De Montréal à Port-au-Prince, la parole roule en échos. Les frontières s’estompent, les voix se confondent dans l’alternance des identités. Figures du pays natal. Violences, splendeurs et rituels du vécu. Épreuves de l’exil. Les paysages se succèdent, l’émotion irrigue le chant pour rejoindre l’enfance, la joie, l’amitié, la tendresse, la révolution. Jacques Roche, je t’écris cette lettre refuse l’oubli. Cette ode à la vie prend sa source dans l’assassinat d’un ami. La préoccupation est d’ordre éthique. « Osons la question : Pourquoi ont-ils tué Jacques Roche ? » Ce livre-hommage est un rappel à la mémoire. Kidnappé le 10 juillet 2005 à Port au- Prince, le corps de Jacques Roche a été retrouvé le 14 juillet 2005. C’est cet acte barbare qui nourrit le poème. Jacques Roche, je t’écris cette lettre retrace un itinéraire de combattant. La poésie reprend ses droits et affronte la mort, comme si la mort était inadmissible. La figure du disparu devient présence essentielle, arbre parmi les arbres pour que le lecteur puisse s’imaginer ce rebelle aux pieds poudrés dont le souffle se propage sur la ville. La poésie sait frapper aux portes de la justice et de la vérité. Surgit au bout des phrases le visage lumineux de Jacques. Il pleut encore sur la ville incendiée Et ton visage est la carte de notre destin Il pleut encore sur la ville inondée Et ton rire est notre cri vermeil Les bourgeons disent comme toi Ils ne savent pas ce que c’est que mourir