« Tu seras un errant parcourant le froid. » Pour la première fois le navigateur Willem Barentsz m’a parlé avec ces mots. La râpe du vent faisait balancer les îlots de glace suspendus à sa barbe. La flamme de la bougie oscillait aussi. Ses lèvres, bien dessinées, semblaient sautiller. Il avait le nez droit, les sourcils salés, le visage légèrement torturé, le teint hâlé du marin. Je me suis toujours plu à croire que les vents guidaient nos parcours : qu’ils sont la cause de nos tourbillons. Ils font tourner la terre et dessinent les mappemondes d’un autre souffle.