Long courrier Farid est un jeune beur, fils d’épiciers algériens installés à Paris. Il a fait des études, mais reste marqué par le racisme ordinaire que lui valaient ses cheveux crépus et son teint basané – jusqu’à la discrimination positive, vécue comme une humiliation. Farid est lucide, plein de colère et d’amertume, plein de désir aussi pour les femmes qui le renvoient souvent à sa condition de fils d’immigrés. Deux autres personnages font tour à tour entendre leurs voix : une hôtesse de l’air amoureuse de son corps et des plaisirs simples, et un ingénieur en aéronautique terrorisé par les voyages en avion. Tous trois ont un point en commun : ils sont à bord du même vol long courrier, qui doit connaître un destin particulier… La violence, la lucidité et l’ironie grinçante de Farid, la crudité des aventures érotiques évoquées par l’hôtesse, la précision technique et l’originalité des souvenirs de l’ingénieur forment des motifs qui se complètent et s’enchaînent avec efficacité au fil de leurs monologues. L’écriture est cinglante, pleine de trouvailles, et mêle avec virtuosité les différents registres de langage.