Pourquoi notre pays a-t-il plongé dans ce maelström régressif, animé par une pensée néo-réactionnaire et décliniste, suscitant la peur devant l’Étranger, l’immigré ou le réfugié, déversant ses imprécations contre l’Europe et la « mondialisation » ? Comment éclairer la montée en puissance inexorable du FN, le nationalisme, la passion de l’entre-soi et de la communauté ethnique ? Après La Fracture coloniale (2005) et Ruptures postcoloniales (2010), un nouveau point d’étape informé et offensif.
En 2005, les auteurs de cet ouvrage publiaient La Fracture coloniale, juste avant la révolte dans les banlieues. Dix ans après, l’espoir d’une évolution positive s’est effondré. Dès lors s’est imposée la nécessité de faire le bilan des crises identitaires et sociales qui traversent la France de toute part.
Pourquoi ce pays a-t-il plongé dans ce maelström régressif, animé par une pensée néo-réactionnaire se délectant du déclinisme, suscitant la peur devant l’Étranger, l’immigré ou le réfugié, déversant ses imprécations contre l’Europe et la « mondialisation » ? Comment éclairer la montée en puissance inexorable du Front national, ravivant les sentiments nationalistes, la passion de l’entre-soi et de la communauté ethnique ? Pourquoi relève-t-on partout le sentiment d’une urgence au ressourcement identitaire ?
Les racines de cette situation postcoloniale n’ont pas changé et aucune leçon n’a été véritablement tirée des événements de 2005. Bien au contraire. De la faillite de notre modèle d’intégration aux atermoiements de la politique de la Ville ; de l’ethnicisation des territoires aux désastres de la lutte contre les discriminations ; de l’enkystement du chômage dans les quartiers et les outremers à la fragilisation des classes moyennes ; des thèses délirantes sur le « grand remplacement » à la haine de l’Islam ; des crispations communautaires au ressac de l’antisémitisme ; de notre impossibilité d’affronter le passé colonial aux expéditions aventureuses dans nos anciennes colonies, cet ouvrage, réunissant les meilleurs spécialistes sur ces questions, entend faire le bilan des crises et crispations qui obscurcissent tout l’horizon. Autant d’analyses qui questionnent le renfermement identitaire pour lutter contre les obscurantismes de tout bord.
Pascal Blanchard, historien, est chercheur au CNRS au Laboratoire communication et politique. Il est spécialiste du « fait colonial » et de l’histoire des immigrations en France. Nicolas Bancel, historien, est professeur à l’université de Lausanne. Il travaille sur l’histoire coloniale et postcoloniale, l’histoire du sport et des mouvements de jeunesse. Dominic Thomas, directeur du département d’études françaises et francophones de l’université de Californie à Los Angeles, est spécialiste des politiques d’échanges culturels entre l’Afrique et la France et des questions d’immigration et de racisme en Europe.
Ils ont notamment publié à La Découverte : La Fracture coloniale (2005) ; Ruptures postcoloniales (2010) ; La France noire (2011) ; Zoos humains et exhibitions coloniales (2011) ; La France arabo-orientale (2013) ; Noirs d’encre (2013) ; Le Grand Repli (2015).
Les auteurs : Sylvain Crépon, Emmanuel Debono, Renaud Dely, Éric Fassin, Piero Galloro, Yvan Gastaut, Alec Hargreaves, Alexis Jenni, Raphaël Liogier, Nicolas Lebourg, Alain Mabanckou, Nonna Mayer, Florence Rochefort, Claire Rodier, Alain Ruscio.
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