Les Immortelles, ce sont les prostituées de Port-au-Prince. L’une d’elles prend à parti l’inconnu monté la voir au bordel. Apprenant qu’il est écrivain, elle lui propose un marché : contre son corps, écrire l’histoire des putains défuntes, emportées par le séisme sous les décombres de béton. D’une surtout : la petite, la fugueuse Shakira venue sous son aile un jour dans la haine de sa bigote de mère. De la belle et orgueilleuse Shakira toute pénétrée d’une passion dévorante pour Jacques Stephen Alexis, l’immense écrivain qui fait battre le cœur d’Haïti. Shakira la révoltée devenue la plus convoitée des putains de la Grand-Rue. Avec ce roman de feu, qui marie le Ciel et l’Enfer, la transgression par le sexe et la mort atteint à la plus authentique humanité, la plus bouleversante, celle qu’aucune morale ne contrefait. Avec une liberté absolue de ton, Makenzy Orcel prête voix à tout un monde. « La petite. Elle le disait souvent. Les personnages dans les livres ne meurent jamais. Sont les maîtres du temps. »
Le roman Les immortelles est une traversée de la ville de Port-au-Prince après le violent séisme du 12 janvier qui a dévasté Haïti. Une question simple : que sont devenues les immortelles, ces prostituées de la Grand-Rue, qui font métier d’amour, de chair et de désirs ?
Après le séisme, les sauveteurs ont pensé à tout : à l’eau qui manque, aux enfants orphelins, à la terre qui a tremblé et aux gens sous les décombres. Mais qui s’est soucié des putes de la Grand-Rue ?
La petite. Sa mort m’a laissé un grand vide. Je dirais même, un
vide irréparable. Tous ces corps en sandwich, disloqués entre les
masses diffuses de béton armé. Tous ces cris qui appellent Jésus.
C’est la première fois que j’entendais autant de gens appeler
Jésus. Que j’ai vu autant de bras tendre vers le ciel.
L’auteur Makenzy Orcel établit son quartier général à la Grand-Rue. C’est de là qu’il capte les mouvements, la musique et surtout les silences. Les bordels ont disparu. Les putes et les clients avec. Dans cette atmosphère confuse, de multiples voix se déploient : une jeune femme, un écrivain, une mère-maquerelle, des proxénètes. Et on entend clairement la foule des petites gens qui montent la garde autour du sexe et du plaisir.
Un roman singulier, beau et caustique.
Tout est esquisses, silhouettes et épures dans ce temps éphémère et fragmenté de Port-au-Prince. L’auteur porte un éclairage singulier sur ces femmes qui maintiennent le feu sacré du plus vieux métier du monde dans un pays abandonné à lui-même, malgré promesses et illusions.
Revue de presse :
- "une écriture poétique qui flambe haut, très haut" David Fontaine, Le Canard Enchaîné
- "Si ce livre est un tombeau pour une petite morte dans le tremblement de terre, il n’a rien de funèbre. Il décèle la vie, la grande vie, dans des chambres miteuses, sous les décombres de la misère totale de Port-au-Prince. Orcel chemine sur un fil, celui qui sépare Malaparte de Hölderlin, entre le désastre et ce qui y croît." Oriane Jeancourt Galignani Transfuge
- "Les immortelles de Makenzy Orcel (éditions Mémoire d’encrier) est assurément un livre remarquable. Je dis un « livre » car il est difficile de le classer dans un genre précis. Roman ? Poème ? Récit ? C’est tout cela à la fois malgré la sobriété du texte qui nous plonge dans la vie, la survie, de la Grand-Rue, après le séisme du 12 janvier 2010 en Haïti." Montray Kréyol, Ernest Pépin, 28 janvier 2011
- "Par son texte subtil et qui sait se garder des stéréotypes, il reconstruit à l’envers de ce désastre un texte qui se cabre contre le délitement et l’effondrement. Mais il le fait non pas à partir d’une table rase, ou bien du constat enfantin de la malédiction, mais bien depuis l’intériorité de ses personnages, éperdus d’amour et de désir de vivre, et qui résistent, décidément insoumis, à l’emprise de la mort." Yves Chelma, Cultures Sud, 2011
Lire des interviews de Makenzy Orcel :
- "Rencontre avec un écrivain qui a décidé de tout transformer par la poésie". Cyberpress.ca, 17 décembre 2010
- Rencontre avec Rodney Saint-Éloi et Makenzy Orcel sur le site France-Antilles, 27 janvier 2011.