présence, tout ce qui m’avait manqué. Lui, le paysan d’un pueblo perdu, cet esprit ombrageux traversé par l’antique magie de ses ancêtres Yorubas, réussirait-il l’impossible ? Vaincre, vraiment ?
Yoangel Corto ne combattait pas l’adversaire. Il combattait la boxe.
Nourri de Conrad, Hemingway, Cormac McCarthy, David Fauquemberg, lauréat du prix Nicolas-Bouvier, installe ses personnages dans les feux du ring. Leurs corps, leurs mots, leurs actes tentent de défier un monde insensé. Mal tiempo.