Les eaux territoriales « Tant d’événements de L’Oeuvre des mers jalonnent cette rue de la Butte qu’elle en constitue pour ainsi dire l’épine dorsale. Descendant vers le centre-ville, j’avais l’impression d’aller à leur rencontre, je voyais s’avancer vers moi tous ces êtres qui en gravissent la pente. » Saint-Pierre-et-Miquelon : un pays de naufrages, de neige et de brouillard. Le narrateur des Eaux territoriales est confronté à un étrange paradoxe : il reconnaît de moins en moins son archipel natal, celui-là même qui est au coeur de son livre majeur, L’Oeuvre des mers, lequel en récapitule l’histoire. Il lui faut alors en revisiter certains épisodes, et réinventer l’un de ses protagonistes, Monsieur, l’instituteur qui se prenait pour Jacques Cartier, en lui attribuant un journal posthume. De la genèse de cette oeuvre devenue fertile en souvenirs et en émotions, émerge peu à peu un nouveau récit aux voix multiples, une nouvelle représentation du microcosme de son enfance aujourd’hui menacé, que seule la littérature est en mesure de restituer. L’oeuvre des mers En 1956, un jeune garçon de quatorze ans doit quitter son archipel natal, Saint-Pierre-et-Miquelon, territoire d’outre-mer de 242 km2, au large du Canada. Des années plus tard, ce grand départ s’est transformé en exil et le pousse à entreprendre un projet ambitieux : traverser mentalement l’Atlantique, suivre les méandres de sa mémoire pour raconter ce pays de naufrages, de neige et de brouillard, et trouver dans l’écriture les reliefs oubliés de son univers. Foisonnant de personnages aux curieux destins, drôles ou pathétiques son récit est la perpétuelle « représentation » de ce microcosme sur la scène des îles et de son emblématique théâtre paroissial, L’Œuvre-des-Mers. Roman de la mémoire collective et individuelle, L’Œuvre des mers réconcilie deux traditions littéraires : la prise en charge du monde et l’invention de soi.