A la Havane, une petite fille aux cheveux crépus négocie le difficile tournant de l’enfance à l’adolescence, dans une famille condamnée à la cohabitation par les conditions sociales du pays : un père officier de toutes les guerres de la Révolution, une mère argentine droguée au tango, une tante amateur d’opéra, un oncle masseur et une grand-mère gardienne de la morale. L’enfant va peu à peu découvrir que tout le fragile édifice familial ne tient que sur le mensonge, à commencer par ses origines à elle.
Celle qu’on a surnommée P’tit Mec fuit la famille pour les amis de son âge, fréquente les fêtes des années 80, les débats où l’on refait le monde, et goûte à la drogue, loin de l’apocalypse annoncée du système politique. Également étrangère à cet univers, tout aussi faux que celui de sa famille, l’adolescente cherche sa voie dans la solitude et le silence.
Traduit de l’espagnol par François Gaudry
Revue de presse
« Son écriture est nerveuse, maigre, elliptique. Un écrivain est né. Stop. Félicitations. Stop. Attendons la suite sans crainte ni tremblement. » François Kasbi, Le Figaro littéraire.
« Tropique des silences décrit bien l’univers de l’enfance. Petite fille qui se réfugiera dans le silence et la solitude parce qu’on ne lui a pas donné envie de devenir adulte. Le roman ne manque aucune scène importante. Tout est juste. La chute du toit de l’école, la perte de la virginité, les soirées cubaines, l’aveu du père, l’apprentissage de l’écriture. Karla Suarez parle bien de l’entre-deux. Quand tout pourrait être possible mais quand rien ne l’est vraiment. Et ce roman, qui devrait être sombre tant il brosse le portrait d’une adolescente en non-devenir, réussit à faire souffler le vent de l’ailleurs. On y voit, non pas encore tout à fait la victoire de la vie, mais la manière dont l’idée de la mort a été repoussée. » Marie-Laure Delorme, Journal du dimanche.
« Beaucoup d’échos autobiographiques dans ce premier roman sensible où une femme de 30 ans, seule avec son chat à la Havane, conte son enfance et sa jeunesse. Dans la maison, il y a eu son père, militaire ; sa mère, une Argentine qui a fini par retourner au pays, son oncle, sa tante, et ses amis. La maison est seule. La femme écoute de la musique fort, car « monter le son est la solution du désir », puis s’enfonce dans le silence, inviolable et immobile comme une île à la dérive. » Liberation.
« On rit beaucoup dans ce premier roman de Karla Suarez. (…) La plume est directe, le regard lucide. En filigrane de la vie de la narratrice, s’esquisse une fresque de la société cubaine des trois dernières décennies : l’euphorie des années 70, le divorce entre les procastristes et les traîtres réfugiés à Miami, la guerre d’Angola, l’écroulement du bloc de l’Est qui précède inévitablement celui de l’île, l’angoisse des jeunes Cubains face au monde occidental « nous sommes des pigeons le bec ouvert, parce que nous n’avons jamais eu à chercher de brindilles pour faire le nid ». Un livre attachant pour lequel son auteur a reçu en Espagne le Prix du premier roman. » Alexie Lorca, Lire.