Texte de James Crumley

« Celui qui a déjà passé son temps à rouler sans but à travers les montagnes de l’Ouest connaît cette illusion de liberté, cette délicieuse liberté du cow-boy, du vagabond à cheval, du bandit armé, tous ces héros dégingandés des écrans de cinéma de notre enfance. Quelque part, tout près d’ici, de grands chevaux attendent d’être domptés, mais jamais soumis, des petits durs de la gâchette attendent d’être vaincus, et peut-être, si on arrive au bon moment, Mona Freeman attend qu’on l’embrasse tendrement, rien qu’une fois, avant qu’on ne disparaisse à cheval dans un coucher de soleil hollywoodien.
Évidemment, on sait bien que ce n’est pas du tout comme ca. La route, c’est surtout des ivrognes et des étrangers, des conversations que vous ne vouliez pas avoir, et se retrouver seul, couché dans un lit inconnu dans un motel miteux, incapable de fermer l’œil, pendant que de l’autre côté du mur en pierres sèches un homme et une femme hurlent leur solitude jusqu’au fond des draps.

Mais quand vous êtes enfermé dans votre voiture, avec uniquement des kilomètres et des kilomètres de montagnes et des kilomètres de route rectiligne devant vous, vous ne pouvez pas vous empêcher de croire que vous êtes redevenu un homme libre et meilleur. Et les ex-épouses, les enfants perdus et les vilaines dettes qui vous attendent à la maison, vous pouvez tous les laisser derrière vous et ce ruban de route qui vous fouette le visage comme un vent d’asphalte.

Du moins, c’est ce que j’ai toujours ressenti. »

Saint-Malo est l’un des plus ravissants endroits du monde, c’est un constant plaisir des yeux, le cadre idéal pour le Festival EtonnantsVoyageurs. Et ce festival est une manifestation stupéfiante - on y voit des foules de gens s’intéressant à toutes sortes de genres littéraires, on y mange bien, on y retrouve des amis du monde entier, on y assiste à des débats et à des films intéressants, on y entend chanter des enfants, on y côtoie les personnes merveilleuses qui prodiguent leur temps et leur énergie pour permettre à cet événement d’exister.

En plus de quoi Saint-Malo est l’une des villes les plus accueillantes que nous ayons visitées, ma femme et moi. Nous avons passé beaucoup de notre temps libre à l’explorer, suffisamment même pour devenir des habitués de notre brasserie favorite et pour rester en contact avec des gens du coin. À vrai dire, nous aimons tant Saint-Malo que nous espérons y passer bientôt un mois d’hiver à visiter les lieux. C’est un peu un second chez nous. Je suis très honoré d’avoir été invité à revenir. Merci.

James Crumley
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Béatrice Vierne