À Phoenix, ville champignon artificiellement surgie du désert, Chrétien, vieux tueur à gages malade, cherche celui qui a tiré sur l’homme qu’il était chargé d’abattre. Sayles, un policier d’un certain âge dont la femme est frappée par une maladie non reconnue, enquête sur la tentative de meurtre, ce qui le mène irrésistiblement vers Chrétien. De son côté, Jimmie, un jeune garçon d’à peine dix ans qui vit seul dans la maison où ses parents l’ont abandonné, se met à faire des rêves étranges et violents dont il sait qu’il n’est pas le protagoniste. Ces trois êtres humains que tout sépare — leur âge, leur milieu, leur vie — vont se trouver réunis par les circonstances. Dans cette ville malsaine, aussi malade que les personnages de cette histoire, chacun vit replié sur lui-même, aveuglé par la lumière artificielle des néons, ou errant dans l’obscurité quand se produisent les nombreuses coupures d’électricité, une obscurité qui est aussi celle de la solitude et de la mort. Ce roman baigne dans une atmosphère qui oscille entre le réalisme du roman hard-boiled et une forme d’onirisme poétique propre à James Sallis. Le résultat est un livre fascinant, d’une grande modernité, sur le rapport de l’homme contemporain à la mort et sur la violence qui lui est infligée par l’artificialité croissante du milieu qui l’entoure. Comme souvent chez les grands auteurs américains, on sort de la lecture de ce livre avec l’impression d’avoir visité une autre planète. « Ce qui m’attire dans le roman policier, dit James Sallis, c’est qu’il place toujours les gens dans des situations étranges. »